iUA^ Ra2.3 dont j'ai parlé , efi: plui ordinaire que biead'autres mouy.emens, parce qu'ila des mufcîes plus forts que lis autres doigts, Les mufcles du tronc, c'ei1:-à-dire du clos, de la poitrine , ^^ bas-ventr.e, font également agités, & l'on voit très- ordinairement la poitrine & les mufc'es du bas - ventre fe mouvoir avec une grande célérité & le tronc foulevc , tourné , courbé , par leurs ditFérens mouvemens : d'autres fois tous ceux qui meuvent le tronc fe roidiflant dans ' le niême infrant , le malade fe trouve dans un véritable tétanos; Il la conVul- fion attaque ceux qui fléchiiTent, on voit naître un enipioftotonos , & un' A 4 s DE l'Epilepsie. opiftotonos fi ceux qui lerenverfent font feuls convujfcs. Tous ces mouvemens fe iiiccédent quelquefois dans le même accèsjd'autres fois on ne les obierve que dans tîes accès difierens. Les mufcles des cuiiTes, des jambes & des pieds font dans le même cas & éprouvent de fortes con- vulfîons j fi l'on n'apperqoit pas ordinai- rement ceux des doigts des pieds chez les adultes qui les ont couverts , on n'en eft pas moins fur de leur exiftence , puiC qu'on les voit très forts chez les petits cnfansqui ont ordinairement ces parties nues, & qui offrent mieux que les adul- tes quelques parties du fpedacle d'uil accès , parce qu'on a leui corps tout en- tier fous les yeux j j'ai vu les doigts des pieds s'écarter les uns des autres fi éton- namment qu'ils paroiifoient allongés du double j quelquefois le pied fe courbe fi prodigieufement que le bout du gros doigt elt porté prefque fous le talon (^) j & en général 1 adion des mufcles eft fi (p) Ce font les fortes ccnvuifions des jam- bes jointes à cette efpece de géinifTement qu'on remarque pendant l'accè' qui ont occa- Êonné la comparaifon d'ARExÉE, E duite parles épanchemens & guérie par le trépan. L'épilepfie, par rapport au cerveau, eft donc une adion tro-p forte des efprits animaux moteurs, & un empê:]^-^menttr>rilà l'adion des efprits animaux fentans j ou bien il y a une adlion trop forte & irréguliere dans les artères nerveufes, une fufpenfion d'adiondans les veines correfpondaii- tes. Une forte convulfion du cerveau, ou au moins de cette partie du cer- veau qu'on appelle le [enforinm corn- ,wtme, qui eft celle d'où partent tous Içs nerfs, peut p.oduire cet effet,* la B 26 D £ L' E P I L E P s I E. plus OU moins grande durée, force & étendue delà convu'.iion & ia plus ou moins grande aptitude des ditrérens mufcks à être convuliés, "ce qui dépend de leur plusou moins grande irritabilité, produifent toutes les variétés de Paccès. § 7. Pour produire l'épilepfie, il faut donc nécelfairement deux chofesj i^. une difpofition du cerveau à entrer en contradion plus aifément qu'en fanté ; 2°. une caufe d'irritation qui mette en action cette difpofition. La première de ces conditions, la dif- pofition du cerveau, c(t ce qu'on appelle caufe ;)feW/po;a«ff, ou dans les écoles, frG??z/wfMfi la féconde eft ta caufe dé- terinwante ou procatartiqut. Peut-être le cerveau de tous les •hommes eft fufceptibie d'acquérir cette dii'pofition, qui mife enfuite en jeu, produit le paroxifmej mais elle n'exiftc que chez un aifez petit nombre , & tous ne l'acquièrent pas avec la même faci- lité. Chez ceux, chez qui elle exifte, ^lle tft, ou héréditaire, dit Mr. BoER- HAAVE, ouconnée, c'efl>à-dire acquife dans le ventre de leur mère par une fuite de frayeur (e). ie)Aphor. 107 c. D E l' E P I L E ? s I E. 27 §. 8- L'o.n ne peut pas nier Théré- dité de quelques maladies i elle n'ell que trop conllntée pour la goutte , pour les maladies fcrophuleufes , quel- quefois pour les maux de poitrine. Se j'ai été confulté pour le quinzième en- fant d'un père mort écique , dont les quatorze aines étoient morts de cette maladie entre Page de quatorze & dix- huit ans; il elt poffible que répilepfie foii héréditaire; la foiblelfe du genre nerveux s'hérite, & cette hérédité ne contribue pas peu à la rendre plus fré- quente : on lit dans un ouvrage publié comme leçons de Mr. Boerhaave , qu'il vit mourir épileptiques tous les? enfans d'un père qui l'étoit /), & Zacutus LusiTANUs avoit déjà connu un père épileptique , dont hu.t fils & trois petits fils le furent cruelle- ment jufques à leur mort, & dont il ne fiuva un arrière petit- fils qui l'étoit aulii que par le moyen du cautère ; il ert vrai que cette obfervation chez lin auteur fort épris du merveilleux, n'elt pas extrêmement concluante (^)i (/) Praxis medica ^ Tom. ç. pag. 30. iç) Liv. J. Obferv. })• . B 2 28 DE l'Epi LEPsiE. mais quand l'épileplle feroit quelque- fois hci-édiwire , comme il te paroiC, il ne faut point croire que ce foit une he- rtàiré inaliénable : Pechlin a deja remarqué qu'on voyoit des femmes cruellement tourmentées par cette ma- ladie, dont les enfans en étoicni abio- jument exempts , & je c£>nnois beau- coup d'enfans nés de pères ou de mères qui en font atteints , qui n'en ont i'amais eu aucun refTentiment -, j'ai ioi- -gné louvent dans différentes maladies , ii hllc d'un père atti^qué de cette mala- die dès long-tems avant fon mariage , & qu'elle tua quelques années après , chez qui je n'ai jamais vu, même la plus légère convulfion -, mais je n'en i"u=.s pas moins perfuadé , comme ^Mr. BoERHAAVE, que par plufieurs raifons ceuv qui on- le malheur d'y être lujets, devroient fe faire un devoir de vivre dans le célibat. §. 9. Par rapport à l'épileplie connee , a-imife par Mr. Boerhaave & par tous ceux qui admettent les influences de Vimagiiidtion des femmes enceintes fur \eurs enfans, j'avoue que je' ne puis çuint la comprendre, & que je crois en D Ë L' E P I L E P s 1 E. 29 voir trop clairement rimpoffibilité pour pouvoir l'admettre. La communication qu'il y a entre la mère & Fenfanc n'eft point autri in- time que l'imaginent ceux qui igno- rent comment elle fe fait; elle eft mê- nie moins étroite que celle qu'il y a entre la terre & la plante qu'elle nour- rit , puifqu'il y a un corps étranger interpofé entre la mère & l'enfant i c'eft le placenta ou l'arriére ùix , qui tire fa nourriture de la matrice par des vaifleaux qui n'ont aucune communica- tion avec ceux de l'enfant , & celui-ci tire la Tienne de l'arriere-faix par de petits vaiiTeaux qui la pompent exacte- ment comme les racines de la plante : l'on voit par-là qu'il \^y a pas plus de liaifon entre l'utérus & l'enfant, qu'en- tre l'arrofoir qui fournit l'eau à im vafe & l'arbrillVau qui croît dans ce vafe ; il n'y a poitit de vailfeaux ni de Rcrfs communs j il n'y a même aucun neif dans tout le placenta ; il n'y a point par-là même de moyen d'adîon ^mmédiare de la mère fur l'enfant ; il n'y a donc point d'inBucnce. U^'if^nC ne peut fouffrir de la part de fa merc que de trois faqons. r. Méchanuiue- B 3 30 D E l' E r I L E P s I E. ment, Ci elle fe donne un coup, fi elle hn une chute, fi elle eft comprimée, alors il efl certain qu'il fouffrira ce que fouifriroiL un vafe qui feroit dans un' fac mol , fi ce fac recevoit des coups. 2°. De la corruption des humeurs de la merci fi elle n'a qu'un fang pau- vre & gâté à fournir au placenta , ce- lui-ci n'eft plus qu'une mauvaife terre imprégnée de fucs nuifibles, incapables de nourrir une belle plante ; ainû l'enfant , ou mourra , ou languira i apportera une fanté foible, chancelante & une grande difpofition à toutes les maladies. 3°. Par la violente contrac- tion de l'utérus i cet organe a fes fibres charnues, il eft par-là même fufceptible de fpafmes , il en éprouve fouvent, & fi la contradion eft très-forte pendant la groflefle , elle peut ou détacher le placenta , & c'eft une des caufes les plus fréquentes des faufTes couches, ou, ce qui eft plus difficile , comprimer Fenfant au point de l'endommager , peut-être même de le tuer : mais on voit qu'aucune de ces façons d'agir ne reffemble à celle qu'admettent les parti- fans de l'opinion que je rejette, & qui g été combattue fort en détail & avec DE l'EpîLEPSIE. 31 une force vidorieufe par plufieurs au» très médecins (h). Mr. V^AN S\viETEî4 allègue en faveur des épileplîes connées (/) «ne obfervation tirée de Fabrice ^(? Hilden, mais qui me paroic bien éloi- gnée d'ècre concluante i une jeune fem- ( h ^ Dt(ferfntion phi/J^que fur la force de VimaqvAution des femmes , traduire de Tan- glois de Mr. Rlondel , 8° Leyde i7n Let- tres far le pcuvoir de rimagination desferri' mes enccmtes, 12 Paris 174c. Ce petit ou- vrage fenfé & bien écrit , eft fans nom d'au- teur ; mais je vois dans la France littéraire ,, qu'on l'attribue à iVl Ifaac Bellet, mé- decin de Bojrdeaux. J. G. RoEDERER, Dijfcrtatio pro qttcejiione ab Acadcnna Fe- tropoiitana propqfita. L'académie de Péters- bourg avoit propofé eh I7v6, d'expliquer comment l'imagination de la merc agiiToit for l'enfant; Mr. Kkause , médecin de Leipfick, rerdut cette queftion & eut le prix; Mr. RoEDEREK prouva qu'elfe rouloit fur un fait impuiCble, & ne fut point cou- ronné. Mr. de Haller, qui dans fes premicr& ouvrages, avait admis le fyftéme commun, ^ cru aux envies , a fait voir depuis lors qu'elles étoient une chimère. Ci)§ 107c. T. 3. p. 4.o(;. B4 32 DE l'EpILEPSIE. me, très bien portante, fut extrême- ment effrayée dans la première grof- felîc par un homme qui tomba épi- leptique à Tes pieds , & au bout de quel- ques mois , elle accoucha d'un enfant, qui, peu de tems après fa naidance, fut attaqué d'accès épileptiques , qui fe re- produifant malgré tous les remèdes, l'emportèrent avant l'âge d'un an. Si la vue de cet épilcptique avoit procu- ré un accès d'épilepfie à !a mère, s'il lui avoit occalionné une faufle couche, ou d'"autres accidens aulîî graves, il r.'auroit pas été douteux qu'ils dcpen- dilfcnt de la frayeur qu'elle avait eue} une frayeur produit tous les jours cet etfet chez ceux qui l'éprouvent; mais qu'elle ait produit l'épilepfie de l'en- fant , voilà non feulement ce qu'on n'expliquera pas, mais ce qui ne peut pas être; & malheureufement il a péri par répiiepûe tant d'enfans, dont les mères étoient très -faines, dont les frères & fœurs n^çn ont jamais eu d'at- taque, qu'il n'eft point nécciTaire de recourir à la frayeur de la mère pour expliquer ce faits & l'oa voit par tout cet article que les épilepfies font très-ra- rement héréditaires & connées, mais DE l'Epilepsie, 33 plus ordinairement acquifes après la. naifFance. §. lO. La facilité à l'acquérir, varie beaucoup, fuivant l'âge, le tempéra- ment , le fexe. Les enfans font d'autant plus fufcep- tibles de cette maladie , qu'ils font plus jeunes , & c'efl; dans ce feul feus qu'on pourroit dire qu'elle leur eft connée. Les nerfs, à cet âge, font très-mobiles; la plus légère caufe les agite contîdéra- blement, & les mufcles font très irri- tables : ainfi l'épilepfie doit naître très- aifément. L'irritation du méconium qui n'a pasétéaifez évacué, ceile que produit un peu d'acide dans l'eftomac ou dans l,es inteftins, des matières glaireufes, qui gênent la refpiration, des ligatu- res trop fortes , une humeur acre, qui hc fe dépofe qu'incomplettement fur la peau, comme l'humeur des croûtes de Iciit ou de la teigne, enfuite les dents, les vers, &c.,- jettent ces petites créa- tures dans des accès d'épilepfie les plus forts & les plus fréquentsi pendant que des caufes irritantes bien plus ac- tives, ne produlfent point le même eifet chez les,adultes, piarçe-^que l'âge. 34 DE l'Epilepsie. en donnant de la confiftancs au genre nerveiîx, diminue cette faciUré à fe convulfer, qui fait le caractère de l'en- fance. Mr. vaN Swieten a très-bien re- marqué qu'un accès de colère, qui ne paroit produire aucune altération fen- fible chez la nourrice, altère cependant aflez fon lait, pour que l'enFanÊ qui l'al- laite tombe dans de violentes convul- fîons dès qu'il l'a avalé (^'). Au bout de quelques années, les. changemens que l'âge feul opère au- ront aîFermi les nerfs de l'enfant, ils feront devenus prefqu'inébranlables j & fi quelque maladie a aifoibli ceux de la nourrice, la même imprefîîon , qui jettera celle-ci dans des convuîfions, n'occafionnera peut-être pas même un moiivement de crainte à fon nour- riflbni aulîi il ne faut point craindre pour la fuite ks attaques d'épilepfie que les enfans éprouvent les premiers mois, & même la première année de leur vie ; la caufe prédirpofaute de l'é- pilepfie pxifte bien alors dans leur cer- veau, mais elle eft telle que chaq^ue (*)i 1074» T. j.jr. 405;» DE l'Epi LE PS lE. 3f puï la diminuera, & qu'elle fe détruira d'elle-même abfolument; je vois tous les jours un nombre de jeunes gens jouiffant d'une bonne fanté, & n'ayant aucune maladie de nerf, à qui j'ai vu plufieurs accès d'ép-iieplie dans les pre- miers mois de leur vie. Mais fi, après la première année, les accès conti- nuent, s'ils fe reproduilènt fouvent & pour de légères caufes, s'ils paroilTent accabler l'enfant, s'il y a quelque par- tie qui, dans tous les accès, paroiiic plus conftammenr afFedée, s'il refte dans la phyfionomie quelque cholè d'étonné, fi les facultés ne fe dévelop- pent.pas autant qu'on devoit l'efpérer, alors il eft à craindre que le mal ne fe perpétue; j'ai vu plufieurs enfans épt- leptiques, de huit ou dix ans, dont le mal avoicexadement fuivi cette mar- che ; auifi des que je vois un petit enfant dans ce cas , je donne la plus grande at- tention à fon état, & avec quelques lemedes, & fur tout beaucoup d'atten- tions de régime, j'en ai préfervé un grand nombre du trille avenir qui pa- . xoiiToit les attendre. % II. Le tempérament & le fexevtJ- rient auffi beaucoup r,iptiinde à Npr # ^6 t>E l'Epilepsis. leppe, Ç\ l'on veut me paiTer ce terme î il y a des perfonnes fortes, robi^es, dont le genre nerveux n'a aucune mobilité & ne s'altère point par les impreiîions, dont les mufcies fermes & denfes ne font prcfqiie pas convul- fibles , qui ne font prefque pas Tuf- ceptibles de cette crtelle ma'adie,à moins que quelques caufes méchani- ques ne failent une irritation fur leur cerveau même, comme dans les cas joù une ph.ie à la tète jette dans des accès d'épilepfie le grenadier le plus intrépide; ces gens-là n'ont que bien peu de ilifpofition à devenir épilepti- ques', il faut une caufe bien forte pour les rendre tels, tandis que d'antres, foibîe", délicats, dont la conftitution fe rapproche de celle de l'enfance, dont les nerfs mobiles prennent aifé- ment de faux mouvemens, dont les mufcies font très - irritables ,: font jettes dans cette maladie par des caufes alîez légères. 11 efl, vrai que quand les pre- miers en font attaqués, elle ert airoce, &je n'ai point vu de fpcâacle aulii ef- fr yant en ce genre , que celui de;; accès d'un des hommes les plus robuftes que j'aie connu, qui s'étoit attiré cette m^ DE l' E P I L E r S I E. 37 ladie à l'âge de trente ans, à force de boire des liqueurs : je fus témoin do^ deux accès qui fe fijccéderent dans l'ef- pace d'une heure , & j'aurois craint d'en voir un troilleme. §. 12. La différence du fexe peut ren- trer dans celle des tempéramens : celui des femmes eft en général plus foible, plus mobile que celui des hommes > & je me fuis aiiuré par ma propre pra- tique , que le nombre des femmes épi- leptiques eft plus confidérable que ce- lui des hommes; mais cela n'eft pas vrai dans les premiers mois de la vie , & je crois qu'à cet âge , il y a, fur un nombre égal de part & d'autre, autant de petits garqons épileptiques que de filles, parce qu'alors, les différences de tempérament, qui caradérifent les deux fexes, font bien moins marquées que dans un âge plus avancé , qU'jnd elles ont été augmentées par la diffé- rence de l'éducation , qui devient très- fenfible dès la première année , & qui va ch H] le année en augmentant ; auiïi je fuis convaincu que la différence entre le nonbre des. malades épileptiques de Vun ,•<: deraut^iJ:,fc^,e, fe;^t^d^ve vraie Mèsi'àg^e^de fept ans. 38 DE l'Ep I LEP SIE. §. 13. Quoique tous les hommes puilîent , fans doute, devenir épiiepti- ques , s'ils fe trouvent expofés à l'ac- tion d'une caufe aiîez forte pour don- ner à leur cerveau cette difpofition qlie j'ai appellée caufe prédifpofante , il y en a peu , comme je l'ai dit, chez qui elle exilte; mais malheureufement , quand elle a été formée, elle fe détruit diffici- lement, & la plus petite caufe fuffii pour la mettre en jeu. La perfonne la mieux organiféé aura été expoiée fou- vent , fans en reiîentir aucun mauvais effet , à des imprelîions dont je parlerai dans la fuite, & qui ont fouvent fait naître l'épilepfie chez d'autres i enfin une nouvelle intprefîion ou plus forte par elle-même, ou plus forte par rap- port à lui ( car il eft important de faire cette diiiérence) , lui donne un premier accès d'épilepfie : dès ce moment, ce cerveau, fi bien conftitué auparavant, a acquis cette Funeite difpofition j & dé- formais la plus légère cauf? , les'imprefl fions les plus foibles , que le^maladé n'auroit pas même apperçii auparavant, vont renouvelîer tous \cs jours les ac- cès. Mr. v'an SwiETÊKa vu tjn enfant û fort ei&ayé psr. un grand chren -qui DE l' E P I L E P S I E. 33^ lui fauta delTus , qu'il prit fur le cham^ un accès d'épilepfie , qui fe renouvel- loit. dans la fuite toutes les fois qu'il voyoit ou qu'il entendoit aboyer un grand chien (/) ; & le même obferva^ tcur vit une jeune fille de dix ans y très- faine , & née de pareus très-fains, qui ayant été chatouillée vivement fous la plante des pieds , par quelques-unes de les compagnes , pendant que d'autres îa tenoient, pour qu'elle ne pût pas fe fouftraire à ce badinage , prit fur le champ une véritable attaque d'épilep» fie , qui fe reproduifoit enfuite très- airémentj la fimple menace de la cha- touiller , la plus légère colère , une peur, un peu trop de tenfion d'efprit , rame- noient dans le moment ua accès (jn), Mr. RoBiNsON , célèbre Médecin Aii- glois , avoit déjà fait ,- plus de vingt ans auparavant , une obferyation parfaite^ ment femblable , mais {>lus facheufe , puifque la jeune perfonne rpoùriit fur le champ dans le premier accès («)► il) § 107c. T. î. p. 41Ç. i^tii) Ibii. §. 1074 p- 4.02. (n) A Newfyjîem of the Jjpicen vapoitrr^ &c. Load. 1729, p. 148. .h 40 DE L'Ep I LE ? SI E. J'ai été confulté, au mois d'Odobrc 1769, par un maçon qui, voyageant de nuit , il y a quatre ans, dans le tems où tout le peuple de l'Europe s'occupoit de la fameufe hyène du Gevaudan , ren- contra un gros chien qui couroit dans un rentier étroit ; il Ce crut faîll par cet animal, arriva tremblant chez lui, Si eut le lendemain i:n accès terrible d'é- pileplie , q.ui depuis lors efl revenu plu- lieursfois, & a toujours commencé par une violente crampe dans l'une ou l'autre des mains, qui monte jufqu'à la gorge, redefcend au cœur, & quand elle y eft, lui ôte la connoiirance. Jen'ai point vu d'épilepfie plus fachcufe que celle d'une dame extrèmemeiit aima- ble, qui avoit joui de la plus parfaite fanté jufques à l'âge de vingt-quatre ans; eiFraiée , à cette époque, par le propos infolent & indécent d'un fou , elle eut, deux heures après , un vio- lent accès d'épilepfîci il en' révint trois autres la nuit fuivante ; & quoi qu'on confulta d'abord de très-bons médecins, le mal alla toujours en empirant : ^e!!e n'eut plus un feul jour de libre, ScçWe 3 traîné pendant pludeurs années li^:vie «lu monde la plus trille. DE l' E P 1 L E P S I E. 41 L'on a une multitude crôbfervations femblables, qui fervent à établir , corn- me une vérité démontrée par les taitb , nue la peur eft la caufe la plus ordinaire de cette maladie -, cette raufe agit mê- me lî fortement, que j'ai vu en i?^^ un maqon , âgé de 2i ans , tort ro- buPte, qu'une peur en longe jeta dans cette maladie : il rêva qu'un taureau le pourfuivoit ; ce fonge le réveilla dans une agitation prodigieuie , avec délire i & au bout d'un quart-d heure , il tomba dans une forte attaque d e- pilepfie i je le vis le lendemain matin : il étoit encore agité, & en me récitant fon'état, il prit un fécond accès : il eiv eut , dans la même femame ,^ deUx autres 5 tous furent précèdes & luivis d'un fentiment de frayeur j mais depuis lors il n'en a plus eu. Un exemple en- core plus frappant du pouvoir de la peur, c'ert celui de cette ferrante de ^ LeipHc, dont parle LanGIUS, qui, déliant une courroye nquée de trois nœuds, s'imagina, en dénouant le troi- fit-me , qu'ils étoient peut-être Pouvra- ge d'une forciere -, ce qui fit une U forte impreiîion fur elle, qu'elle tom- ba bientôt dans uii accès d'epiicpUe» 42 DE L'E r I L EFSÏ E. fuivideplufieurs autres, dont Langius la guérit (o). L'impre/TJon que fait la vue d'un épileptique elt fi forte, qu'elle donne îouvent cette mahjdie j. & ces Gbfervarions font fréquentes. Une jeune demoifeile rcgardon deux domeltiques , qui fe coJletoiem pour eflayer leurs forces ; ils tombèrent dans un réfervoir; la frayeur lui occafionna un accès d'épilepfie , que la moindre frayeur renouvel loit (/>). Ces obfervations font bien oppofées à celle que je tiens de la perfonne même qui en a été le fujet: elle entendit par- ler, au commencement de fa grofléffe , à\m pauvre épileptique .j fur le champ elle défira de le voir dans l'accès; l'oc- cafîoii lui procura ce fpedacle i elle le (o") Chr. Joh Langii, Di /"pu fa No de morbo caduco. J';ii vu une thefe fjutenue à Gieffe , en 17] î , de epUepfa à lerrort orta^ dans laquelle ^on trouve le cas d'une pay- fanne de 22 ans, qui, ayant été effrayée la nuit, en gardant les bêtes par un jeune homme déguifé d'une façon hideufe, tomba fur le champ dans des accès d'épilepfie très- violens. (p) Peiroux, Obfervations Medicinaler ,. D E L' E F I L E P s I E. 43 •ontempla avec délices .& fans la moin- dre émotion. p r c ' §. 14. Des cas. femblablesTont (1 tre- ^uens i il ell Ç\ ordinaire de voir un premier accès produit d'abord acciden- tellement , lailTer le germe d'une ma- ladie habituelle , qu'il fcroit fuperflu d'en citer un plus grand nombre d'exem- ples j ceux là fuffilem poui. prouver ^e quand l'irritation communiquée aux nerfs, a été alTez forte pour jetter le cerveau en convuldon , cette pre- mière attaque le laiffe difpofé à rentrer en fuite dans le même état avec facilité ; des milliers de faits le démontrent : mais quel eft ptécifément le changement qui s'ert fait alors dans le cerveau ? en quoi diffère le cerveau qui a acquis cette difpofition , de celui qui ne l'a pas ? Voilà ce que nous ne faurons fans doute jamais. Nous comprenons les convulfîons des mufcles : c'eft leur aclion forte & involontaire , quand les efprits animaux y font portés par l'aclion irréguliere du cerveau j mais nous ne compre- nons point la convullîon du cerveau i & les conjectures qu'on peut faire là-deifus me paroiiTent à moi-même (i 44 DE l'Epilepsie. incertaines , que je crois inutile Je ies hafaider. Article III. Divijion des caiifes cîétervdîuantes, §. r^. Quand une fois la dirpoiicion dans le cerveau exifte , el'e eft mifè en adion par une foule de caules ditfé- rentes , qui font ce que j'ai appelle plus haut, caufes déterminantes ou procatnr- tiques : on peut les divifer en morales & en phyliques. Les morales font les paffîons fortes ou les chocs que l'ame éprouve, & les fortes contenfions de l'efprit , ou les efforts que l'arûe fait dnns un travail foiitenu , ou dnis une longue médi- tation ; efforts dont j'ai fait connoitre les influenc(s funelK. s 'iw !:es neifs dans un autre .ou\rage (q) . rù ^.'on trouvera p'ulieiirs fai s liés à là matière que ie traite ici , mais que je ci ois fu- perflu de rappelîer tous j je me bor- ( q^ D" h Jante des Gent de Lcttrcr. laufdrne , chtz GraJJet ai. Cjmpag l'^Sî* §. ïo. p. 34. &c. DE l' E V I L E P S I E. 45 nerai à un feul, c'eft celui de ce jeune Grammairien donc parle GaLIEN , qui étoic attaqué d'épilepfie toutes les fo^s qu il enfeignoit avec adion , ou qu'il méditoit profondément (r) i & j'ai tous les yeux un mémoire à confuUer d'un homme de vingt huit ans , qui a détruit la fanté la plusrobufte par l'étude & par les débauches , qui ayant eu un premier accès d'épilepfie , il y a deux ans, à la fuite d'un violent chagrin, elt fur qu'elle ie renouvelle toutes les fois qu'il le laifle aller à travailler avec attention après le repas, ou toutes les fois qu'entraîné par fon goût, il fe livre à la verfification. La peur eft fans contredit la caufe qui produit le plus fouvent répilepfie , & celle qui la renouvelle le plus ordi- nairement j mais la colère & le chagrin produifenc auffi le même effet : j'ai vu deux femmes que le chagrin de mariages malheureux a conduit à cette maladie -, & une autre qui, ayant eu une pre- mière attaque après une vivacité dans une couche , il y a quinze ans , en a eu dès lors' trois autres , après trois cha- (r) De lacis ajfecî, L. s- Cap. 6. Chart. T. 7. p. 492. 4^ DE l' E P I L E P S î E. grhis très-vifs : ce-s trois accès oit été très . fortsJ §. i6. Les caufes pliyfiqiies tirent leurs divifions de Tendroit où elles ont leur fiege, & c'ell cette divifion <]ui a donné lieu à celle de l'épilepfie en idiopathique & fympathique. L'idio- parhique eft celle dont la caufe déter- minante rétide dans le cerveau même; îa Tympatliique eit celle qui efl: pro- duite par une irritation , qui , ayant ion llege hors du cerveau, commence par irriter les nerfs dans cette partie j ils tranfmettent cette irritation au cer- veau, & quand el'e y efl parvenue, le mahide tombe dans Taccès. Cette di- viiîon de l'épilepfie en idiopathique & en fympathique a été connue très-an- ciennement j Ton voit déjà dans HiP- POCRAïh , des convuhlons qui atta- quoient finguliérement la tète , & qui avoienc évidemment leur caufe pre- mière dans l'eftomac , puîfque des vo- miffemens bilieux les foulageoient fur Je champ (s). A r e r É E eft pofiiif fur cet article : Chez les uns , dit-i! , le W) Epidemicor, L. 7. Cap. 96. Foes. p. 12}}. DE l' E P I L E P S I E. 47 ûege du mal eft dars la tète ; chez les autres, il commence par des nerfs fort éloignés (t). Galien a indiqué trois différentes épilepfies : le cerveau , dit- il , e(l affedé dans toutes , mais dans la première , la caufe de l'irritation fe produit dans le cerveau même ; dans la féconde, elle vient de l'eltomac ; dans Id. troideme, qui e(l la plus rare, de quelques unes des parties extérieures du corps (îi). AiEXANDRE de Tralles a adopté la divition de Galien (.x), qui a été fuivie eniuite aiîèz généra- lement; mais elle n'eft pas complette , & les obiervateurs ont vu PépilepHe naître de plufieurs autres organes. Les parties de la génération font ce'les qui, après l'eitomac, contribuent le plus fouvent à produire cette maladie , & il n'y en a peut être aucune où elle ne puiife avoir fon liège ; mais pour plus d'ordre , on peut divifer les épi- (f) De cavjîs & Jignis acufor. morb. L. I. C. s P 2. 0/) De lacis affc^is. Lifa. }. Cap. ii. Chartfr t. 7. p 4-41. {x\ Alexandri Tia'liam Atedici Libre duodeciiii Bdfilese , ifS^* !<• I* G» 1$- fi* 6z. &, iuir. J> 4S DE l' E P I L E P S I E. lepfies fympathiques en celles qui ont leur fiege dans quelque partie interne, & Celles qui l'ont dans quelque partie excerne. Article IV. Ves Ej-'ilepfies fytnpathiques , qui ont leur fiege dans quelque partie interne. Ç. 17. Le Hege le plus fréquent des épilepfîes Tympathiques de la première 'clalTe, c'eft l'eftomac : fi Ton fe rappelle que j'ai dit, Ch. 3. §. ii<5& 117^ en faifant l'hiftoire des nerfs, que l'efto- mac eft un des vifceres qui en a le plus , & qu'il les tire de la paire va- gue & de l'intercoftale , qui ont de fi grandes influences fur toute la ma- chine , on comprendra aiiement com- ment l'irritation de l'eftomac produit répileprie}.& li l'on réfléchit combien de eaufes peuvent l'irriter , on ne fera . pas furpris que les épilepfies viennent il fouvent de cette caufe. H i P P o- C R A T K avoit déjà vu & indiqué Ijue l'irritation de l'eftomac pou voit produite cette maladie , qui étoit très- fouvent DE l'Epilepsie. 49 fouvent caufée par une bile noire (y) , & Mr. BoiiRHAAVE confirme Ton ob- fervation par celle d'une Juive , chez qui il obfèrva une épilepûe aiTreufe, produite par cette même bile (z). Gk- LIEN parle par-tout de cette iniiuence de l'eftomac liir le cerveau ; ou voit naître , dit-il, des délires & des convul- sions, quand le principe des nerfs ett aiFeété par un vice de reftomac (a). Il parle ailleurs d'un jeune homme qui avoit de fortes convuKîons , dont il fut délivré des qu'il eût vomi une bile acre {b)f dans un autre endroit , il dit avoir vu des gens qui , par le vice de l'eflomac , prenoient une attaquée d'cpilepfie, s'ils ne digéroient pas bien (c); & en rapportant en détail i'hiil:oire du grammairien , dont j'ai déjà parlé , que la méà tationj jettoit dans l'épilep- iîe , & qui éprouvoit le même accident , (i/) Epidémie,. Lib. 6. Ch. 54. FoES. p. 1201. (2) Praleci. de morb. nervor. p. 44.;. <, a]) Comment, ad Aph. Hippocr. L. 7. Aph, lo. Charter. T. 9. Part. 2. p. 296. ijb) Ibid. L. ç. Aph. i. 19s. (c ) De locis affdï, L, s- Ch. 6. Chartes, T. 7. p. 493. C 50 DE l'Ep I LSF S lE. s'il jeûnoit trop long-tems , on voit évi- demment que le liege de Ton mal étoît dans l'eftoniac j cette obfervatiGn mé- rite bien d'être rapportée toute entière. Un jeune Grammair'en éprouvoit une attaque d'épileplie toutes les fois qu':l penfoit fortement , qu'il enfeignoit avec contenfion , qu'il jeûn<'.it un peu long-tems , ou qu'il fe fachoit. Je foupqcnnni , dit G.\- lien , que l'ouveiture fupérieure de l'eflomac, qui eft une partie fi fen- fible , étoit le liege du mal , & que le cerveau & tous les nerfs étoient „ af^eciés par fympathie. Je lui ordon- „ nrd donc d'employer tous les moyens ,5 qui pcuvcicnt lui procurer une bon- „ ne digcdion , & de prendre toutes „ les trois heures , un peu de pain „ fec, s'il n'avoit p?s foif , & s'il avoit „ fbif, arrcfé d'un peu de vin délayé „(<-/) & légèrement aftringent , qui „ ne porte poùit à la tète & fortifie lé- „ gérement l'eftcmac. Le foulacement 3, qu'il requt en oblervant cette faqon ,5 de vivre , me prouva que na con- „ jedurefurla caufe de Ibu mal étoit DE l'Epilepsie. 5*1 ,j vraie ( e ). Qiim\d Galien fe fut alTiiré, de la caufb du mal , il dirigea ù. cure en conséquence (je la rapporterai plus bas), & il guérit parfaitement fon malade. §. i8. Depuis lui, plufieurs médec'ns ont donné d'antres obfervations d'épi- lepHe , produites par la même caufe. V.A L L E R I o L JL-, médecin d'Avignon, dans le feizieme fiecle , cite l'exemple- d'une femine chez qui un vice de Tef- tomac produifit l'épilepiie la plus vio- lente (/). On trouve dans les Confultes de Fernel (^), l'état d'urîe femme de vingt-trois ans , dont i'épilepiie dépen- doit évidemment de l'eftomac. Fores- tu s rapporte une obferv^.tion fembla- bie (h). L'on trouve, dans un des re- cueils de Théophile Bonnet , celle (e) De lods affciî. L. ç. Chap. 6. Char. TER. T. 7. p. 49Î. (/) Obferv. L. j. Obf. 7.' {g) Conjil. 7._ Oper. omn. p. 66^. On trouve aufli une épilepfie dont la caufe étoic l'eftomac, dans Zacutls Liijïtanus Prax, med. admir. L i. Obf. 21. c^ dans plufieurs autres Obfervateurs ; il feroit trop long & inutile de les recueillir toutes. C/i) Lib. 10. Obf. 64. C Z 5*2 DE l'EpîLEPSIE. d'un, homme de trente ans , dont ^e, mal avoit le même fiege (;)i & WoOD- WART nous a confervé le cas d'un ch'- rurgien fujet à l'épilepne, qui, à la £n de chaque accès , fourfroit de vives dov- leurs d'eftomac, & avoit des vomifTe- mens de bile acre & éciimeure j fi ces vomiffemens n'ayoient pas lieu , il rc- tomboit dans un fécond accès aaiîi vio- lent que le premier {k). ]1 y a des fujets dont l'orifice fupcrieur de l'eftomac eft i\ fenfibje , qu'une bien plus légère cauie peut produire le même mali JMr. Boerkaave enfeignoit à fes difciples que les eaux de Spa , Ç\ ftlutai- res d'ailleurs dans cette maladie , bues en trop grande quantité à la fois , ou bues trop froides , Tavoient fréquem- ment occafionnée (/) ; j'ai vu moi-mê- me plufieurs épileptiques , dont le mal n'étoit jamais reproduit, que quand il s'ctoit formé dans l'eliomac un amas de matières capables de l'irriter aifez pour oçcafionner la convulôon i & j'ai eu , il (0 Medicin. feplentrion. Lib. i. Sedt. 14. Cap. i.T. I. p. 10s. (k) 'WooDWART Selecl. cafés in phijfk* {l) Pukcï. de morb. ncrpor. p. S38« DE l'Epilepsie. f5 y a quelques mois , un malade qui a un lilcere cancéreux à l'orifice {lipérieur de ce viicere , & q^ui avoit éprouvé vh\~ lieurs accès cFépiiepfie toutes les fois que de mauvais confeils l'avoient en- gagé à prendre des remèdes irntans i une dofe un peu forte de baume de Canada , qui n'e(t qu'une térébenthine , Si quelques taiies d'infullon vulnéraire par delius , lui avoient procuré trois accès dans deux heures i le mauvais eifet de ce remède , dont on lui avok promis des «lerveilles , fut ce qui le décida à venir m© confulter. §. 19. L'on peut placer ici les accès occafionnés par les remèdes violer.s , ou par*, les poifons , déjà connus par HiPPOCRATE , & dont on voit hré- quemment des exemples ; c'eft la crainte de cet eîFet , qui avoit engagé les anciens à prendre tant de précautions avant que de donner Phellebore (m). On trouve dans WePFER (//) des épriepfies af- freufes produites par la racine de la (m) Voyez ScHULZE, Difput. de Helle- borijrnis vctenini. Hall. f^i"}. (n) Cicuta aquatica /lifïor. (jf nox£ Com- ment ar y &c. B^riieee, 1679. p. 6. &c. c j S4 t>E L'E:PîLEPSIE. c'guë aquatique, de -dix eîifans qui eu avo'ent mangé, huit forerit 'attaqués d'épiJepile ; & les auteurs qui ont dé- crit les eliets des poifons , en fourniiTeilt plufîeiirs exemples, parleiquels on voit évidemment que l'épilepfie étoit l'effet de rirritaiion de l'eitomac, puir(^i]e le cadavre ne montroit de vite que dans ■cette parties •■ ; ■• C'eit encore à cette efpece d^'épilepfiè qu'appartiennent celles qj^i font ^j^rodui- tes par des excès d'aliViiens' indigef- tibkç pour l'eitomac qui ^les reçoit. HiLDESHtiM en a vu' une attaque oc- cafionnée chez une jeime fille par- un -excès d'é fruits &de lait (o). Sennert^, une autre après l'ufage des champiL gnons , aliment toujours dangereux , & qu'on devroit profcrire (p). Fores- Tus parle d'un étudiant , qui, après avoir mangé des anguilles , en eut plu- (îeurs accès , julqu'à ce qu'il les eût ren- dues (q)i & DoLiEUS rapporte le trifte •cas d'un jeune homme , qu'un excès de ( o) Spicikg. p. 999. (j5) Praxis mcdic. L. 6. p. 500. (g) OZï/èru^f. L, 10. Obf. çy. Schol. DE l'Epilepsie. S) compote de choux jetta dans une épi- lepfi'i qui le tua promptemeut-Cr). "§. 20. Les inteLtins peuvent auiîi con- tenir la caufe du mal , & c'ett là où je la trouve le plus fjuvent chez les enrans depuis l'à/e de cinq ans jufques à celui de dix ou douze. EÎle peut s'y trouver a tout âge , mais c'eft celui où elle y eft le plus* ordinairement , parce que c'eft celui d'un mauvais régime , fur-tout pour les enfluis d'un bas ordre. On. m'en amené fouvent qui ont des accès plus ou moins fréquens & plus ou^moins fjrts , avec un vifa^e pâle , boulh., de? yeu\' calTés, dç rabattement, de la trii- te.Te. un ,très-gv;os ventre, quelquefois une légère atteinte de nouCire, & qui, fans chîite , fans irayeur , fans avoir eu de m?dadi€, fo-it tomb-is dans cette ma- ladie à V3%e de cmq ou lix ans 5 je ne crains point alors d'aifurer que les em- barras du bîs-ventre , fur-tout des in- teftins à du méf-^ntere , font la caufe du mal i je les traite en coniêquence , & ils guér-ifent prefque tous. Ces embarras nuiient de deux fa- çons : premièrement la nutrition fe. fai- (0 Encydop, me'dic. Lib. I. Cap. 9. p. 127, C 4 T^ DE l'Epilepsie. lant moins bien, ]e genre nerveux s'af- foiblit , comme je l'ai expliqué ailleurs ; en fécond lieu , les matières corrom- pues Pirrirant, quand il a acquis cette ciifpolition à ]a mobilité, les accès font l'eliet de cette irritation. lULP rapporte le cas d'une femme attaquée d'une épilepfie cruelle, par la fréquence , la force & la durée des ac- cès, dont il attribue la première caule, & à ce qu'il paroit avec raifon, à une longue conftipation , fuivie d'obftruc- tions & de la formation d'humeurs pu- trides & irritantes, dans la rate , le pan- créas, le méfentere, les inteftins, qui produifoient un fentiment de douleur & de chaleur dans les côtés & dans les lombes j à mefure qu'on en procuroit l'évacuation, la maladie d:minuoit , & enfin elle finit entièrement ( s ). Pechlin affure même que l'irritation produite par les gonflemens (latueux des inteftins , eft fuffifinte pour pro- duire l'Epilepfie chez les enfms , & croit s'en être conramcu par trois cas , fu'v s de l'ouverture du cadavre, dans 'equel <;) 0!lfcrv. rrJdic. Li/. i. Ch. ii. DE l'Epilepsie. f7 il nV avoit de vice qu'une diftenfion prodigieufe des inteftiiis (/). §. 21. Quand ]es vers fe joignent à la iaburre , ils augmentent confidéra- blement l'irritation , & l'expérience journalière apprend qu'on doit les re- garder comme une des caufes les plus ordinaires de cette maladie, parmi les jeunes gens i elle fe trouve même chez les adultes : Bartholin traita une femme épileptique , qui avoit des accès très-forts, & mauvais vifage, avec tout le corps bouffi; les anti-épileptiques ne lui faifoient aucun bien ; il lui donna plulleurs fois fes pillules mercurielles , qui lui firent rendre beaucoup de vers^, & les accès cefferent (u). M. Stahl Fut confulté pour un enfant de fix ans, dont l'accès qui revenoit périodique- ment tous les jours , environ les fix heu- res du foirj commençoit toujours par u:i fentime'nt douloureux dans le bas- ventre , & qui ne guérit que quand (() Liv. 2. Obf. 29. pag. 282. {u) Cmtur. 4. Obf. ■}. 8c Cent. 6. Obf. 20. Il rapporte l'hiftoire d'un jeune homme , chez lequel il paroît que cette maladie ctoig entre.enue par les arcarides. y8 DE l'EpilepsieI l'ufage des vermifuges lui eût fait ren- ' dre une grande quantité d'afcarides (x). Mr.HtisTER rapporte l'exemple d'une jeune fille , attaquée fortement de Tépi- lepiîe , & qui vivoit des vers; elle avoit pris inutilement un grand nombre de remèdes ; il la guérit de i'épiiepile ejija guénii'ant des vers, par le mercure crud & le kina(^'). Pechlin cite un jeune homme de vmgt-qu.atre ans, & une fille de on^e , attaqués l'un & Tautre d'une épilepfie produite par la même caufe (^) ; & on Itt dans une dilîertation alTez récente , Thiftoire d'une autre maladie de la même efpece, produite par le ver folitaiie,,& guérie. par l'huile d'amandes ame.tè, & celle de térébenthine {a). Mais les épilepfies vermineufes les plus facheufes , font celles dont parle Wep- FER , qui étoient produites par le ver j:lati l'une eft celle d'tine fille de trois ans , qui fut , pendant piulieurs mois , {x) Theor. mmic. p. loig. (y) Compmd. mtcLcin. prcB. Cap. 14. (2) L. 2. Obf. 29. p. 2g^ (a> De ftlELLE dç -ci v'Mi ^ f. 107. . ^Leyde. DE l'EpIIEPSIE. rî épileptique , avec des douleurs & des. cris prefque continuels, & qui fut gué-, rie après avoir rendu fpontanément trois aunes de ce ver; l'autre , celle d'une fil- le , qui, à l'âge de fept ans , commenqa à être cacaleptique pendant trois ans, enfuite épilepdque, avec des paroxifmes Cl ftéquens , qu'elle tomba dans une im- bécillité totale & une perte de mémoire abfolue, de foqon qu'elle ne reconnoif- foit pas fa mère, mangeoit les excré- mens , &c. ; elle rendit du ver folitaire, & les convulfions ceiferent ; trois jours après , elle reconnut {li mère , & lui de- manda d'où elle venoit ; peu-à-peu, elle reprit toutes fes focultés & toute fa Hmté (b). ^ ^ L'on voit dans l'hiftoire d'une épidé- mie vermineufe , décrite par M. van den Bosch, le cas d'un enfant de fix ans , que les vers jetterent dans. une fièvre lente , qui le tua , & qui étoit accompa- gnée de firéquens accès d'épilepiîe (c). L'on a remarqué que les épileptiques (b) Ephemerid. Cur, nat. dcc. an. 2. & lepulchrec. T. i. p 904, (c) Hijioria conJHtut, epidem. vcrminor. 8». 1769. p. 133. à qui la racine de valeHaiie fait le plus êe bien , font ceux à qui elle fait rendre des vers ; & ii n'eft point furprenant que , produilànt le vertige , la folie, comme je l'ai vu plufieurs fois, la para- lylle , la catalepfie , les convulfions , l'a- veuglement, la furdîtc, la perte de la voix, iisproduifentauiîi l'épilepfie : j'en ai gacri plufieurs enfanschezlefquels le principal etfet des remèdes a été l'expuî- fion de beaucoup de vers, mais il faut cependant éviter de croire qu'ils en foient toujours la caufe ; cette erreur a fes dangers i & j'ai foigné une femme at- taquée de celte maladie , qui avoit été fort augmentée par des remèdes violens qu'on lui avoit donné pour expulfer des vers qu'elle n'eut jamais, & auxquels on nttribuoitune maladie qui avoitfon fiege dans le cerveau même. M. Hannes , médecin de Vefel, rapporte l'obferva- tion intéreifante d'un jeune homme qu'il traitoit, & dont il crut pendant quelque temps l'épilepfie vermineufe ; il îui donna des remèdes contre les vers, qui lui en firent rendre beaueoup, fans amendementi enfin il jugea qu'ils n'a- voient point de part à fon mali il n'y fît plus d'attention, & le guérit i. il cite DE l'Epilepsie. 6l des obfervations femblab-es de MAL SiGWART & BiNGERT (d). §. 22. Les autres organes renfermés dans le bas-ventre , peuvent aulîi être le fiege de cette cruelle maladie : Mr. r A B R I C I u s , célèbre profeffeur à Helmftad , cite l'exemple d'une femme fujette à de fréquens accès d'épilepfie , qui n'avoient d'autre caufe que deux- cents calculs dans la vélicule du fiel i & cet habile médecin ajoute qu'il eft aifé de comprendre comment ils pou- voient produire cet effet (e). Mr. Jen- sius, médecin Danois, rapporte un cas qui eft bien analogue : " Le ma- „ lade , dit-il , a fans doute des pier- j5 res dans la véfîcule du fiel i il tombe „ de tems en tems dans des agitations 35 convulfives , où le côté droit du ., tronc, le pied & le bras droit font j, fecoués nîjs de cent fois dans une ,5 heure , & cela ne finit que lorfque 55 le fommeil le faiilt j ce qui fe fait (d) Hannes , Epijlohi de puero epilppt, foliis aurantiorum fanato , Vefaliie. j7<56. (c) Ph. Conr. F a B R l c 1 1 pTopcnipt.'con ad DiQ'ert. J. B, Hof^maski. titlmjlad. 17SI-P- ^. ei ^D E l'Epilepsie» jj attendre quelquefois pliifieurs jours „ de fuite (/). " Mr. C H o M E L avoit auffi donné rhiftoire des convulfîoiis atroces qui dépeiidoient d'une caufe femblable : le côté droit étoit le plus affeClé j les douleurs dans les membres convuKés étoienst excelîives ( ce qui n'eft point un caraélere d'épilepfie ) la vue étoit le feul fens que la malade perdit dans les vioiens accès , & tout l'accès fe ter- minoit par un évanouilTement com- plet, au fortir duquel la malade, qui avoit été conduite à cet état par de longs chagrins , ne confervoit ordinai- rement aucune idée de ce qui s'ctoit pafle & de toutes fes fouffrances > c'eft fans doute ce lymptôme qui a déter- miné l'auteur à regarder la maladie comme épileptique : " On reconnut, dit-il, que c'eto't une é-ilepfie , que caufoit l'àcLeté de la bile arrêtée dans le foie ". Cet arrêt de la bile avoit aulîi » (/) Mercure Danois^ Août 17^8 page 99 Mr Jensius ajoute que le mufc a toujours calmé ces convulfions j elles dimi- nuoient dès la preniieie ou la féconde DE L' E P I L E P S I E.' ^1 occafîonné une jauniiTe , qui fut guérie par une fueur abondante. Les convul-. fions internes étoient fi violentes , qu'elles occafionnoient (buveiit un vo- miliement , d'autres fois révacuation "d'une grande abondance de férofité fan- guinolente , tantôt par le bout du fein droit, tantôt par le nombril.^ Le moin- dre chagrin lui caufoit des évanoaiiïe- mens épileptiques i les lavemens & les plus légers purgatifs lui donnoient des convulfions (g). On voit déjà , dans HiPPOCRATE , de violens fpaHnes , qu'il attribue a l'irritation de la bile , & qui ns cei- foient que quand le malade en avoit vomi (h) y & Mr. Morgagni nous a confervé l'hiftoire d'un de fes ma- lades, qui eut le premier accès d'épi- lepfie après des douleurs dans l'hypo- condre droit, qm fe diiriperent enluite par des Telles bilieufes j les accès fui- vans, qui furent plus légers, étoient toujours précédés par le fentimeiit (g ) HiJ}oire de V Académie des Sciences, 1732. Art 7. p. 49- ^ {h) Epidem, Lib. 7. Chap. 9^- -^ 0 E s. 64 DE L' E P I L E P s I E, d'une furaée qui montoit de cette p.ir- tie , où le malade fentoit habituelle- ment un gonflement, que les alimens, & fur-tout les boilibns , augmentoient aifément ( i ). §. 23. L'irritation part aufli quel- quefois de la rate : HoLLiER cite le cas d'un moine Parifien , chez qui ce vifcere foulîrit beaucoup dans une ma- ladie aiguë j quoique le malade fe ré- tablit , la rate ne fut pas entièrement remife, & elle devint le fiege d'une humeur acre , qui fe reproduiflint de tems en tems , agaçoit les nerfs , qui , irritant à leur tour le cerveau , jet- toient le malade dans une attaque d'é- pilepfie (k)i une rate fquirreufe, & qui commençoit à devenir livide , fut le fèul vice qu'on trouva dans le cadavre d'un jeune Prince Allemand , mort d'épilep- 11e (/) j & l'on trouve dans les obferva- tions de Tulp , celle d'un jeune homme (f) Defedib. ^ caufs morhor. L. i. Ap, 9' §• 7- (*) Optra omnia , Chap. 16. ScHOii , p. lOÇ. (Z) Sepukhi-, anat. Lib. i. Sedio. i2y Obf. 42. i DE L' E P I L E P S 1 F. ^f que des douleurs de rate jetttrent dans une épilepiie très-forte, & dans un tel bouleverfement d'idées, qu'il fe croyoit un grand empereur j l'accès pnrtoit toujours de la rate , & il fuffiioit de comprimer extérieurement cette partie , pour le faire naître 5 tout ce qui heur- toit fes idées folles lui en donnoit uu fur -le -champ (m). §. 24. Les reins & îa veflie, Ciege de tant de maladies, font fouvent irri- tés au point de produire des accès d'é- pileplie forts & violens. Th. B A R- T H o L I N rapporte que B. S 1 L V A- T I C U s avoit vu , en Autriche , un Prince à qui le calcul des reins & de la veffie occafionnoit des attaques d'é- pilepHe , & qui étoit fi's d'une mère à qui la même caufe avoit occafionné les mêmes accès (n) i & Mr. Brendel a vu deux enfuis, l'un de deux jours, l'autre de huit, qui périrent dans des attaques de cônvuîfions, en rendant de petits caleuîs ; le cadavre de l'un en fit voir plufieurs dans les reins y celui (ni) Obferv. med. Lir. i. Ch. 9. (n) SepulJir. anatotn. Tom. i. p. t%%. €Sr DE l'Epi LE? siE. ■ de l'autre , un dai-.s l'uretère droit (6). L'on trouve , dans les obrervations de LA Mo THE , deux cas qui prou- vent évidemment que cette maladi-e peut dépendre du calcul des reins i dans l'un , une jeune filie de dix à onze ans avoit de forts accès d'épi- lepfie 5 pour lefquels on la purgea plu- fîeurs fois, & on lui fit prendre quan- tité de lavernens diverfement compo- fés. " Étant un jour fur la chaife „ perche , dit le (âge chirurgien de ,^ Valcî'ne. , pour en rendre un, elle ,„ fut f^iJfle, "en o. notre préfence d'un ;».iî violej.t '^tcc^ès V que nous étions j, tous enfen'iWe t.,ès - embaruaffés à „ la contenir , tant les convulfions „ étoieiit furiec, i<: renverfa-it tout le 55 corps en arrière, de forte q^ 'efe en 53 formoit une efpece de cercle, faifant ,5 toucher là tète à fes ti ons j & coni- 5, me à la fortie de ces convullions , 55 elle fe remit fur fa chaife, novs fû- 55 mes furpris d'entendre tomber dans 55 le baflln quelque chofe qui failoit du 33 bruit, ce qui nous donna occafîon (o) De calculi natalibus. OpufcBl. p. 59. DE l'Epi LE PS 12. ^7 „ d'examiner ce que ce pouvoit être ; 35 nous trouvâmes cinq pierres , dont „ la plus petite étoit comme un pois , „ & la. féconde le double ; depuis „ que la nature fe fut déchargée de „ ces corps étrangers , cette jeune de- moifelle a joui d'une (Imté parfii- „ te (;>)". La féconde ne fut pas fî ,-, lieureufe : c'éîoit une jeune fille de douize ans, qui fut attaquée fubite- „ ment d'un accès épileptique très-vio- lent , avec évacuation involontau-e d'urine i les accès , d'abord courts & éloignés, devinrent plus longs, plus 35 fréquens, &.la tuèrent au bout de 33 d^ux ans. La Mothe l'ouvrit j " le ,3 cerveau. & tous les autres vifceres ,5 étoient en très-bon état, excepté le ,3 rein droit, dans le baîlinet duquel on ,3 trouva une pierre triangulaire du poids 55 de cinq gros , qui par Tirritation qu'elle ,3 caufoit à l'entrée de l'uretère (q)^ (p) La Motte, Traite complet de C'ii' rurçicy Obf. 174. Tom. 2. p. 419. Ce.violent a^Gcès avoic été produit par le paffags des pierres le long des uretères.; la irialaie lc3 rendit, dès qu'elles furent dans la velTie. . , ' iq) Ibid. Obfri73. p. ii6. n ^8 Dr L' E P I L E P s I E. ,5 ctoit la feule caufe affignable de la jj maladie ". Mr. Pereboom , célèbre médecin de Horii , a donné ThiRoire d'une fille de trente ans, attaquée très -fré- quemment de défaillances , fuivies de convullions horribles , avec des dou- leurs dans le bas ventre , que rien ne foulagea pendant plufieurs années , & qui fut totalement rétablie bient6t après avoir rendu une quantité éton- nante de matières calculeufes, mêlées de plufieurs petites pierres angulai- res (r); & je fuis porté à attribuer à la même caufe l'épilepHe d'un malade, âgé de cinquante «cinq ans , qui me confiilta il y a un an i il avoit rendu , depuis plufieurs années , beaucoup de gravier , & n'en rendoit plus depuis quinze mois ; mais depuis ce tems-là , il avoit un peu de maux de reins , quel- quefois des caJiques afTez vives , de rengourdiTement à la jambe gauche dans les mauvais tems j & il avoit ef- fuyé fept accès d'épileptie , maladie qui auparavant. lui étoit abfolument (7) Nova aJfa zurlof. nat. Tom j. 01>f. 2. p. iO. DE L' E P I L E P S I E. ^9 inconnue , & qu*on ne pouvoit attri- buer à aucun accident externe, à au- cun excès , à aucun chagrin ; je ne lui confeillai que des bains tiedes & de Peau de chaux : quatre mois après, il me marqua qu'il fe portoitbien , & qu'il n'avoitplus eu d'accès i depuis ce tems- là, je n'ai pas reçu de fes nouvelles. L'on peut voir dans le chapitre du tétanos , qu'une pierre dans la vefîîe produifoit cette maladie dans quelques attitudes du malade : il ne faut pas une irritation plus forte pour produire l'cpi^epiiei & j'ai vu un jeune homme qu'un abcès dans cette partie jetta dans une légère léthargie , qui dura deux jours , pendant lefquels il eut trois accès de véritable épilepfie > l'une & l'autre maladie ceilerent , quand l'abcès eût crevé. §. 25". Mais hs vifceres qui renfer- ment le plus fouvent la caufe de i'épi- lepfie , ce font les organes de la géné- ration, tant chez les hommes que chez les femmes. L'on a remarqué , de tout tems , l'efpece de conformité qu'il y a entre l'épilepfie & l'ade des plaifirs de l'amour j il y a dans l'un & l'autre des convuliàons dans i'uccès & de l'abat- 70 DE l'Epilepsie. ternent après ; quelques anciens ont , même appelle le coït, une courte épi- lepfle ; plufieurs modemes ont adopté., leur idée , à laquelle on ne peut pas fe refuferi & je devrois donner a cet ar- ticle une étendue proportionnée à fou importance , (i je ne l'avois pas déjà , traitée fort au long dans un autre oUt vrage [ j] , dont je me bornerai pr.efque à donner ici un extrait. . * Il eft prouvé parles faits les mieux.. atteftés , i'\ que les excès vénériens jet- tent dans l'épilepfie les perfonnes les . plus robuftes , & qui n'en avoient ja- mais été atteintes i f obfervation que je ^ rapporte d'après mon auii M. ZudMER- MANN, qui fait fi bien obferver , efl dccillve à cet égard [rj. 2". Que fou-' vent l'acle vénérien eft fuivi immédia- tement d'un accès épileptique ; Galien [h], van Heers [ X J , Didier,' Is^^L'Onanipne, Secft. 2. p. 24, Secît. 4, 1 pag. 46. &c. Setft. II. pag. 2^0. &c. : ff] Onanifme , page 24.. [ // ] De lociscffecî. L. ç. Chap. 5. C'eft le '• Grammairien dont j'ai déjà parlé. C*J Obfcrv. nisdic, Obf. ig. DE L'EpILEPSIE. 71 Mr. VAN SwiETEN [y] , en citent des exemples fur des hommes, & Mr. HoFMANN e-n fournit un d'une femme. Mr. DE Sauvages nous a confervé celui d'un homme qui , dans chaque ac- te, étoit faifi d'un accès d'épilepfie j ils étoient courts & palîligers dans les comniencremèns , mais fucceflivement ils devinrent très - longs & très - allar- mans [zj > & l'on a plulieurs obferva- tions de gens morts dans Tade même. J'ai été confulté par une femme qui, pîufieurs années avant fon mariage , avoit été fujette à de ces petits accès, tels que ceux dont j'ai parlé §. f , pag. 17. ig., fi légers qu'on ne les foupqon- noit pas même d'être une branche d'é- pilepfie; mais que-ques jours après Ton mariage i ils devinrent très - forts & très-violens : le Dodeur CoLE vit une femme qui, fans accidens, au moins il n'en cite aucun , fut attaquée de cette Zyl i io7v Tom. 9. pag. 412. C2] ClafT. 9. Art. 31. N°. 6. Tom. 2. 4to. p. 409. [cz] H A LIER , Elementa phyf^olog, Lib. «7. SeCit. {•. §. 13. Tom. 7. pag. 567. 72 DE l'Epilepsie.^ maladie , pour la première fois , trois jours après fon mariage ( è ) i & je ■^0 3 aduellement un malade qui, s'é- taiit épuifé , ell depuis deux ans dans Je c s d'éprouver , après chaque acle \éu rien, un accès de convulfions atro- ces, qui dure au moins quatre heures, quelquefois fept , huit, neuf, avec délire , quelquefois perte totale de coiinoiifance pendant une partie de l'accès, {.es débauchés en ce genre tombent fréquemment dans cette ma- lade, fur tout s'ils fe livrent aulfi à des excès en vin ou en liqueurs , aux- quels la néceflité de réparer leurs for- ces , les conduit aifément. J'ai vu de ces infortunés qui avoient entièrement détruit leur fanté , accablés fous la foi- bleife , les mairx vénériens , & l'épi- lepde , m'otFrir un Ipedacle d'autant plus digne de pitié , qu'il refte bien peu d'efpérance de les foulagerj les forces détruites , les digeftions ruinées , les nerfs entièrement irrités , le fang ab- folument gâté , formant une compli- cation (6) PhilofophiQ. tranfaSi, K^. 174, p. EXS. DE L' E P I L E P S 1 E. 7; 'isation difficile à vaincre pai* les meil- leurs fecours de Tart, qui dans ces cas «rueîs , ne trouve aucune reifource dans 4a nature. §. 26. Une troifiefne vérité , aufli bien prouvée que ies premières , c'elè q-ue , fi les excès vénériens jettent dans l'épilepfie, &. li les nélss en rappelicîTC !es accès, ou ies rendent fur le champ mortels, une continence exxeiïive peuc - auiîi les produire. Le tempérament a Ces befoins , plus ou moins forts, ohez les diiférens individus i il y en a, pour icjui les plailîrs de l'amour en font un indifp'iînrabie ; s'ils en font privés , ils peuvent tomber dans les m?Jad es les plus facheufes , & lur-tout ! uis ies maux de nerfs i le déiîr connnuel les affoib'it , comme font; toutes les autres, paii'îons fortes, & l'humeur retenue & corrompue les irrite puiifa nment ; ce xjui produit Tépileplie : j'en ai recueilli plufieurs exemples dans l'ouvrage que )'ai déjà cité (c) j il elfc inutile de les rappe.ilef ici. §. 27. Outre ces efpeces d'épilepfies qu'on pourroit appellec vénérienne.s > (c) Pag. i^ûi n 74 DE l*Epilepsi«. il y en a d:autres qui dépendent des n^émes organes, mais sut ont une caufe bien différente i ce font celles qui font produites chez les femmes , par la grolfefle, l'accouchement, ou les fuites de couches. U conception opère un changemeijt prompt & marque chez beaucoup île femmes : j'en ai connu qui eprouvoient dès le premier moment une faqon d e- ue fi ditfcrentc , qu'elles ne pouvoicnt pas s'y méprendre pendant vmgt qua- tre heures , & l'on trouve tous les obrervateurs remplis des phénomènes produits dans tout îe corps par les changemens arrivés dans l'utérus i ce- lui de la grolfefle eft un des plus con- fidcrables , auOi fon inauence ftir le- conomie animale eft très-marquee^, & pprmi les différens fympiômes qu elle occafionne , répilepfie eft malheureu- iement trop fréquente. Ferî^el avoit vu plulieurs femmes qui étoient lujeu tes à répilepfie toutes les lois qu elles étoient enceintes, & qui en étoîentablo- jument guéries , dès qu'elles avoient accouché (//). JACKIN a vu la même M Fatholog, Lib. s- Cap. j. Opcr. om- nia fol. pag. ^o%. D E L' E P I L E P S I E. 7^ chofe (e). Jacotius compte auflii Tépu tepljc parmi les maladies qui font une fuite de la groiTjlIe (f) ; & Schhnc- Kius rapporte le cas d'une femme iUui- tre & très-féconde , qui , dans toutes fes groiTcifes , étoit fujette à de violen» accès d'épilepfic, dans-lefquels il l'avoit fouvent foignée, .T>ais que la plus légère caufe rappelloit, & qui lui avoit fou- vent procuré des fauiîës couches , dans la plupart dcfquelies les enfans étoieat ïllGttS (g). L'on a vu dans pluficurs recueils dV necdotes , que la duchefle de Beau- fort quj étoit enceinte , ayant eu un premier accès d'épilepde, dont elle re- vint, en prit bientôt après, au moment oià elle écrivoità Henri IV, un lecond dans lequel elle mourut. L'on en trouve plutieurs exemples dans les auteurs qui ont écrit fur les accoucheraens » {c] Lcon. Jaccmini Commcntar. in n«= niim lîbrum Rhasis , Bajîte£ 1974. Cap, i4- png. 132. [/J Ma(jni HiPPO GRATIS, Coaca pra. fagia ciim Commmtar. Ucllekii £«f Jaco- Tii Vfol. iugd. 1576 L. 4. Se^^. 2. Aph. «f, pag- 67?- [^3 Pag. 1201 D 2, >r6 DE l'Epilepsie. & on Ut dans le Commerce Littéraire de Nuremberg (h), robfervation à une femnifî, qui, fans aucune caufe app.- renteT eut le huitième mois, dans peu d'heures, plufieurs attaques d epileplie très-fortes. , „ Te connois deux femmes, dont lun^ e„aeu,danstroisgrofletres,unacces prerque toutes les femaines , jufques a Il qu'elle eût fent; l'enfanta la féconde en\voiteuuaprefquetous esmois dans les deux premières groifeiles ; en îu ordonnant des faignée. fréquentes fieme , je les réduifis a deux ; a l aide deB mêmes fecours , ils ont manque dans la quatcieme , & dans une cinquième, ians rien faire . elle n'en a eu aucun L'utérus eft - il autrement affede dans la grotfeffe d'un garqon , que dans cl^rune Bile, & fi cela eft. quelle en cft la caufe ? Je ne déciderai pouit de la vérité du fait; je ne le crois pnmt ..rai généralement i mais il peut l être dans plufieurs cas. & je connois un [/O CommercLitter.ann. 1741. hebdono. Ao. pag. pj» DE l'EpILE PS ÏE. 77 aiîez grand nombre de femmes , qui , dès le premier mois , font ftires li ciks portent un garqon ou une me; elles fe trouvent dans un état diiîe- rent : & on lit dans la Moite , une obfervation afTez finguliere i c'eft celle d'une femme, qui , de huit grofleffes , cinq de £lles & nois de garçons , eut toujours plufieurs accès d'épiîepfie dans celles de garçons , & aucun dans celles de filles (i). Je connois plufieurs fem- mes qui ont eu plufieurs grolTeiTes & ont heureufement accouché à ternie des filles , mais fe font toujours bleifées des garqons; ce qui dépend apparemment, auffi bien que l'obfervation précédente , du plus grand volume de ceux-ci au même terme i Tuterus efl: pius^forte- ment irrité, parce que foa extenfion eil moins lente. ^ Si la groiTelTe produit l'epileplie , elle peut auiîi , je ne dirai pas la guérir , je ne l'ai pas vu, mais la fulpendre. Je vois une femme, qui, lujette à des ac- cès qui ne lui laiffoient jamais plus de deux mois de libre , n'en a eu qu'un [/] Ciiirwg.cowpkt. Obf. 176, Too^e 2 , 78 D2 trèa-lcger pendant toute fa grolfeife : ils font revenus avec au mbi^ns-oiitanc dfi. fréquence après la couche i & j'errrri vu une autre qui n'en avoit point eu pen- dant la même époque, mais ils font re- venus trois mois après , aulfi forts & peut-être plus frcquens. Il me femble qu'il ellaiféde comprendre qu'une caufe qui change aiiez fortement l'état du genre nerveux chez une perfonne forte & robufte, pour la j.tter dans cette ma- ladie ,. peut très-bien changer affcz i^en- liblemcnt la condition des nerfs déran- gés , pour fufpendre TeiTet de ce déran- gement i mais comme la çroiTefle, loin de fortifier les nerfs, les atFoiblit, l'on ne doit point efpcrer qu'elle en emporte la caufe, à moins qu'elle ne dépendit d'un vice d'obftrudlion & d'engorgement dans l'utérus , auquel les filles opilées font fouvent fujettcs^, qui leur donne quelquefois des accès d'épilepGe , & que le mariage ou la groirelTe diffipent. Ayant été confuké , il y a trois ans , par un jeune homme , fur l'état d'une perfonne avec laquelle il étoit promis, & qui , très bien portante d'ailleurs , étoit fujetteà l'approche de fes règles, toujours peu abondantes , à des coli- DE I;»EP1 L EP_SI E. 79 ques fi violentes, qu'elles la jettoient prefque toujours dans des conviilfions, & que trois fois elles^ lui avoient pro- cmc une vélitable attaque d'épilepliei j'ofailui promettre, que bien loin que le mariage agravàt cet état, il lut Veroit vraifemblablement beaucoup de bien, & révénement a juftifié ma promeiiei la première couche a fait difparoUre les coliques, & par- là même l'épilepfie. §. 28^ Si le changement que la grol- fefTe produit dans la matrice eft capa- ble de produire répilepfie, il n'eft pas étonnant que cette maladie foit le relui- tat fréquent de l'état violent dans lequel cet organe fe trouve au moment de Tac- couchemenc i aulTi les accès d'épilepfio font irès-fréquens»& quelquefois moc- telsàcette époque i l'on en trouve plu- fieurs exemples dans MauriCEaU (/O > dans LA Motte (/) & dans la plu- ( k^ Ohreroations fur la grqjjcjfc ^ Vac-, cottchenunt^ Tom. 2 Obf |. \6. Ç'- 86« 90. is6. 194. &c. 1! ctt vrûi qu'il ne diftin- gue p3S aflez essélement les cas où il y a eu véritable épilepfie . de ceux oùil n'y a^u que de (impies convulfions. ( /) Traité des accouchemc(ts\. ïic. Liv. ?• Chap. i2 , piig. 507: &c. Û .4 go DE l' E P 1 l: E ? s 1 E. part des autres iiccoucheurs. Mr. Pere* BOON, que )\â (ïtia cité, en pcirianc de répilepns pi-oduite par le calcul» rapporte dans le même endroit robfec* VHtJon de la propre femme, qui fut attijquco pendant les douleurs de l'en- fantement, des convuluons les plus., horribles» avec perte abfolue des fens internes & externes, & une hémiplégie pai'iagere à la fin de l'accès (îw);elle; accoucha d'un enfant mort & fe rétablit fort bien. Je fus appelle, il y a plufieurs années, pour une femme qui en avoit eu , à ce qu'on croyoit, plus de vingt :tccès depuis trois heures, elle en eut crois bien caradérifés en ma préfence^ ■nne forte faignée décida l'accouchement <^; termina l'épilepfîe : une autre fut moins heureufe, le travail duroit depuis vingt quatre heures., elle avoit eu fou* vent du délire & trois accès d'épilepfie rendant ce tems-làj elle fut faifie,au moment même du pàiTage de l'enfant, par un quatrième , qui finit par une fyn- cope mortelle. (wO Nova A&a Car lof. Nat. Tom, ^ . p. ■20. Cette obfervation eft trèç-intérelTante , mais trop longue pour écre inféré»; ici. DE L' E P I L E P S I E. gl §. 29. Après l'accouchement , plu- fieurs accidens peuvent encore jetter dans l'épileplle, & cela n'eO: que trop or- dijiaire ; les peurs , le chagrin , la colère , produifent afTez certainement cet efTetj mais au lieu que les épiiepfies qui font Tet-Tet de la grolfeiTe & celles qui font l'effet du travail, fe diiîipent ordinaire- ment, dès que ces circonflances ont paifé, pour ne plus reparokre, celle qui naît dans le tems des fuites de couché eft fouvent très -rebelle, quelquefois incurable. §. 30. Les accès de fuffocation hif- tériqihe dmu on a Ci lon^-tems placé la caufe dans l'utérus, refîemblent quel- quefois beaucoup aux attaques d'épi- lepHes, & on en avoit fait une efpec^e d'épilep/je particulière, qui appartient à cette clafle (n); mais outre que ces (n) BarthoL D e M o g R Pathologia cerebri délineatio praaiica, ^to. Amf.elod. 1704.. 11 compte fi X efpeces d'épilepfies. dont il' fait autant de chapitres -, 1°. Epilcpjni pro^ pria i 2«. fébrilis ; j 0. pedijjequa doLorum , purpationuin , vulneruni çcj' ukerum : 4*'. pedjjjequa repletionis ^ hemorragia ,• s °. hif. tericaj 6°. hypocondriaca , mais ces deux dernières, il en convient îui-mérr^e, fôntia même maladie & iie font ooinc l'epile fie» ga* DE L'E P 1 L E P S 1 E. 1 accès n'ont point les caractères vérita- bles de répilepfie, il s'en faut beau- coup que leur caufe première foit tou- jours dans l'utérus i ainfi jcTi'en par- lerai point ici. §. 3f. Le fiegc de répilepfie eft quel- quefois dans la poitrine, & comme cet organe eft fouventun réfervoir de ma- tières purulentes, il n'ell pas furpre- nanc que, foit par l'irritation qu'elles occafionnent , foit par leur repompe- menc & leur tranfport fur l'origine des nerfs, elles produillflent des convul- fion«,iireft peut-être davantage, que leur ficge ne foit pas plus Ibuvent dans le poulmon , ou que cette efpece ait échappé aux obfervateurs, qui en parlent très-peu. L'on ne trouve dans le fepnlchretum i qu'un feul cas dans lequel l'obferva- teur ait jugé que le mal dépendoit d'un vice de la poitrine j c'eft celui d'un jeune homme, qui eut quelques accès dans la maladie dont il mourut, & du- quel on trouva îe cerveau très-fain , &■ le poulmon droit noir comme de l'en- cre; c'eft de cette partie, ajoute l'au. teur» qu'étoisnt nés le. délire &lcsac-- DE l' E P I L E F S U Y.W ^5 ces d'épikpfie ( o) s mais en lifant atten- tivement robfervaîion , on n'en ell pas aulîî convaincu que lui. Mr. VAN SwiETEN nous apprend qu'il a vu une attaque d*cpilepfie mortelle, pro- duite par réforption du pus d'une vomi- que'('/>)i & Mr. DE Haen a donné ces belles obTervations dont j'ai parlé ailleurs, par lefquelles il a prouvé que la fuppuration du poulmon procuroit quelquefois des accès de TpaTmes & de pàralytie (^). J'ai vu un homme, âgé de près de cinquante ans , qui vint mou- rir ici phtifique, les crachats fe fuppri- merent dès qu'il fut à l'auberge i & au- tant que ie pus en juger, parce que la- route qu'il a voit fait rapidement, avoit occafionné une phlogofe générale dans le poulmon j quand je le vis, deux heu- res après futi arrivée , il avoit une fièvre très-forte, une grande angoifTè & un mal de tète fi violent, qu'il portoit un peu de trouble dans fes idées; une fai- gnee, des parfums d'eau chauJe avec un peu de vinaigre, & laboilfon abondante (o) Sepukhrct. Anatomic. L. i. Seiît la. Obr. M- Tbra. I. p. 286. (a) Ratio AUdcndi, Part. ?. Cli. z. D 6 84 DE l' K P I L E P s I E. d'une infufîon pcdorale, diflipcrent là fièvre & le mai de tèce, en rétabliflant les crachats; ils fe fupprimerent quatre jours aprèç, fans qu'il me fut polfible d'en affigner la caufe; le malade rêva, pendant près de vingt-quatre heures, & eut trois accès convuHlfs , que ie ne vis point, mais que les aiîîdans jugèrent, épileptiques; je pus rétablir une fé- conds lois les crachats, les accidens ceifereiUi mais au bout de quelques jours, la matière reTorbée fe jetta fur les intçfiins, & il périt d'unediarrhée. Que'ques années auparavant, une jeune femme m'avoit offert un fpedta- cle à peu-près femblable .elle écoit dans une étifie dcfefpérée,. on voulut eifayer le lierre grimpant, qui eft un aftrin^ gent, dont l'effet fut de fupprimer les cra- chats ; elle tomba dans des douleurs dç tète inouïes, pendant quatre jours, puis dans une léthargie entremêlée de con- Vulfions; elle mourut le neuvième, & rendit une grande quantité, de nus ^it les narines. u'ù)S^'. ou..: DE L' E P I L E P S I Ea 85. A R T I C L E V. Des épilepfies [ympathiqnes qui ont leur, fiege dans les parties exîérieiires. §. 32. Voilà beaucoup d'obferva-- tiens fur les différentes épilepfies iym. pathiques, produites par lesvicesdes vifceres: je vais parcourir celles qui' dépendent delaléllon de quelques par- ties extérieures; & p.our fuivre l'ordre anatomique, j'indiquerai d'abord celle dont parie Fernel, qui avoit fon fiege au fbmmet de la tète; c'eft delà quepartoitlemal, & on le renouvelioic en prefTanc cette partie Çr). Dovinet rapporte l'exemple, d'un homme, chez; qui l'accès étoit toujours préfagé par un chatouillement de la lèvre fupérieures il fentoit cette efpece de fenfation mon- ter le long des nerfs, & quand elle par- venoit au cerveau, il tcmboit épilepti- que (/). J. C. Brunnek en vit une qui commenqoit parla nuque, & qu'il guérit en brûlant du moxa fur cette partie (^), & l'on peut ranger fous cette (r) Ibid. çj' deabd't, morbor. cavf, L,.a„ (O SCHENCKIUS, p. I I 8- it) ^EPFER de cicut. aquat: p. 97, ^ DE L* E P I L E P 8 1 & clafTe robrervation de FaERT ^e Hii^' den , qui vit une jeune B! le de dix ans , dans Toreille de laquelle il entra un pe- tit globe de verre de la^^rofleur d'un pe- tit pois, qu'on chercha inutilement à en retirer i les efforts n'aboutirent qu'à irriwr davantage i^ elle éprouva d'abord" des douleurs d'oreille , de tète, des en- gourdiflernens du même côtéj ces aeci- dens diminuèrent peu à.peuj les dou- leurs d'oreille paflerent entièrement,- & cette celTation de douleurs fut caufe qu'on ne penfa pas même à attribuer à cette caufe TépilepHe qui furvint au bout de quelque tems, & pour laquelle on employa inutilement une quantité de remèdes i en6n FaBri ayant été confulté & inftruit de l'nitrodudiion du globe de verre & de tous les fymptômes qui avoient paru depuis ce tems -là, n'hélita pas à attribuer l'épilepfie à la mê- me caufe i il parvint à extraire ce corps, & l'épilepfie fut bientôt guérie (u). §. 33. DoNAT voyoit une reli- gieufe, qui éprouvoit une légère dou.^ leur au feinj fi elle augmentoit, la m,a- lade fentoit comme monter une efpece de vapeur , qui , quand elle parvenoit ^u- [u3.Cenfc- Obf. 4« DE l'Epilepsi E. S7 cerveau , la jettoit dans l'épilepfîe -, quel- quefois cette partie s'ulceroit & donnoïc une efpece dHchorofité; auffi long-tems qu'elle couloit , la malade étoit turc bien(3c) & n'avoit aucun accès. §. 34. HOLLIER rapporte plu- fieurs casd'épilepfie, qui partoient des exirèmités fupéneuresj chez un jeune homme le mal commenqoit par rarticu- lation de l'épaule, tout le bras etoit faifi par un fort tremblement, les ma- - choires fe ferroienr k l'accès furvenoit : chez un autre, âgé de quinze ans, Ten- pourdilfement de la main droite etoit le premier fymptômei les trois premiers doigts fe contradoient fortement, le bras fe tordoit , le corps fe ployoït , &^ il tomboit fans fcntiment. Il parle dans le même endroit d'un autre dont le mal commenqoit par le petit doigt de la mam gauche, la main entroit en convullion, le malmontoit, le malade tomboit d a- bord dans une forte palpitation & en- fuite dans l'accès i enfin il rapporte une quatrième obfervation d'un Ecoflois dont le mal commenqoit par un trem- blement du bras droit, le mal feportoïc^ C:.] Hili. mirabil. L. 2. Ch. v Yoye^ SCUEi(K. ibid» ^8 D F L' E f I L E P S î E. à la mamelle & de- là à la tête (y). L'on trouve dans les obfervareiirs un grand nombre d'exemples fembtables (x), qu'il feroit fuperflu d'accumuler icii mais j'ai fous les yeux un mémoire àconfulter, pour un malade attaqué de- puis l'âge de 22 ans, & qui en a aduel- lementplus de 40, dans lequel je vois un fait fembiable, qui a cependant quel- que chofe d'aifez fingulier pour m'enga- gerà le citer dans les termes même du mémoire." iVIon ma! a toujours été conf- 55 tamment attaché à la main droite, par 55 où l'accès a toujours commencé; aa ,5 commencement, j'étois prefque fans 55 connoifUmce auffi-tôc que je fentois ie 55 mal,' j'ai eu enfUite le fecretde l'afrê- 55 ter fouvent, par le moyen d'un tour- 55 niquetattachéà mon bras droit, & que jjj'ai toujours le tems de ferrer avant 35 d'être fans connoiiTance. Une autre in- 55 commodité, c'eft que je fens dans la «journée, & régulièrement lefoir,au 55 moment de m'endormir , un rnal de 55 nerf toujours attaché à la main droite, ,,5 dont je fuis foulage par des lavemens". Ci/] De rnorb. intern. Ch. 16. Sc/io/. p. ioç„ . C23 Voyez 6 c HE NK. Ibid. Platek. Objcrvat, 24,. DE l' E P I L E P S I E. 89 §. 3^. Les extrémités inférieures font aulîi très-fouvent le fiege de la caufe de Pépilepfie. Galîen en cite deux exemples , chez deux jeunes gens ; le ma! commencoit par la jambe, & m- nroit comme un vent froid le fong descuifl'es, du dos, ds la nutjue, jut qiKîs â la tète, & dès qu'il y étoit par- venu, ils tomboient dans l'accès (a). Alexandre de Tralles traita un ledeur , chez qui le mal commenqoit par le deifus du pied, & montoit aulîî comme un vent froii jufqucs à la tête(^). L'on a guéri un épileptique, eii ouvrant une tumeur qui s'étoit for- mée à la cuiiTe, & en emportant la par- tie d'os qui s'étoit cariée (^);& j'ai été confulté, il y a que^ues années par un cordonnier , robude , fage , âgé de trente & quelques années, qui depuis . trois ans, avoit deux ou trois fois par ''Aïois de fortes attaques d'épilepfie, qui '• éommenqoient toujour-s par la partie intérieure de la cuifle; cette partie éprouvoit d'abord deux ou trois rudes (a) De Locisaffeçî. L. j. Cap. 11. Char- ter , T. Vil , p. 444. (,b) Lib. I. Cap is- p ?;. (c; Van Swieten , p. 4J9< SO DE l' E P 1 L EPS I É. fccoulfes, bientôt le mal montoit avec une rapidité étonnante, & il tomboit dans l'accès. Cette obfervation rappelle celle des naturalises, qui ont remar- qué que le chardonneret étoit quelque- fois lujet à l'épilepfie, quand il {'<■ 'ogeoit un petit ver dans une deies cuitlès(^ ). L'on trouve dans SchbnK, que j'a^ déjà Cl Ibuventcité, le cas d'un hommct dont le mal commençait par le dos du pied, il montoit jufqu'à l'eltomac, & dans cet inftant Paccès fe décîaroit ('f)j^ il parvint à en arrêter la marche, tn ia courbant Fortement en avant.PuEBARl s, médecin Genevois, du liecle dernier, nous a confervé, dans fon édition du Tré for pratique ^^Burnet, une obfer- vation qui méritoit en eflct d'être con- nue.* Un artifan , dit- il, ayant eu un;; ,3 ulcère à la jambe , qu'on traira mal &- „ qu'on ferma trop vite, il tomba dans ,3 répileplîe , qui commenqoit toujours „ par le fentiment d'un vent froid, qui „ partoit de la cicatricei s'il pou voit faire „ une forte ligature au-deHbus du ge- „ nou àtems-, il arrètoit par - là l'accès j (rf)HALLER PhyficL L. X. S de la focieté royale de Londres, dans les Etfais d'Edimbourg (k); on la re- trouvera ici toute entière avec plaifir. ^ '' Au mois de juillet de l'année „ 1720, une femme âgée d'environ ^ trente huit ans, vint me confulter; „ elle étoit attaquée depuis douze ans j, d'épileplîe, dont les accès pendant jj ce tems-là, n'étoient revenus qu'une „ fois par moisj ils revenoient pour „ lors quatre ou cinq fois par jour, ^ 8i duroient chaque fois une heure „ ou une heure & demie j ce qui la „rendoit ttrifte, ftupide, & incapable „ d'avoir l'œil fur fon ménage & de „ prendre foin de fa famille. Telks ^ étoient les circonftances où fe trou- [j] Srpukhret. anatomic. L. 1. Seâ. 12, append. T. i. ]>■ 291. r/b] EJJ'ais & Observations de Médecine ^ Tom. 4. Art, 27. pag. S2j. 94 DE l*Epîl«?sie, „ voie rédtnc Ton mari, qui, par affeC- „ tion pour eile, avoit pris & fuivi les „ avis de tous ceux qu'il avoit pu cou* „ fiilter. „ On avoit eflayé toutes les efpe* „ ces (^évacuations j on avoit employé ,5 tous les remèdes tirés de la ciafla des », anti-épi!«ptiques, izs cephaliques» „& plulieurs autres, le tout inutile- „ment; la maladie empira déplus ea „ plus : fes accès commençoient tou« „ jours par la jambe, aux ei>virons de „ la partie inférieure des mufcles ju- „maux, & dans Tindant la tète fe 55 trouvoit prife , & la malade fe laifToit 55 tomber j la bouche paroiiToit alors „ couverte d'écume , & la malade faifoit ^ des contorfions terribles des lèvres^ «du col & des extrémités. „ Dans le tems que je Tinterrogeois, 55 il lui furvint un accès qui la ren- 55 verfa par terre ; je lui examinai la „ jambe, & je n'y apperqus aucun gon- „flement, ni dureté, ni relâchement, „ ni rougeur, qui rendit l'endroit ci- ^delTus âéCignéi différent de celui de 55 l'autre jambe: je foupçonnai cepen- ^ dant que la caufe de fa maladie de« 59 voit fe trouver à cet endroit, puiC- b B L* Ê P I L E P s I E. 9i j^ que c'étoit toujours par lui que com- „ menqoit l'accès * c'ell; pourquoi ^e „iui enfonçai tout de fuite un fcalpei ,^ environ deux pouces, & je fcntis „ un petit corps dur que je féparai des .„ mufcles, & que je tirai enfuite avec „ des pinces ; c'itoit une fubftance dure ^ &carttlagineufe, ou un ganglion de „ !a grofleur d'un très-gros pois, qui „ étoit fitué fur un nerf que je coupai j ^ la malade revint fur le champ de fon „ accès , fe niit à crier qu'elle fe portoit „ bien , & n'a jamais eu depuis aucune „ attaque; elle reprit bientôt fcs pre- ^ mieres forces , tant de refp^it que du „ corps." Je finirai cet article par deux autres ôbiervations , qui ont aulîî leur mé- rite j elle^ font inférées dans le Dic- tionnaire univerfel de médecine. Un« jeune dame, dit l'auteur, étoit fu- *. jette à de fréquens accès d'une mala- die convulfive & extraordinaire, con- tre lefquels tous les remèdes avoient été inutiles; elle s'adreifa enfin à ua célèbre médecin d'Oxford, qui lui dit, que ces accès étoient caufés par la dif- locatîon d'un os fefamoïde, de la pre- -. fe ne m'ctendrai pas plhs ■''laiig-tetfis ïur les cpilepfies fympathi- •'qli'cs; Ton trouvera peut-être même *fît,4a^'et;aï.dc's trop long, & l'on jugera ^'|d5/fa'^ fearii lin'- trop grand nombre "'miDW'41:i^jns- ; mais fi Ton veut bien ^'^Hiife :?l:yn%î\', & cette remarque iervi- '^•fènr. ■ ,. 'plupart des chapitres de cet "tP'Vvrx-e , bue l'on n\apprend à bien c.nuoicre ui'ie maladie qu'en obfervant toutes fqs variétés, qu'il eft important .le bten'coiInoiVi-e-. çellé-ci,^ & que rien n''Avanc'.-i-oit autàlit là médecine que DE l*Epilepsie. 99 de trouver réunies dans un ordre con- venable , toutes les bonnes obferva- tions connues fur une maladie, on fera porté à me pardonuer ces longueurs-, qui m'ont coûté un travail auquel la feule periuafion d'être utile , pouvoit m'engager. Je dois palîer aduellenient aux épilepfies qui ont leur fîege dans le cerveau , & à celles dont la caufe ré- fîde dans les parties qui l'enveloppent : je commencerai par celles-ci j mais je d.rai un mot auparavant de l'idée de quelques médecins , qui ont nié les épiieplies fympathiques. §. 37. Ch. P I s 0 n , médecin de- Pont-à-Mouiron , au commencem.ent du fiecle dernier, eft le premier qui ait penie qu'elles n'avoient pas leur fiege dans les parties où eL 3S paroiiîent l'a- voir, comme le pied*, la jambe , la main, (Sec. i, mais que toutes étoienc originaires du cerveau i & que fi le mai commenqoit par ces parties , c'étoic parce qu'elles fe reirentoient plus faci- -lemeiit, & plus tôt que les autres, de i'affedion du cerveau [ 0 ]. Willis [0] De morbis à coUuv.fcrofa, Sed,-2,. Parc. 2. Cap. 7. p. 140.- E 2 ICO DE l'EPILEPSIE. ^ embraiTa le même f>'ftème [p]- De M o o R , plus de quatre - vingt ans après , adopta la même idée , & l'éta- blit comme un iyftème à lui , fans nom- mer PisoN i il pofa pour principe , que toutes ces épilepfies , qu*on croyoit dé- pendre de Tirritation d'un orpne qui fe commuuiquoit au cerveau, dependoient uniquement de celle du cerveau com- muniquée à cet organe, avant que les autres s'en relfentiflent, & qu'ainfi tou- te épilep/ie étoit idiopathique [ ^ ] j & Mr. DE Sauvages même ne pa- roit pas éloigné de ce fyfteme [r]. Mais il ne faut qu'examiner impartialement les cbfervations que j'ai rapportées , pour fe convaincre de fa futilité , & s'aiiurer que c'eil très-fouvent une ir- ritation externe, qui produit i'épilepfie._ Celle que Mr. Short guérit en enle-" vaut le petit corps dur qui irritoit le [p 3 De morbis convuljtv, {_ q 3 Alorbus caducui cmnis mihi eji Idiopat/iicus. Fatholo^, cereb. Cap. 13. p. 423- [/•] yofoloa. méthode Clajf. 4* No. I9* r. i. 4to, p, •iSc. CE l'Epi LE pâiE. ïoi rierf tibiaîpoftérieurj celle que le mé- decin d'OjifofC guérit eu amputant le gros orteil i celle que M. James obferva après la luxation de ce même orteil j h plupart des autres dont j'ai parlé dans le même endroit , qui , comme on l*a vu , ou comme on le verra plus bas , ont été guéries par l'application d'un cautère fur Pendroit d'où partoic le mal, ou éloignées par une ligature , n'.i- voient-elles pas évidemment leur fiege dans cette partie ? Il n'eft pas même poflîble d'en douter; & fi PisoN a formé le fiftème que je combats , on voit évidemment que c'eft parce qu'il n'a voit pas foit attention à ces guéri- fons par le cautère , ou à ces obrerva- tions dans lefquelles l'altération de la partie eft évidente 5 il ne paroît avoir eu cette idée que d'après les obfervations D'HoLLiER , dans lefquelles on ne trouve en effet, ni guérifon par les ap. plications , ni marque fenfible d'altéra- tion dans la partie; *' Puifque HoL- jj LIER , dit - il , ne marque point ,j qu'il eut aucune altération dans ces ,> parties , pourquoi croire que c'eft » d'elles ^ue venoit l'irritation ? N'é- 102 DE l'EpîLEPSIE. ^ toient-elles pas plutôt les premières à recevoir cdies qui naiiToient dans '' le cerveau ? " Raifon très-foible , puif- qu'une humeur très-acre peut exifter dans une part\ , Tans y produire aucun changement qui tombe fous les lens, ^ qu'on n'en peut fouvent découvrir aucun dans les cerveaux les plus épilep- tlques. Cependant il eft très-plaufible^ que l'idce de P I S 0 N eft vraie quel- quefois, 6^ que., dans quelques cas, fi les accès commencent par une partie, ce n'eft pas parce qu'elle eft le fieçie de l'irritation , mais parce que les nerfs qui s'y diftribuent , font irrites avant les autres i tel étoit , par exemple, à ce que je crois, le cas d'un jeune hom- me dont il eft parle §. S- . q^i -■ ^vsc des marques d'un cerveau mal organile , r.voit eu , dès fcm enfance , des mouve- mens convuTifs d'un bras , qui , enfin dégénercrer.t en épilepfie terrible , & qm n'éroient hm doute point produits par un vice particulier dans le bras, rna'f par i-n v^ce qii n'attaqua d';ibord que l'origine des nerfs brachiaux , & qui «nfuite gagna tout le cerveau i mais ces cas lont r;.r:s, & ne prouvent point la non - exiftence des épilepGes A m- DE l'EpILEPSIE. IÔ5 pathiques, dont ^Iepfer , qui a fi bien connu les maux de nejFs , a jugé qu'on ne pouvoit pas pier la vér-itc : Il ejî évident, dit-il, qiCil y a des épilep- fies [ans ancitn vice dans le cerveau } & -'ji en donne deux preuves : Tune, c'eft.. qu'une piquûre de nerf, une morfurÇ:^ .^d'animaux, du^lait aigri dans l'éfto- - mac, des poifoiis ,, des vers;., ^^a.pro- .^^ djifent cliez les perfonnes qui ont le cerveaujç mieux conftitué : la fecçnde , c'eft qu'oiT la guérit fouveiit par des applications fur- ii, garti.e malade j /a>is aucui> renj^de p^ogve^ à.^gir fur 1^ cer-^ vgau. "j;ai,M^_ >] 4W,: hil'.'M. Ï^Hi^fb pajffin gif^i' d'une çP^i^pfiÇ ^"ès-yia-;.j îqiite, par rappliçatiofl d'un \|éficatoir^jj l'jr tout le dos du pied , qui étoit la. partie où le mal commenqoit [s]; &■; Mr. J30ERHAAVE a bien vu cette di£-- férence que j'ai, aiîignée plus haut ;.J y L'accès çorapence , dit-il, fouvent . ,5 par un n^Quyeraeiit q-iù fe porte der-.- ,5 puis les ç:^trèiiiités ay cerveau. :. ,i|,'j^ ■ ~- ■ '* fj-j De ckut nquat. p. 97. M. Worgagni prp.uve aufTi qu'on ne petit pas refufer d'aà*q mettre cette efpece d'épilepfie. De J'edib. ï^ cauf. mcrkg l,. 1. E^it. 9. §. 8. E 4 104 ® ï^ L' E F I L E P s I E. 3^ la caufe réfide dans cette extrémité ,] j3 Ja ligature arrête l'accès, mais elle „ ed inutile, fi ce mouvement eflrl'ef- ,j fet d'une caufe qui agit fur le cerveau „ mènie[/]". Je palîe maintenant aux épilepfies qui ont leur fiege dans les en- veloppes de ce vifcere. > '^" A R T I C L^E VII. Des épihpjies . Idiopathiquer, $. ^ R. L'on pourroit parler ici de ces' épi] ep fies qui font la fuite des plaies",' Ats meurtrilîlires , & des fracfkures de la tètej mais outre que l'épileplie eft un des accidens qui arrivent le plus rare- ment dans ces cas-là,comme la Mothe Ta déjà remarqué , j'ai dit tout ce que j'ai à dire là - deifus , en parlant des nerfs dans les cas chirurgicaux; ainfi il n'efl queftion ici que de celles qm réfultent de quelque v ce fpontané de Pirtérieur du crâne & du cerveau même. La première caufe d'épilepfie qui fe préfente, c'eftrm.tropreirion des os du C*3 De morbis nervorum ^ p. 844- i DE L'EpILEPSIE. 10)- crâne qui compliment alors le cerveau & déterminent les accès ; BoRETius vit un enfant de dix femaines , qu'un pli groffîer de fon béguin fortement ferré par une mère imprudente , jetta dans des accès qui ceiTerent, dès qu'il en eût fiit éloigner Ja caufe [?(] , & il cite l'obfervation d'un jeune homme que les mauvais traitemens d'un précepteur avoient rendu épileptique, & dont il trouva que la caufe du mal étoit une intropreÂion du crâne, produite appa- remment par les coups de bâtons qu'il avoit reçu fur la tête dans fon enfan- ce [x]. L'on peut placer ici une obfervation de Mr. Poteau, célèbre chirurgien de Lyon , que je rapporterai en entier. ,5 Un jeune homme de trente ans,' „ ayant requ un coup au fommet de la ,3 tète, la playe ne put être cicatrifée ,5 que dans un an ; auiîi tôt que la ci- „ catrice fut parfaite , le malade fut „ attaqué d'accès d'épilepfie qui deve- 35 noient toujours plus fréquents: ayant Zu~\ BORETIUJ de epilepjta ex dcprcjl Jionc cranii. Regiom 172';. §. 7. - -^ [*3 Ibid. §. 19. Collet, praâ. Halleh. T. L E ç refté un vai dans cet état, il vint me *,', confulter ; je rouvris la cicatrice par ]e moyen d'une pierre à cautère ; *' depuis ce jour-là, les accès ne repa- 1 rm-entplus, il y eut une légère ex- ' foliaticn , 8c je confeillai au malade a^entretcnir cette p^-aie ouverte , par '' le moven d'un pois : le chirurgien, " à qui"j'avoi3 confié le panfen-.ent de '* ce malade , ayant elTayé de laifTer fer- " mer la cicatrice , repilepfie reparut : " elle difpa-.ut de nouveau par la le- " conde application du caufti^jue [yy\ ^ §. 59. On trouve dans les Consultes Àe Zecchius , médecin de SixiE- QUiNT, le cas d'ufl homme qui lout- frit' long-tems dune douleur de tète , î'uivie (f une noire mélancolie & enfin de repilepfie, quelque tems avant fa jîisrti dans le crâne duquel on trouva une partie aiîez confidérable de la ta- Vc intérieure de la partie fupéneure de l'occipital , dans l'endroit même qui îivoit été le fiege de la douleur [^j i « rmtropreilion d'une portion de cette f^J Mélanges de Chirurgie par M. Cl. Poteau. Lyon, 176G. p. 8s- <, a ,, [2] Voyez Jcpukhrct. L. u ùeit IZ* ObC l- 'Tora. l. pag. i^hi i)E l'EPij:.epsie. T07 même tablç interne d'uu des os parie- taux" chez un enfoîît, fat la TeiTlé caafe qu'on pût'afTignef à l'cpiJepfie dont il mourut [ « ]. §. 40. F E R "N E L trouva dans le cerveau d'un philoTophe mort épilepti- que avec de longues, douleurs au font- met de la. tète V' inle liimréuf piitride épanchée entre -la durè^-mere 'S^ le crâne dans cette même partie [^J ; & RuMLEil ouvrit je cadavre d'un jeune homme qui avoit été épileptique, & mouru^t sprès un long alfoupillement , dans'îë ce.veau duquel il trouva la dirre-mere irongéc par des'nîceres qui avoient in- fecté îe 'Ceryea:* ," dont toutes les finuo- Cités éto':ent pleines de fiuig [c]. §. 4i- Outre les vices des os du cane, il fe forme quelquefois dans lei membranes des concrétions oiTeùfes', qui, par leur i-rrira:io:vfijr le cerveau V produifent cette (Cruelle maladie ; un homme dont Je mal' ■qui pntraina une chute de cfijevivl , c6n-. [fl] Ibid. Obf. }2. .p. cgç. iiO ibit^^ Obi: ir." p. 28^. fcj Ibid. Obf. ^.jp. 2;4 io8 DE l'Epilepsie. ferva de grands maux de tète & mou- rut épileptique fix ans après ; il avoit dans la partie antérieure du fînus fron- tal , un os alTez confidéràb'e & très- pointu , qui enflamma & corrompit les membranes [d]. LaMothe rapporte une obfervation très - inté- reiïànte d'une autre épilepfie qui dé- pendoit de la même caufe. Un jeune homm.e de neuf ans fut attaqué d'un accès des plus violens qui dura dix- huit ou vingt -heures , ne celTa que par la faignée & l'émétique , & lui laiiîa une perte prefque entière de mémoire qui ne revint que lentement, & de vc- ri tables accès d'é[)ilepfie, dont les retours étoient fort éloignés dans les commen- cemens , mais devinrent de plus en plus fréquens , à mefure qu'il avanqoit eu âge 5 & arrivoient toujours la nuit > il réndoit involontairemeiît les urines jpendant l'accès , & elles fe fuppri- [i/3 Sepukhr. Obf. 27. Le même Colîec» teur rapporte ailleurs , Medicin. Jéptcntrion, [ L. 1. T. I. p. II?. 3 une autre obferva- tion à'/Jittoim de Pozzis , qui trouva au milieu du cerveau d'un Officier épileptique, un «s affez confidérable ,* (^ui aYth pref^ue la figure d'une étoile. DE l'EpILEPSIE. 109 moient pendant le jour , ce qui lui étoic fort incommode i il mourut au bout de vingt ans , d'une autre maladie qui fe joignit à celle-ci i & je trouvai, dit ce chirurgien , en ouvrant la tète, qu'à Tangle-interne de la dure-mere , à Teru droit où elle fe replie pour former la faulx j il y avoit piufieurs petits os , qui y étoient comme plantés ou enracinés, defquels il fortoit une porj:ion , qui fembloit y être mife exprès , pour erru pêcher que la pie-mere n'approchât de l5 faulx, avec une quantité d'autres petites lamines ofTeufes, que je jugeai être la caufe du mal. [ e ]. §. 42. En 17^4 , Mr. H u n a u.d communiqua à l'académie , l'hiitoire d'un homme âgé de trente-cinq à qua- rante ans , fujet depuis bien des années à des accès épileptiques , dans îe cada- - [e] Traité compîçt de Chirurgie^ T. H. p. Î97. Obf. 171. Cette même obfervatio» fe trouve dans les Mémoires de Vacadc'mit royale^ année 1711 , avec quelques détail» déplus; on y voit, entr'auCres ,^ que quand il eût repris la mémoire, il eut la pafTion d« l'étude , mais que toute application lui don» noit un violent mal de tête , & des accès,, (^u'il devint très.mélancoliqu& & qu'il mauw*Ê cti^iue. ÏÎO DE l'EpILEPSIE. J| vre duquel il trouva plufieurs os poin- "" tus , att;ichés au côté du finus longitudi- nal , & qui irritoient la pie-mere S: le cerveau. Mr. Boerhaaye avoit ou- vert avec Mr. Rau , le cadavre d\m épileptique , dans lequel il trouva auffi la fl^ulx hcriîîce de pointes olTeufes , qui occafionnoient nn accès d'épilepfie tou- tes les fois que le fang fe portoit à la tète [/] ; «Se j'ai cité plus haut §. î. l'ob- fervation d'un homme qui, après avoir fté cuilept'.qiie , devint hydrophobe , & 4ont'la dure-mere ctoit garnie de fept excroiiîiirxes rquirro-cJculeufes , caufes de la maladie & de la mort [^]. Un corps étranger introduit dans le cer- veau, produit les mêmes maux que ces concrétions qui s'y forment -, Mr. Di- piER vit à Montpellier un îbldat qui avoit un accès d'épilepfie toutes les fois qu'il fe couchoit à" la renverfe, 8c dont, le mal dcpendoit,-^di'u"-.^r^^^,^ ^^^^ [/] Praxh medka. T. V, p. î5. ^ [9] Journal, de Mcd. T. XIV p. ?i9. Mr. Weckel a aiifti vu de violen':es çon- vulfjons produites par un os trè^-)'^u, loiig d'un pouce , attaché à.la.pnrtk i-^fcrieure de la dure-merc. Rcchtrdia 'Jur Us caujct d€ la jolie, Qbf. 1 4:. DE L^EpILEPSIE. IJI étnnt reflée dans la partie antérieure du crâne, comprimoit le cervenii, qvjan3 ilétoit dans cette attitude [ b ]. §. 4J. Une humeur plus on moir.tî cpaiire , épanchée entre les méninges & Je cerveau , cft aulîl quelquefoTS la cau- fe de répilepfie. Mr. Dfelu^court trouva chez un vieux foldat ivrogne , fujet depuis long-tems à cette maladie, avec des pefantcurs de tète , un en- ^ourdiiTement des fens , fou vent àc$ ^accesde fohe pallagere, tous les fu-us .remplis d'une gelée jaune & épiiiîe , Également épenchéefous ladure-mcre, fur tout le cerveau dont elle remplifîoit toutes les iinucGtés , & avoit l'é.'aif. feur d'un petit doigt [ i ]. Mr. PoU- PART trouva auffi fous la dure-mere -d'un jeune homme de dix-fept ans , qui avoit eu pendant longteras des accès qui revcnoient phiCeurs fois par femai- ne, & qui é toit fort ilupide, avec le vifage plombé , une grande quantité d'une gelée dure, fi intimement atta- chée à la dure-mere , qu'on avait peine Il] S puiJiret. L. I. 6Ut. Xll. addition; Obi. J). 'i. 1. pag. 2^6^ lia DE l'Epilepsie. à l'en réparer [/]; Si Ger. Blaise difle- quaiitle cerve:,u d'une femme cpiîepti- que, trouva tous les fin us engorgés d'u- ne matière gélatine ufe , Ci épairfe qu'elle avoit la confillance des polipes [ / ]. L'on a l'obfervation d'un enfant mort rachitique, afthmatique & épileptique, chez qui i'épilepfie pouvoit bien natu- rellement être imputée à une pierre oa concrétion calculeufe qu'on trouva dans la partie poftérieure de la tète , entre la dure-mere & la pie-mere , & qui avoit peut-être pris Ton premier germe, lors d'une chute que l'enfant avoit fait à l'âge de dix ans , & qui avoit été l'ori- gine de tous fes maux [ m ]. Cette obfervation me rappelle celle d'une jeune fille , qui jufques à l'âge de huit ans , avoit été très-bien faite, & d'un très-aimable caradere > à cet âge, elle eut une frayeur , fà fanté s'altéra , ion caradere devint d'abord tracafTîer , enfuite méchant, fa taille fe contrefit, & à l'âge de feize ans , elle étoit tout-à- fait défigurée : à celui de neuf, elle eut IkJi Mémoire de VAcad. 170c. n/] Sepulc/iret. ibid. Obf. 24. p.. sgj, [m2 Sepuk/iret, ibiJ. Obf. 9. p. 376. S)E l'Epïlepsie. tij une défaillance i quelques femaines après, un véritable accès d'épilepfie, quelques mois enfuite , un autre , puis fuccelîlvement ils devinrent très-fré- ijuensj il paroit que la frayeur altéra For- ganifation du cerveau,le caradere en fut changé , la nutrition à laquelle les nerfs font Cl néceflaires fut dérangée j & la jeune fille devint rachitique ; enfin elle tomba dans une véritable épilepfie, dans laquelle elle a trainé pendant plus de vingt ans une vie très-miférable. §. 44. La eaufe de Tépilepfîe réfide' aulîi fouvent dans le cerveau, ou pour parler plus exadement , l'on a fouvent trouvé dans le cerveau même des épi- leptiques , la feule léfîon fenfible à la- quelle on. peut attribuer la maladie» quoiqu'il ne foit point démontré qu'elle en fut toujours la caufe , comme je le prouverai enfuite. L'une des léfious obfervées le plus fréquemment dans les cerveaux des épi- leptiques , c'eft une grande quantité de férofité plus ou moins acre , plus ou moins liquide , plus ou moins lim- pide , qui inondoit les fmus, & paroif- Ibit même dans quelque cas abreuver toutebrubftanceducervear. Bonnet ' iï4 DE l'Epilepsie. diiréqiia une femme , qui , à la fuite d'u- ne colique , étoit devenue paralytique , & enfiîite épileptique, dont îafubftance même du cerveau , les ventricules & la nioëDe épiniere étoient remplis d'eau [w]j & RiVIFRE ayant difiéqué le cada- vre d'un enfant de fept ans, qui avoit été fujet à des maux de tète , & à des_^ accès d'épilepfie qui le tuèrent, ne trou-^ "W d'autre vice que de l'eau dans le cer-- veau & les ventricules [o]. GAVASSETTi- en trouva beaucoup dans, tç, çèrv;çai^,.^ An Cardinal Commandoni 'qui, apr^s' avoir eu foixante accès. d;4n^^viaç;t~qua-:^ tc^ lieurcs, mquriit dp fQî''ol,efle [ /> }.^.^ ., . " '.-§'.' 45' Outre l'eau épanchée danX; les yeritricûles', on a trouvé quelque- 'f fois des hydatides dans les vailfeaux du plexus choroïde. Le dodleur Rhoe- T.us eu cijte deux exemples i Fun eft fr] ïbid. Obf. 12. pag. 277. Voyez auffi ' les Obf. 7. 8- 10, M .1 s 17: d in <; cette dcr.-; rîere , il cite l'obffrvntîon de rER\'El, oui trouva dans le cerveau une licyjeur trè?- fusnte. [o2 OUfcrvat. Cent. r. Obf. n- Oper. riedic. vnivcif fol. Genevas. i-p. p 47 V [ p'] M 0 R G A G N' I , d: fcdik , G'' cauJÎ!. Ep. 9. \. î. pag. 68. EE l'EpILEPSIE. 115" celui d'une femme de foixante ans , qui étoit depuis long-tems fujette àPépilep- fie 'y & qui mourut dans un accès i en ouvrant le crâne , on trouva une grande quantité de lymphe extravafée entre la dure-mere & le cerveau & dans les ven-. tricules antérieurs; le plexus choroïde étoit garni d'une multitude de petites vefîîes pleines d'une eau claire ; l'autre ,» auflî d'une vieille femme, qui avoit éga- lement des ferofîtés épanchées fous la pie-mere &; dans les ventricules, mais dont le plexus choroïde étoit encore plus., altéré, il avoit la forme d'une grappe, | & la couleur des hy.datides étoit celle. des perles [ ^ ]. \'alsalva dilTéqua rn épileptiq-ae âgé de fo'xante ai>s , qu'un accès de cette malad-e emporta pendant le cours d'une fièvre ; outre l'eau qu'on trouva entre ]a du-e & la pie-mere & dans les linus , les glandes du plexuiS choroïde en étoient gorgios [ r ] ? c'eft-à-dire qu'il éco't aulfi h djtque ; vice dont on trouve encore d'autres exemples, ma-s toujours combinés avec cet epan- [7] r.'iihfophic. tranfacî. Num. }99' ' pag. 3ÎC , , . Ir'} MORGAGNI ibid. §• 2. ïlé DE L*EPILErsi^- chemcnt général dans tout le cerveau , qu'on voit dans les trois cas que je viens de citer. §. 46. Non-feulement le cerveau eft quelquefois inondé d*eau, ou d'une humeur gélatineufe , mais £\ propre fubftance devient quelquefois gelée 5 Mr. M o K G A G N I vit line femme fujette depuis deux ans à l*épilepfie , dont l'intérieur du crâne , les ménin- ges, le cerveau étoient extrêmement jains, à cela près, que le tiers antérieur de l'hémifphere gauche du cerveau étoit beaucoup plus aifaiiTé que le côté oppo- féj cet affaiffement venoit de fon ex- trême mollelfe dans cette partie 5 mol- lelfe très-fenfible déjà dans la fubftance corticale, mais fur - tout dans la m.é- dullaire qui n'étoit qu'une gelée [ / ]. Le même obfervateur ayant ouvert le cadavre d'un homme fujet à la même maladie qui enfin remporta , ne trouva d'autre vice dans le cerveau , fi l'on en excepte une légère dilatation de l'artère bafiUaire de nulle importance , qu'un aniolliflement total des couches des nerfs optiques qui reflembloieut à une C O Ibld. S* i<» DE L' E P I L E P S I E. 117 efpece de gelée noire à demi corrom* pue [t]i & il rappelle une obferva- tion analogue de Marchetis , ^ui avoit aulîi vu un ramolliflement confi- dérable , dans une partie du cerveau d'un épileptique. §. 47. La même maladie dépend fré- quemment des caufes les plus oppofées, & l'on a fouvent trouvé dans le cer- veau des épileptiques, des tumeurs d;- res & même des fquirres. Platerus parle d'un jeune homme dont le mal commença par un mal de tète qui ne l'abandonna plus , une infomnie opi- niâtre , une foiblefle dans les facultés , enfin de fléquens accès convulfifs, 8^ qui mourut étiquei dans le cerveau duquel, il trouva, vers fa partie anté- rieure, une tumeur plus grofle qu'un œuf de poule, qui avoit la forme d'une pomme de pin , & dont la fubftance reC- îembloit à du blanc d'œuf durci, mais étoit beaucoup plus grofTe [«]. Fantoî* dit que les ouvertures des cadavres ont fouvent fait voir dans le cerveau même , des caufes d'épilepfic qu'oiv [t] MORGAGNI, ibid. §. 18. [w] Felic. Plateri, Obfcrvat. Bajtictt» 16S0. L. I. p. 10]» Iî3 DE^L'EPILEPSiE. croyoït trouver dans les méninges, & i| cite un homme d'un âge mûr, qui •ayant été épileptique pend:uit plulieurs années , avec une Forte douleur habi- tueile autour du ciàne , mourut apo- pkdique à la fuite de quelques forts. accès : le crâne cto:t fortement attache à la dure-mere qui étoit très-faine, auili bien que les autres membranes & tout le cerveau, excepté le corps calleux ou Ton trouva une tumeur dure plus groile qu une noix [ x ]. Mr. MokGaGNI nous a confervé une obfervation de Mr. Walthieri qui parle d'un homme dont le mal commenqa par une douleur de la partie antérieure de la tète avec de la pefanteur, enfuite perte d'odorat, & des accès d'épilepfie qui le fatiguè- rent beaucoup pendant deux ans , au bout defquels il mourut , • & dans le cerveau duquel on trouva la parte ancc- riewre du cerveau , calleufe & très -dhé- Ix'] Jofi. Faktoni , Animcdvaf. in Opufc. Vacckiotui y yininiadverf. 22. Fan- lONl OpiJculaJJedka , âio. GtniVie ï'^S ■> page }7. Facchioki lui-rr.éme avoit trouve vne partie de la fubOarce corticale fquir- icurC} dans un catdinïil cf ikptique. DE l'Epilepsie. Iï9 rente à la Jure-mere [y ] ; & ?,Ir. MoR- Gagni rappelle uu'j oblervaiion de ^vlr. y^. Kifiint» BoERHAAVE , qui en diiTé- quant le cerveau d'un foldac de m:'.riiie , iiijtrt depuis long-terrjs à l'épi'epfie , dont un accès plus fort que les autres le tua , ^trouva que non-feulement en générai, la rubUaice corticale étoit endurcie, mais que dans pluileurs endroits elle étoit iquirreuie, & dans d'autres calleufes. §. 48- L'on peut joindre aux obferva- tions précédentes , comme, leur étant analogue, celle que rapporte Rhodius dans les obfervations ,[;^j,. L'on ne doit point être furpris ' , " dit - il , que cette maladie fj;: quelquefois incura- ble, ri l'on fait attention aux caufes qui la produifenti un malade qui s'é- toit rendu à Padoue, attiré par la ré- putation de J. PRiEVOT, s'en retourna fans avoir été foulage j & étant mort» peu de tems après Ion retour dans fi ,patrie , on trouva dans un des finus du cerveau, une tumeur charnue, qui occafionnoit la maladie , en comprimant le cerveau, .& qui avoit rendu tous les Zyl MORG.IGNI ibiJ. §. 2î &!26. [•2j Ccn:f^r.' I.- Obfetvât. '5S. Sepuldiret pag. 28 J. Ï20 DE L*EPILEPSIE. remèdes inutiles. P. BoRELLi trouva aulfi les ventricules piein« d'une matière fembl.:ible à de la gralife [«] , & cette caufe n'étoit pas moins incurable que îa précédente. $. 49. Les abcès prodnifent aufîî quelquefois Tépilepfie i B a u H 1 N en trouva un dans le lobe droit du cer- veau d\ni jeune homme , qui étoit en itième tems mélancolique & paralyti- que [^]i & Oiam BoHRiCHiUS en cite un autre exemple i c'ell celui d'un jeune homme fujet à une petite toux féche avec des maux de dents , chez qui les accès d'épilepfie étoient horri- bles, dont les yeux devenoient un peu failhms & rouges , & qui avoit des maux de tète, avec une difpofition à ralToupilTementi il mourut de langueur, & Ton trouva dans le milieu du lobe droit du cerveau , un abcès plus grand qu'un œuf de poule , plein d'un pus blanc , mais très-fétide [ c ]. $. 50. ffl] BoRELLi Cent. 2. Obf. 78. [63 Voyez Scpuldirct. Sed. 15. Obf. ig» pag. Î7I- Ce] Ibid» SeO. iz»additum, ObfeîV. ç. ' pa& «93. . DE L'EpILEPSIE. I2î §. ^o. A'îr. Clossy à qui l'on doit tin petit ouvrage utile fur les ouver- tures des cadavres, rapporte une obfer- vation intéreiîance. Un homme de tren- te ans avoit, dit -il, des accès d'épi- Jepfie qui revenoient plufieurs fois par jour depuis trois ans ; en examinant fa tète, il découvrit une tumeur fur le pariétal gauche , qui y étoit reftée de- puis un coup qu'il y avoit requ , & qui étoit l'époque du commencement des accès \_d]y ayant ouvert les tég.umens , il trouva que c'étoit une tumeur oifeu- fe , à laquelle on appliqua le trépan , l'os étoit fpongieux , plein de pus & fortement attaché à la dure-mere , le ma ade mourut peu de jours après , lé- thargique, & l'ayant ouvert, on trou- va ia dure-mere garnie intérieurement de plufieurs petits abcès [ej, & l'on [rf] Cette épilepfie produite par un coup fur l'os pariétal , en rappelle une de Lant- GIUS qui vit & guérit une jeune fiHe qui reçue à la temple un coup de poing d'un feu, qui lui occafionna pluiieurs accès. Lan- Gli tpijîol. Tom. I. Ep. lo. [ el ObCervations taken from dijjecîion of tnorùid. bodics^ àect. i. Obf. 9 pag. 17. ]22 DE l'EPILEPSIE. retrouve de femb!ables obrervations dans plufieurs obfervateurs , mais il feroit inut-le d'eu recueilUr un plus grand nombre. ^ Article VIïI. Des causes qui déterminent le fang à la tête. §. 51. Je viens de faire une- longue énumération des caufes de Tépileplie, qui ont un fiege fixe dans quelques pardes du corps , & qui paroiiîent tenir au vicedesfolides, mais elles ne lont pas lus ieu'es i fouvent cette maladie eft produite uniquement p:u: le vice des humeurs , qui irritent le cerveau , eu par leur quantité ou par leuracrete. liiPFOCRATE a déjà rangé la pléthore pvmi les caufes les pius fréquentes de cette maladie. & il n'y a aiicuii médecin qui n'ait eu bien des occafions de s'en convaincre. Une pléthore très- forte peut irriter allez le cerveau le plusfam, pour produire un accès, & fai e naître cette dirpolition épileptique & \\i j'ai parlé plus haut , qui étant une fois foraiée , fe renuuveie alors DE L'EpilePSIE. 125 par une pléthore bien moins confidéra. «j!e i & l'on verra dans ]a fuite de ce chapitre , combien les faignées font utiles dans cette maladie , en diminuant la piechore, qui eft fi bien atteftée par tous les obfervateurs, & par toutes les oblervations. Drelincourt, profeiFeur à Leyde, parie d'un jeune homme fort , robufte & trés-fanguin , qui, jouant a la paume, au Ibrtir d'un dîner fore abondant , fut .attaqué d'une épilepfie violente, qui , récidivant après Quel- ques momens de caJme , le tua au bout de quelques heures. Au premier cmip-dail, dit -il, le cadavre nous oiint un fpedacle horrible i le vila- ge, le col , la poitrine, étoient livi- des, le fmg couloit de la bouche & du nez, & quand j'ouvris le cerveau» je trouvai les artères des membranes, 6c celles du cerveau , gorgées d'un fipg noir ik épais, dont une partie même avoir crevé fes vailleaux & s'é;(nt épanchée (/). "Wepfer ouvrit le (/) Sepukhret. ib. adJitam. Obfeiv 5. pag. 294. L'exercice violent de 1j pa'.inîe , contribua fans doute beaucoup à cet acci- dent. 124 DE l'Epilepsie. cadavre d'un garqon boulanger , fujet re.iduu quelque temps a a cataleplie. enfuire épileptique , qui périt dans un a^cès violent , & dont les vailieaux des membranes , du cerveau , & ciu plexus choroïde éto,eut excellivement eneorgés j il y avoit outre cela près d'une livre de fang épanche j excepte la tenfion des vani'eaux du cerveau , on ne trouva, ni dans l'un m dans 1 au- tre de ces cadavres, aucun autre vice dans ce vifcere qui put ètie regarde comme caufe de la maladie (^;. Le cuifinier & le porte - faix dont parle M'-. M o R G A G N I , emportes 1 un & l'autre par un accès d'épilephe , ne lailTerent non plus appercevoir aucun autre vice dans la tète qu'un très-grand engorgement des vaifleaux (h). Le doàeur JoHNSTONE en ouvrant le cadavre d'un jeune homme de dix ans, mort aufli dans l'accès, trouva les vailieaux de la pie - mère, du cer- veau & du plexus choroïde ,procli. Pie-fement plems & plus diftendus de fang qu'il ne les avoit jamais vus (^) "W^sprER , pag. îoî» DE l'EpILEPSIE. 125' dans d'autres diflections ; en coupant la fubftance du cerveau, il en couioit des gouttes de fang beaucoup plus abondamment qu'à l'ordinaire (i) ; & Mr. Meckel, qui a ouvert tant de cerveaux , déclare politivement qu'il ne l'a jamais trouvé engorgé d'autant de fang, que dans le cadavre d'un épi- leptique mort à l'hôpital des fous , à Bénin {k}. §. 5*2. J'ai vu un homme fort & ro- bufte , âgé de quarante - quatre ans , fujet à l'épileplie depuis fept ans, & qui avoit fept ou huit accès toutes les années, chez lequel l'examen le plus attentif, pendant onze mois , ne me lailia foupqonner aucune caufe polfible d'é- pilepfie idiopathique & fj-mpathique , que la pléthore j à l'aide des faignées Bi du régime , il fut fix mois Hins ac- cès ; après avoir beaucoup marché , & beaucoup bu de vin , dont il ne fai- (i) Médical, obfervat. and înauines , vol. 2. N''. 6. pag. iiç. Il trouva nuOTi une hyda- tide de la grofieur d'une ba)!e de piftolet , adhérente au plexus choroïde. (*) Recherches Anatomico . pht/Jioîo(jiques fur les caufes de la folie. Mémoirts de Berlin, 1760. Obferv. 10, F 3 Ii6 BE L'EpilEPSIS. foit prefque plus d'ufage y un jour 3e St. Jacques , il prit un accès en entrant au lit j l'accès de convulfion fut vio- lent, mais court, il dégénéra en apo- plexie , & le malade m.ourut au bout de cinq heures j le Huig ruilfeloit pref- que parle nez, la bouche, les oreil- les i il avoit le vifage & le col plutôt noirs que Hvides j & il me paroit qu'il ii'eft pas pofTible de fe refufer à croire- que h. pléthore étoit la feule caufe du mal; il a diminué , quand on l'a di- minuée par les faignces & le régime ^ & quand , après cette diminution , la maife du fang a tout-à-coup été aug- mentée & raréfiée par beaucoup de vin , & déterminée au cerveau par la cha- leur du foleil, elle a produit une atta- que mortelle. Cette obfervation m.e rappelle un étranger qui me fit couful- ter depuis-Montpellier , au mois de Mars 1768» & dont le mémoire, qui offre des- faits rares & intéreffans» ne fera pas déplacé ici, on y verra les mauvais effets de tout ce qui augmente la raré- fadion des humeurs. & les détermine à la tête» f*- Dès les premiers mois de fon en- fance , le malade , qui a actuellement DE l'Epilepsiï. î^7 trente ans , avQ''t eu des cautères au col , apparemment pour remédier à quelques accès convuHifs , ces premiers furenti fermés, & quelques années après, on en fit un au bras, qui a fubfifté jufques à l'âge de dix -huit ans; à cette époque, le malade alla à l'Univerfité ; pendans qu'il y fut & les années fuivantes, pen- dant près de dix ans , il eut à eiTuycr quelques chagrins , des contradiclions , peut-être il buvoit trop , & il fut obligé d'^embralTer un genre de vie qui lei déplut. En entrant dans ia trentième année , il a été attaqué des accès qu'on va décrire. Au mois de Mars ly^J , étant à fou- per , Von s'apperçût que fit bouche étoit de travers & fes yeux hagards , il fit tout-à-coup une violente contorfion , avec une efpece de rugiiTement, &ilal- loit tomber à terre quand on le foutmt; le vifage devint fort rouge , il écuma beaucoup de la bouche , il fut plus d'une demi-heure dans de très-grandes convulfions,& toute la nuit dans un état de ftupeur & d'airoupiiTement; enfuite il fe remit jufques au lO^. de Mai, qu'il eut vraifembîablementun accès pendant la nuit, puifque fa langue avoit été mor- F4 Ï28 DE l'Epilepsii. due & qu'il étoit enfanglanté; on lui donna 1e maf'n un émétique , & il refla fort malade tout le ic^.; le 1 1^ il pa-iit bien, mais le foir , après avoir f;ut un tour de promenade , il parut tout-à-coup ftu- pide & hébété , on le fit alTeoir un infl tant fur la porte de fa maifon i quand on voulut le faire entrer , il tourna la tête de côté , & perdit toute connoifTan- ce , il refta plus de deux heures dans cet état , regardant contiruerement fes mains; tout-à-coup, il entra dan^ uii accès beaucoup plus Fort que le premier, qui dura plus d'une heure , & des cet inftiint , il fut pendant dx jours, fans connoiifance & fans mémoire. Le 16 Juillet , étant à Bagniérts , il but les eaux de bon matin , fe baigna à neuf heures , fe remit au lit & fe relevant à onze heures & demi, il fe fentit mal , fe plaignit du froid , fon nez & fes pieds avoient le froid d'un cadavre j après s'être échaulTé , i! ren- tra au lit, & refta ioui hébété , jufques à fix heures du foir , qu'il fe trouva bien & fe releva j les jours fuivans il fut fort abattu. Le 3 Août il fe portoit bien & étoft fort sai , il l'eu ordinairement avant DE l'EpILEPSIE. ï29 l'attaque; peut-être qu'alors comme d'ans une légère fièvre, ou dans un premier degré d'yvreiîe, le commencement d'en- gorgement dans le cerveau produit cette gayeté maladive , qui eft un léger déli- re i mais à neuf heures du foir , on s'ap- perqut que la parole lui manquoit, il voulut fe coucher , demanda avec peine à boire , perdit entièrement la parole & fut fou & phrénétique toute la nuit; le lendemain à huit heures du matin, il commença à fe remettre, en pleunant prodigieufe'ment , fans recouvrer cepen- dant la parole jufqu'à quatre heures du foir. Le 1 2 Septem.bre , étant à Cauterets , où il avoit pris pendant quatre jours les bains les phis chauds , il monta à cheval à fix heures du matin, pour aller à Bareges i il faifoit fort chaud , le foleil étoit fort ardent, & il eut un mouve- ment de colère très -vif 5 une demi- heure après fon arrivée à Bareges, il perdit entièrement la parole i maia prit du papier , un crayon » & écrivit , je me porte bien, mais je ne puis parler i bientôt il perdit la connoilfance & relta ainfi. quelques jours fans parole &fans connoiffance, la bouche toujours ou- F 5 130 DL l'Epilepsie. ^Ij verte & les y e ux hagards ; alors il recon= ' mit un peu la perfonne qui le foignoit toujours j mais fes fens & fa mémoire ' îi'é^oient point dans leur afliette j il quitta Bareges le 29 fiins aucune prélen- ce d'efprit , abattu & afToupi j peu-à-peu , il revint à ion état naturel. Le 2^ Novembre , environ neuf heures du foir , il eut une courte atta- que d^épiîepfie , mais il Fut pendant deux heures & demi fans parole & fans eonnoifîance. On ne détaille point les autres accès ,. l'on ajoute feulement, que dans la pre- mière attaque, il eut des marques très- rouges au front & deifus le nez, qui ne fe dilUperent parfaitement qu'au bout d'un mois ; il eft auiîî à obferver , qu'il a toujours les mams & les pieds extrê- me ment froids. Ce fentiment de froid aux extrémi- tés, eftalfez commun à toutes les per- fonnes fujettes aux maux de nerfs ; je Tat fur - tout remarqué très - fouvent chez les épileptiques , qui font tou- jours d'autant mieux , qu'ils l'éprou- vent moins , & il n'y a point de méde- cin qui n'ait pu obferver, que fouvenc raifoiblilferaent des jambes, chez les. DE L'EfILEPSîE. 131 \ieillards, eft un préfage d'apoplexie } cet alïbibliflement , eft aiiffi bien que lefentiment de froid , l'effet de la com- preffion des nerfs à leur origine. J'exa- minerai plus bas, quel devoit être l'effet des bains fur le malade dont je viens de parler, & je donnerai le traitement qua je lui ccnfeillai, §. <)^. Chez un grand nombre d'au*- tfes épileptiques , j'ai vu également les preuves les plus marquées de la pléthore , & je réitère que c'eft une des caufes les plus fréquentes j mais lors même qu'elle n'eft pas la feule , elle devient très-fréquemment la caufe occaflonnelJe qui détermine l'aélion de la cnufe prédifpofante , comme on le verra dans la fuite de ce chapitre. J'ai vu un jeune homme de trente ans, qui étoit lujet à cette maladie, depuis trois ans , & chez qui tous les accès éroient fuivis d'une hémorragie , ou d'abord après ou dans l'eipace de tren- te-(ix heures , elle ne manquoit pas une fois fur dix accès. §, 5'4. C'eft en augmentant la plé- thore que la fuppreifion des hémorra- gies habituelles, occafionne cetce ma- ladie : on voit cela arriver aiiez lou- ¥ 4 131 DE l'Eî»ilepsie. vent chez les jeunes perfcnnes du fexe , à qui cette fupprefîion , fi elles ont les nerfs feniibles, donne quelquefois des accidens d'une violence étonnante ; d'autres fois leur procure des convul- fîons fimples , non épileptiques, qui font moins fâche ufes, mais bien plus dou- loureufes. J'ai vu cette fupprellioii occafionner des accès d'épilepfie fré- .quens & irréguliers , & j'ai encore fous les yeux une perfonne de vingt-trois ans, qui n'ayant point fes règles depuis dix-fept mois , a eu depuis treize , un accès de véritable épilepfie, précifément à toutes les époques où elles dévoient revenir. Le premier arriva après un ufa- ge alTez long d'emmenagogues chauds » dont elle a malheureufement continué Tufage trop long-tems j je les ai abfo- lument fupprimés, Se j'attends avec confiance , fon rétablilTement , d'une €ure bien différente. Quand la fupprelîion fe joint à une épilepiîe qui dépend d'une autre caufe , elle l'aggrave conftamment ; & quoi- qu'en guériffant la fupprefîion , on ne guérilTe point l'épilepiie, on ne peut cependiuat point efpérer de guérir l'épi- DE l'EpILEPSIE. 133 lepfie, auffi loiig-tems que la fupprefTion durera. Avant que de quitter cet article , je crois devoir faire obferver , que la fup- preiTioii des règles occafionne l'épi- lepfie , non - feulement en produiknt une pléthore , mais auffi en ce que l'engorgement de l'utérus eft un vice qui devient un principe d'irritation , & rentre dans la clafle des épilepfies fympathiques dont j'ai parlé §. 26 & 27.^ L'on trouve dans le Journal de mé- decine (/) , rhiftoire d'une fille de vingt & un ans , dont les règles le fuppri- merent au printeras j elle eUuya tre~ quemment des douleurs de tète , des laignemens de nez , des éblouiflemens^ des vertiges , des maux de gorge paf- fagersi huit jours avant la St. Jean, elle fentit pendant quelques minutes, fa vue s'aifoibliri les objets lui paru- rent tourner i elle l:\igna du nez , & tomba dans un accès d'épiîepfie > ils revinrent conftamment tous les jours , & mèm.e deux fois par jour , très-forts , & ils dutroient toujours au mouis un quart - d^heure , jufqu'à ce que Mr. (/) Toiîi. jo. p. 44 la uuu.cui. ce qui aiu ^ ^^^^...^ o^ augmentant, & au doul u h o 1 „ 1., iMnane commença a :7rl'î:dè5uli::rna.^.^n.^,-^ loureufeidèscemoment,)^^•s^^ft^^ (O De morl,is ,ui m .f^^^^'^^f^'"^ capit. infd Jucvcruat. Lcid *«94- ♦** Caf). i3. p. ij*. 142 13 E l'Eptlepsie. re en heure les progrés du gonflement, de la lar.gue, Ja ■dégJu.-iition devint b.en- tôt impolîible , les douleurs étoient atroces , Ja refpiration extrêmement diitid.e ; er.fin ù jangue engorgée au ilip ème degré, f.trion de la bouche, & remplifîant toute fa capacité , érouf- h cruellement Je malade, La même chofe fe pi^iVe dans le cerveau i mais 1-a mort e{\ bien plus douce i les malades tombent ordi.iairement dans l'aifu-. piiîement, & Je cas dont parle HtUR- Kius G-ï Hire. C'efi a Tacreté des humeurs qu'on do't artribiier ces épileplies , qui lans aucune caiiie apparente , & fans qu i! y ait réellement aucun vice eiléntiel pal- pable dans rorganiiar.on , attaquent iouvent hs fujets cacochimes, chez qui les humeurs fom dans un état, ou de crudité, ou de diilôlution, ou de putr'dué, ou d aceicence. L'on doit encore remporter ici les cpilepiies qui attaqueiu fouvent les en- fiins, ayant l'éuption, dans les ma- ladies dans lefquelles il doit s'en faire u le , comme dans la rougeole , la fièvre miliaire , îa fièvre éc.;rlatine , & fur-toUt la petite ■ Vérole ; le veniii' DE l'Epilepsîe. 145 i|ui occaiionne la maladie irritant le genre nerveux , au moment où il a acquis tout ion développement , &. n'eft pas encore dépoië à la pe^J , produit ces accès d'épilepfie fi etïrayans pour les parens, & li peu pour le médecin, qui fait qu'ils vont finir, au moment où il aura paru quelojues boutons, & qui ne les craint jamais , quand il eft iùr du bcui état du fujet, & qu'ils ne dépendent que de la caule que je viens de leur airignen §. 62. Mais de toutes les caufes de cette claiFe , c'eft a-dire des humeurs acres, retenues, qui produifent l'épi- lepiio, il n'y en a pas d'auffi fréquen- tes que la fupp-elTionde quelque écou- lement maladif, devenu habituel, ou de quelque maladie de la peau répercu- té.^ 5 tous les Obfervateurs font li rem- plis de ces exemples, qu'il feroit inutile d'en citer beaucoup. Une femme de feptante ans , étoit fuj :cte depuis dix-huit ans , à une éva- cuacion périodique , qui parolifoit ulcè- re ufe i il le formoit tous les trois ou quate mois un ulcère fo'dide fur Taile du nez , qui jettoit pendant trois jvjurs une grande quaiitil-é d'une hu- 144 Î5E l'Epilepsie. meur très-âcre > au bout de ce téms-là il fe cicatrifoit , & la femme fe portoit parflîitement bien. Ennuyée de la longueur de ce mal, elle appliqua fur l'ulcère , dans le tems qu'il étoit en fuppuration , par le con- feil d'un charlatan, l'onguent de dia- pomohoîix, qui tarit l'écoulement, & av. n. les vingt - quatre heures révo- lues, elle fut attaquée d'une douleur de tête atroce , & d'un violent accès d'épilepfie j elle en eut plufieurs au- tres pendant fi- mois, & refta pendant tout ce tems-la, dans une imbécillité pi-efque totale ; elle ne fut guérie que qu nd on eût établi aux jambes l'écou- lement de deux cautères (/O- Uii pere & un fils , qui avoient la gal'e , l'ayant fait palfer , en fe frot- tant f'.ns p éparation , avec un onguent compofé de réfine , de fel, de jaune d'œuf & de fuc de limon, le pere en fat quitte pour des mouvemens con- vu'.fifs dans le bras droit, qui palfe- rent peu à peu fans rien faire , mais l'enfant tomba dans une véritable éou lepfie («"> Zâcut. Lusit. Prax, admir. Lib. i. Obr. .9. I DE L'EPILEPSIS. I4f leplîe qu'il conferva pendant plufieurs années, & dont Trincavelu le guérit (x). J'ai été confulté , par un malade , âgé de vingt-ibpt ans , qui étant tourmenté depuis plufieurs mois par une galle, qui avoit extrêmement; altéré fa fanté, la fit paiTer en fe frot- tant le creux de la main avec cet on- guent ordinaire , compofé de foufre , d'huile & de jaune d'œufs •■> trois fe- mai nés après il eut de grands maux ■de tète , qui détruifirent (es forces , & huit jours enfuite un accès d'épilepfîe , qui étoit revenu treize fois , dans Pef. pace de cinq mois , quand il me conful" ta. Le mauvais ufage établi en Suéde , ■'de repercuter la teigne par l'application de l'eau froide 5 y rend l'épilepiie fré- quente (jv ). §. 65. L'on pourroit placer parmi les épilepfies produites par i'âcreté , celles dont parle Dovinet , qui rapporte que SlLVius vit deux enfans épilep- tiques, dont la maladie étoit caufée pair le trop grand & trop long ufage des poi- reaux , dont ils avoient prefqu'entiére- (,x) ScHENCK. p. 120. iy) CARTHEUSEil. Patholoçia. Cap. de tpilcpfia. T. I. G 146 DE l'EpILEPSIE. ment vécu î il les guérit par une purga- tion , & en leur interdifant Tufage de cet aliment ( z). , je vois dans une théfe foutenue a Wirtembcrg, qu'en donnant de grofles dofes de poivre à un malade pour le guérir de la fièvre tierce , on le rendit épileptique («), & Mr. Mangolt, profefîeur à Erfort , rappelle le cas d'un homme qu'aucun remède ne fou- l.igeoit i enfin fes amis ayant remar- qué que quand il prenoit beaucoup de fel, fes accès étoient fort augmen- tés ^ il s'en déshabitua peu-à-peu, & cette feule privation le guérit abfolu- ment ( b). Article X. .Quefdons fitr les caufcs de PEpilepfie, §. 64. 11 n'y a point de caufes de i'épilepfie qu'on ne puiiTe ranger fous (2) SCHENCK. p. ÎI7. la) 3of:HMER & Tittus,- de exanthe- matum différent, 8? origine irmembcrg ll^(>. ^. 7. , ., ^ (6) Mangolt programma de epUepJï£ .nQnnullisJpxciebtis. Erford. 1764. DE î.'EîiL'EFSïE. 347 quelqu'une des claiTes que j'ai indiquées, -& il feroit inutile d'en fpécifier un plus grand nombre ; mais l'article des caufes n'eft cependant pas encore épuifé, & il. reite plufieurs qùeftions à faire fur cet important objet. La première qui fe préfente s c'eft il toutes les épilepiies dépendent de quel- qu'une des caufes que j'ai afîjgnées , fi l'on pourroit nîontrer dans tous les cadavres la caufe du mal 'i Je réponds 'qu'il s'en faut beaucoup. L'on a fou- vent ouvert des cadavres de gens épi- Jeptiques, dont tous les vifceres & fur- i!out le cerveau , étoient abfolument fains; l'on en trouve plufieurs exem- ples dans les obfervateurs, & j'ai exa- miné moi-même, avec le plus grand foin , en \']G^ , le cadavre d'un jeune homme de dix- huit ans , mort en très- peu de jours , d'une maladie aiguë qui n'avoit point atfeclé {à tète, & je ne crois pas qu'on puiiTe trouver un cer- veau plus fainj il avoit cependant des accès très - fréquens & très - forts , & dans le dernier mois avant fa mort, il en avoit eu neuf ; je donnai la plus grande attention au corps calleux , au plexus chortïde, aux ventricules 5 auÈ G z 148 DE l'EpILEPSIE. parties qui couvrent la glande pineale & la felle du turc , que je me rappel- lois être celles où Wepfer avoir eru que réfiJoit la caufe du mal , chez un malade, dont il nous a confervé l'hif- toire ( c ) ; je trouvai tout également en bon état i & je ne vis rien à quoi l'on put attribuer avec la plus légère plaufibilité , la caufe du mal; quelle étoit-elle donc ? C'étoit uniquement cette caule procgumene , cette difpofi- tion épileptique du cerveau , qui eft bien fans doute un vice dans fon orga- nifation , mais un vice qui échappe à nos fens , que nous n'appercevrons ja- mais, & qui eft mis eu adion par ces califes accidentelles dont je parlerai bien- tôt. Pour bien juger du cerveau d'un épileptique , il ne faut pas qu'il foit mort dans l'accès, parce qu'il produit toujours dans ce vifcere un défordre fenfible, qui empêche de bien juger de fon état. §. 6f . Une féconde queftion , c'eft fi 'es vices de conformation , que l'on a trouvés dans les cerveaux épileptiques , ou dans les parties d'où l'accès partoit, & que l'on a afligné comme les caufôs (c) De morb. capit. Obf. 129. p. sS?» DE l'Epi LEPsiE. 149 de la maladie , l'étoient réellement tou- jours ? Cela paroit fans contefte pour un grand nombre j& (i l'on fe rappelle toutes celles que j'ai indiquées , on s'en convaincra aÛement. Des petits os , ou une tumeur grailTeufe dans les fi- nus , un fquirre dans le plexus choroï- de , font auffi certainement les caufes idiopathiques du mal des épileptiques , chez lefquels on les trouva, que le gan- glion que le dodeur Short enleva, & après l'extirpation duquel la maladie ceffa , rétoit de l'épilepiie fympathi- que , à laquelle cette malade étoit fu- jette i & l'on peut en dire autant de pîu- iieurs autres caufes ; mais on peut aufîi le nier de quelques-unes , & peut- être toujours des épanchemens de'féro- fité. Mr. MoRGAGNl , en rappor- tant les obfervations dans lefqu elles cette férofité étoit la caufe apparente , a déjà douté qu'elle fût la caufe réelle i il eftmème à préfumer qu'il ne l'a pas cru; quand on examine la chofe avec quelque attention, cela eft abfolument improbable , & je fuis fortement per- fuadé que cette eau épanchée eft tou- jours l'eifet , & non pas la caule de l'ac- cès ; mais elle contribue fans doute à. G 2 l^O BE L'EPILEFSir. produire cet alibupiffemenî; & cet affaiF- îement qui en- efl; il ordinairement la fuite. Wepfer a cru^ il eftvrai, que la féfoiité étoit une caufe fréquen- te, parce ^ dit-il, qu'il ti'y a que cette humeur qui puilie s'épancher & Te re- forber lî promptemeiuj la réforbtion eft Facile en erfet, & voilà pourquoi on peut avoir tant d'accès fans danger j. mais quelle eft la caufe de l'épanche- ment avant l'accès? Cet épancheinent eft toujours maladif j il fuppofe donc une léfion dans les fondions & une Ufion de la même nature que celle qui forme les hydropifies dans les autres parties du corps i de toutes ces lé- iîons , il n'y en a qu'une de paifage- re, c'eft un fpafme qui empêche la ré- forbtion par les veines abforbantesj c'eft donc la feule qu'on puifle admet- tre dans ce cas, comme' caufe de l'é- panchement; ainfi fuppofer l'épanché- ment caufe de l'accès, c'eft fuppofer une tonvullîon dans le cerveau, comme caufe de la convuliion qui va fuivre, c'«ft fuppofer un accès avant l'accès, c'eft faire par-là même la fuppofition la plus gratuite & la moins foutenable y l'eau épanchée n'eft donc point la caufe de DE l'Epilepsis îSI Paccès; mais il eft à préfumer quMl s'en fait très-fouvent un épanch^mcnt pendant l'accès,- & cela paroit alfez na- turel , fi l'on fe rappelle ce que |cii dit fur rétat du cerveau dans ce tems-là, pendant lequel le mouvement ell ab- folument intercepté dans les veines F.erveu(esi ce qui rend très- probable qu'il ceffe peut-être auffi, ou du monis fe ralentit confidérablement dans les veines lymphatiques, qui, dans une grande partie du cerveau , font vrai fem- blablement continues aux veines ncr- veufes. Le même fpafme, plus long ou • plus fort, & étendu aux veines (angui. nés, eft fans doute l'une des cauics ^e ces épanchemens confidérables de fang, dont on a vu plushaut des exem- ples. , Quand l'accès eft long & fort, l e- panchement peut être aifez confidéra- blepour produire ou la mort, ou d'au- tres accidens auxquels je reviendrai dans la fuite. J'ai fouvent été porté à croire qu'il étoit la caufe d'un défef- poir hypochondriaque dans lequel une femme épileptique, d'ailleurs très-gaye, étoit toujours plongée pendant les deux eu trois premières heures après l'accès p G 4 ifi DE l'Epi LEP SI E-. £es pleurs & fes fanglots ne tariiroieiit point 5 ils étoient abiol liment involon- taires j ce n'étoit point l'afflicl'on mo- rale qui y avoit parti quelquefois mê- me, la malade n'étoit pas alfez parfai- tement rendue à elle-même , pour être furceptible de cette aHlidlion. L'on demandera fî je crois qu'un épanckement fereux ne puilTe cepen- dant jamais occafîonner cette malaJie ? Je fais fort éloigné de le croire j je penfe au contraire que , quand par une caufe quelconque, il s'eft fait un épanchement de férofité dans le cer- veau, fî elle n'eft pas repompée, & qu'en croupiiTant , elle vienne à s'alté- rer & à acquérir de l'âcreté, elle peut sifément produire des accès d'épilep- fie 3 je crois même que c'eft ce qui les produit dans d'anciennes maladies de la tête 5 peu de tems avant la mort ; & c'eft dans ces cas où le cerveau a fouvent offert , fans abcès , une fi^nie putride & corrofive, & un dépcrifTe- ment avec lequel on eft étonné que le malade ait pu vivre fî long-tems. §. 66. Une troifieme queft.on , & elle eft bien importante , c'eft de fa- voir pourquoi h caufe exiftant ton- DE l'Epieepsie. ï)-^ jours , les accès font quelquefois fi éloi- gnés , o'j plutôt ne font pas dans cer- tains cas continuais j ou , ce qui revient prefqu'au même , pourquoi un accès produit par une tumeur, par exemple, réfidente dans le cerveau , celTe , & ne continue p:'.s jufques à la mort ? La réponfe eft tondie fur la variabilité prefque continuelle de l'état de la ma- chine humanie. La difpofition épilepti- que , ce que j'ai appel'é la caufe proë- gumene , eft exiftante^il y a outre cela une caufe occafionnelle bien caraélé- rifée dans le cerveau même, ou ailleurs j cependant le malade n'a point d'accès 5 d'où vient cette fufpenfionî' De ce que ces deux caufes , la proëgumene & l'oc- cafionnelle ont befoin elles - mêmes d'être mifes en jeu par un autre ordre de caufes , que j'appelle les caufes acci- dentelles. Ces caules font extrêmement variées ; on peut cependant les divifer en quelques claifes principales qui ren- fermeront toutes les autres : ces claf- fesfontj i^. Les morales. 2'. Celles qui augmentent la quantité ou le mou- vement du fang. 3°. Celles qui irritent le genre nerveux par leur àcreté. 4°. Celles qui déterminent piu> particulie- G 5 If4 DE l'Epîlepsie. rement rirritation fur la caufe ocealîoiu ùelle, A R T I c L E X L. Des caufes occafmmelles, §. 6-j: Dans la première clafîe àts. caufes morales, je comprends toutes ies paffions fortes,, qui affedant \i- vemenc le gejire nerveux, portent le trouble dins le. cerveau même, & dé- terminent m\ accès. On a vu qu'elles, opéroient cet effet , fans qu'il en eût ja- mais exifté, ik qu'elles donnoient au cerveau cette- dirpcfition proegumene,. qu'il n'avoit point encoje; on com- prend p?.r-!à. combien aifém.ent elles, doivent rappelîcr les accès, quand 1* caufe a acquis un certam. degré de for- cer auiTi les frayeurs, le chagrin, la colère, ibiK les caufes qui les renou. vellenc le plus fouvent. Une femme, à qui un violent chagrin avoit procurt^ un premier accès, en reprenoit un ' toutes les fois que quelque chofe lui faifoit delapeinci la frayeur, occafion^ îîée par le cri d'un chien, donnoit tou^. i'wUrs un accès à un enfant épileptique.,^ DE l'EpîLEPSIE/ Iff & M. BoERHAAVE parle d'un autre à qui Us fervantes avoient fait peur de lïiéchans hommes, qu'elles lui avoient peint fans doute fort laids, & qui ne pouvoit pas regarder fixement les pa- rois de fa cbam.bre, fans avoir un ac- cès d'épileplie (<^). ; Il n'ed: que ti'op commun d'en voir, même dans les premières années de leur vie, ou plutôt principalement dans les premières années de leur vie» à qui chaque accès de colère donne un accès de convu'fion; j'en ai vu plu- lleurs; & il n'y a pas bien long-tem& qu*on m'a amené un enfant, âgé de huit ans, abfolument imbecille, qui étoit né & avoit vécu jufques à l'âge de trois ans avec beaucoup d'intelli- gence, mais aflez colérique; à trois ans & quelques mois, une colère violente lui procura un accès d'épilepfie (?)> ^&> dès ce moment les plus légers dépits. le. renouvelloient; à fix ans, on s'ap- pcrqut que fes facultés baiifoient,, (d) De moi bis nervor. p. goj. ie) M. DE Sauvages vit un enfant, à qui. le refus d'un aliment dont.il avoit envie-^, donna fur le chcimp un accès, ^Nojploo^ Mc-^ t/iod. T. Il p. 5 S 3. ■ ' * as I yé DE l' E P I L L P S i E, & depuis lors les accès étant deveiius tous les jours plus fréquens & fe re- produifant fans aucune caufe fenfible , font jette dans le trifte état dans le- quel je l'ai vu, qui heureufement ne durera pas long-tems ; il eft d'une foi- bleife qui paroit tenir de la paralyfie & dans un véritable niararme. Deux en- fans de dix ans , dont Vun fe portoit bien & l'autre étoit épileptique , pri- rent querelle en badinant enfemble , j'épileptique en colère, mordit l'autre à la main droite & lui fit une pîaye j quatre heures après, ce dernier eut un véritable accès d'épileplîe , qui étoit iïirement i'elfet de la colère plutôt que de la blelTure (/). §. ég. La féconde clafTe renferme toutes celles qui augmentent la quan- tité du fang, ou fôn mouvement, ou qui. le déterminent à la tête 5 ainfi le trop d'alimens , ou les alimens trop nourriflans, tels que les viandes fuç^ culentes, le gibier, les œuFs, les jus,, les coulis , les ccreviifeSjJes truhTes ,. les épices , le vin , le café , les li-.. Etoit - ce une diminution dans la tranfpiration ? Il ne m'el]; point poffible de refondre cette obicurité, qui fe reproduit dans plu- neurs autres cas. J'ai fous les yeux un mémoire à .confulter pour une jeune fille de dix- neuf ans , que faccès a pris dans le fommeil , à cinq heures du matin , fans qu'il foit poifible non plus d'en alîigner la caufe , H ce n'eft peut-être un trop grand ufige des acides, & fur- tout du Cel , qu'elle aimoit beaucoup , & dont elle mangeoit fouvent, fins ècre cependant opiJée, & fms que cela pa- rût déranger fa fanté , qui étoit allez bonne , elle n'avoit eu ni frayeur , ni chagrin ; tous fes accès fe relfem- bloient , je les ai décrits plus haut, à la £n du §. j, H lyO D£ L'EPltEPSlE. Article XII- Symptjmes avant - coureurs. § 7f. Après avoir décrit l'cpilepfie, & (iétatUé tout ce qui a rapport à fes raufes , il me relie à parler , avant que de paiTer au traitement des iymp- tômes, qui annoncent l'accès des ma. ladics dont elle a été quelqueiois lui- vie , de quelques-unes de les varié- tés , & fur - tout de (es fuites & de ion prognoftic. Il y a des épileptiques , chez qui 1 ac- cès arrive inopinément, fans qu'aucun fvmptôme préliminaire les enavertiife i ce font les plus malheureux: il y en a d'autres plus heureux, qui peuvent pré- voir le mal, & qui par là, ont l'avaii- tacre de prévenir quelques-uns des acci- delis, dont je parlerai plus bas, aux- quels un accès imprévu expole. Ues fymptômes varient fuivant le iiege de la caufe & fuivant les fujets. Quand la caufe a fon fiege dans le cerveau, les fymptômes qui précédent l'accès, annon- cent l'embarras de cette partie. ArETÉE i elU'auteur qui les a décrits avec le plus i DE L'EpILEPSIE. 17 d'exaditude , & tous les médecins doi- vent lire ûi defcription , ou plutôt ce qui nous en refte. Je rapporterai prin- cipalement ce que j'ai vu. L'engourdiirement , l'airoupiflement, les tournemens de tète, (j) , le gon- flement des yeux & fur-tout des pau- pières , le larmoyement , la foibleiîe , le dégoût, quelquefois Ja triftelFe, font les fymptômes que j'ai obfervés le plus fréquemment. Aretée parle des feux devant les yeux , & ils font confir- més par plu (leurs obfervateurs ( / ) , des tintemens d'oreille , que j'ai aufïï vus, d'un fentiment de mauvaife odeur, que je n'ai jamais vu chez les épilep- tiques , mais plulieurs fois chez les femmes hiftériques , ou les hommes hypocondres, d'une grande facilité à fe mettre en colère, qui eft en eifec aifez fréquente dans cette maladie. J'ai vii une malade, chez laquelle il étoitbieii rare , que les accès ne fuifent pas an- noncés au moins dix heures à l'avance, 0) Les vertiges, dit Galien, font très- voifins de l'épilepfie & la précédent fouvent. Commcntar.in Aphoris. 17. L. ;. (t) Mçdccin. Septent. id. Ch. 6. p. 109. H 2 172 DE L'Ep ILEPSIE. par une rougeur alFez marquée au haut des narines & entre les deux fourci.s ; & un autre , dont le mari a p- elque toujours prévu les accès vmgt- quatre heures à l'avance, par un gotia^^ment aflez fenfible des veines du fiont. Je connois un jeune homme , qui eft gueri aduellement, mais qui , tout le tems de ]a maladie, a toujours prelTenti les accès par des rêves eftrayans , ou au moms par un ibm.meil fort agité. L'on a vu plus haut , les accès préfagés par des douleurs au fein , ils le font quelque- fois par des dérangemens d'eftomac. PiTCAiRK parle d'un malade chez le- quel ils étoient conllamment précèdes par de très- vinlens maux de tète («}, & TuLP d'une femme qui les prévovoit certainement par un battement plus fré- quent des artères temporales , & une i-ougeur du vifage & des mams {xj. Te traite une malade , qu'un peu d agi- otât-: on , & fur- tout l'infomnie, quatre ou c^nq jours à l'avance , ont fouvent ave.ti d'une prochaaie attaque. (v) Ekmenta Mcdicin. phyjlc. Mathemat, ' L. 2. Cap. Ç. - C.r) Otfcrv.L. I. Obf. X4. pag- «8. DE l'Epilepsie. 175 §. 70. Q_uand l'épîlepfie eft fympa- thique, l'on a vu que l'accès eft tou- jours annoncé par ce fentiment de froid ou de chatoui'lement , qui monte de Ja partie qui eft le fiege du mal au cerveau, & qui donne fouvent le tems d'arrèrer l'accès par une ligature j indé- pendamment de ce fentiment , il y a quelques malades, bien peu cependant, chez lefquels il eft aifé d'appercevoir des figues de mal-ètre, dans la partie qui eft le fiege du mal, quelque tems auparavant j mais cela n'arrive gueres que quand la caufe du mal eft dans les vifceresj je n'ai point appris que cela ait été ohfervé , & je ne l'ai point obierve moi-mèjne , quand elle a ion fiege dans les membres. Article XIII, Des maladies qui précédent Pépilepfie , ou qui lui fuccédsnt. §. 77. L'épilepfie eft le plus fouvent une maladie primitive, & non point la iuite d'aucune autre, d'autre fois elle eft précédée par d'autres, & elle les rem- place , quand elles finilfent. G. Hofis- H 3 174 ^^ l'Epilepsie. Tius rapporte l'oblervation d'un en- fant de douze ans , prerqu'imbécille & ne pariant que très-mal, qui fut atta- qué d'une paralyfie qui dégénéra en- fuite en épilepfie -, ce fut le moment où il fut con fuite, & il rétablit parfaite- ment toutes les facultés & la îanté de l'enfant (y). L'on voit dans les mémoires des Curieux de la nature , l'obfervation d'une femme , qui ayant eu une vio- lente frayeur , perdit tout-à-coup la vue , fans autre accident i mais vmgt- qilatre heures après, elle tomba dans un accès d'épilepfie qui dura deux jours , & fe diffipa avec l'aveugle- ment (z). Mr. Stahl rapporte l'ob- fervation d'une jeune fille de neuf ans, qui depuis cinq , étoit fujette à des accès d'épilepfie très - fréquens , qui avoient fuGcédé à un gonflement du col , qu'on avoic dilîîpé par des remè- des extérieurs Ça) -y & j'ai vu ?Lu]our- (y) Obfervat. Jlledic. lib. quatuor lib, prîor 4to. Ulina» 1628. L. î. Obf. 41. (2) Centur, j. Dccur. ç. & 6. Obferv. 28- pag. 6 , & le même ouvrage rapporte une autre crife plus rare; c'eft la formation de trois petites tumeurs au pli du coude gauche ; dès qu'elles furent formées , l'épilepfie celfa ( i ), Mr. H o F F M A N parle auffî d'une épilepfie guérie par l'éruption de L^ gaîle. J'ai vu une jeune fille , de dix - fept ans , qui fe porte à merveille auffi long-temps qu'elle porte une galle , qui parut la première fois après quinze jours d'ufage de valériane i elle dura fix femaines , pendant kfquelles #'lq {g) ConJÎL L. I. Çonf. 29. (AI Deciir. ;. Ann. 2. Obf. 24. p. ^S, (i) Ibid. 1. Ann. 3. Obf. 90 P- Mû» M H Éi 1.80 DE lEpilepsie. fufpendit le remède & n'eut point d'ac* ces, qui revenoient dix ou douze fois par mois j dès que Téruption & la dé- mangeaifon eurent finis, les accès re« parurent; el]e reprit de la valériane, l;i galle revint , les accès ceiferent j j'o'ûfervai cette alternative trois fois ; je lui confeiliai un cautère à la jambe gauchç , qui étoit celle où l'éruption & la démanp^eaifon étoient les plus fortes, & des fortifians internes; je l'ai perdue de vue; mais j'efpere qu'elle eft rét.iblie. Ch. Piso N avoitvu cet- te maladie dégénérer en tétanos, & a déj.i averti , que fouvent elle dégéne-. roit en apoplexie ik)i mais ce chan- gement me paroit devoir être plutôt appelle une augmentation de la mala.. die, c'ert fon dernier degré, celui par leque^ elle fi.ait ordinairement. Lr fièvre quarte guérit- elle l'épilep- ÇiQ i H 1 P P o C R A T E a dit : " que „ ceuA qui avoienc la fièvre quarte , „ étoie-:t rarement attaqués de con- ^ vullions , & que s'i's en étoient ^ attaqués avant la fièvre, elle les en {k } De morb. a colluv. ferof. Sed, a. Part. 2. Çap. 7. p. 134» DE L'EpILEPSIE. Igf „ délivreroit ( / ) „, Rivière eft allé plus Join; il a dit pofitivement i if' Cl la fièvre quarte attaque uu épi- J5 leptique & dure long-temps , elle le ,5 guérit (jn),^: mais je ne connois & je n'ai fait aucune obfervation qui vérifie ces heureux prognoftics , & pour juger ce qu'oft en doit penfer , il faut faire attention à ce que j'ai dit des ca- raderes & des erfets des fièvres d'ac- cès, dans le chapitre où j'en ai traité. Ballonius a fait une obfervation furja façon dont fe termina une épi- leplle qu'il ne faut pas omettre. Un chevalier étoit fréquemment attaqué de violens accès d'épilepfie, que rien n'avoit pu guérir i mais la nature fit pour le malade ce que l'art n'avoit pas pu faire i el'e le rendit phrénétique pendant quelque temps 5 peu-à-peu la phrénéHe le diliipa, i'épilepfie fe gué-, rit en même tem.-s, Si li fe porta parfai- tement bien ( n ). Une fi.-vre epidé- mique très -grave, guérit un enfont de dix ans , qui étoit épileptique de- (/) Ap!ior. Liv. <;. Aph. 70. {m) P/ax. Mcdic. L- i. C. 7. p, 177. (b) Confîl. Mcdic, h. i. Uonf. 35. T. il. p. 1/4. 182 DE l'Epilepsie. puis trois ans , dont les accès rêve- noient fouvent plufieurs fois par jour , & qu'aucun remède n'avoit pu foula^ ger (o). Article XIV. Sinmlm-ité dans la marche de la maladie, §. 79. Outre les variétés dans les accès que j'ai indiqué plus haut, il y en a d'alfez fingulieres dans la marche même de l'épilepfie i il eft utile d'en connoitre au moins quelques - unes , pour n'être pas étonné quand on en verra de femblables , & expofé quelque- fois à fe tromper fur le caradère de la maladie. On l'a vue revenir tous le^mois , régulièrement au même jour de la lune, dont cela ne démontre point les chimériques influences. Mr. BoERHAAVE connoiffoit une femme , chez qui l'accès revenoit pé- riodiquement deux fois chaque année d'une ùqon terrible, & dans l'entre^. deux , elte fe portoit parfaitement ( o ) A. C. N. Dccur 3. ann. i- & 8- P» DE l'EpILEPSIE. Igj tien (p). Mr. Sthal cite le cas d'un jeune homme de dix - huit ans , qui avoit eu dans fa première enfance quel- ques accès d'épilepfie , dont il étoit abfolument quitte ; ayant été réveillé brufquement à trois heures du matin , par fon maître , il en eut fur le cham»p un accès i c'étoit le jour avant le der- nier quartier de la lune i dès Ipis il en revint régulièrement tous les mois une attaque, conftamment à la même heure, & toujours à un jour ou deux près, à la même époque de la lunaifon ( q )* TuLP , chez une malade dont j'ai déjà parlé , obferva que le mal reve- noit très -régulièrement cinq fois par jour, & que chaque accès duroit qua- tre heures. R A i G E R vit un enfant de douze ans, qui, après bien d'au- tres maux , étoit paralytique du côté gauche i à ce trifte état il en furvint un plus trifte encore, celui d'une épi- lepfie , qui Tattaquoit conftamment à une certaine heure, & qui lui ôtoit ab- folument le fentiment & la connojifaa- ip) De morb, Nervor. p gio. Iq) Thcoria medica Patholocj. Part. S» Scft. }. Memb. j. p. 6^83. 184 D E l' E P I L E P s i E. ce , mais qui ne conviiiroit que le cet? paralytique , pendant tout l'accès , le côté fain reiloit immobile. J'ai vu une épilepfie revenir périor diqiiement de deux jours l'un, à une heure fixe , & ces exemples font con- nus; mais on doit les regarder comme des fièvres d'accès mafquées en épilep- fie , & non point comme de véritables cpileplies. On ht ddnsle Sepnichretum àeBo}^' NET , un cas rapiorié par Calde- RA , d'une "jeune fiile , qui prenoit;. régulièrement à dix heures du matin , pendant quelque temps, un accès de fièvre & d'ép.lepfie (r)i & un chi- rurgien Angiois, vit un homme, âgé de vingt - fix ans , dont l'accès com- mençoît par des convulfions dans les pieds , qui lui faifoient frapper des pieds contre terre, montoient infenfi- blement de, la plante des pieds aux jambes , aux cuilies , au ventre, au dos (Se aux épau.es, gag. -oient la te- tg , lui ôcoient la connoiii'ance j alors il poulii'it des cris effroyables , qu'on îîuroit pu entendre de Fort loin, & h "(r) Styidcliret^i:. j. p. 171. • i DE L' E P I L E P S ! E. igf poitrine & le ventre étoient dans des convu'fions extraordinaires. Ces accès rcveno'ent périodiquement tous les deux jours à la mèmeTieurç, à laquelle ceux de fièvre, qu'il avoit confervé pendant fix mois, avoient accoutumé de revenir; une frayeur à Ton réveil avoit auiîii changé la fièvre en épilep- fie (s) J'aurai occafion de rapporter plus bas, en parlant du mufc , un au- tre exemple d'un changement fem- blable. §• 80. Les accès attaquent fouvent dans le fommeiîi il y en a deux rai- fons eirentielles , l'une , c'eft l'attitude dans laquelle on dort qui détermine plus de fang à la tête ; l'autre , c'eft le gonflement des vailTeaux du cerveau pendant cet état , & je connois plu- fieurs épileptiques qui ont plus d'ac- cès dans le fommeil, qu'éveillés; j'ai vu une Femme, qui, pendant les dix- huit premiers mois , n'en avoit. eu qu'endormie , & qui ne l'auroit jamais fû, fans les tâches du vif'.ge & le dom- mage de la langue; il y a mèm? des (s) E/Jciiy e^* ohfcrvaticm de médecine d'Edinibourçj , T. VI, Art. 49. pag. ijg. 1^6 DE l' E P I L E P S I E. iiialadcs qui ne font jamais attaqués que dans le fommeil ; MuYS en cite deux exemples (t), & Mr. de Haen , un j fon obfervation eft trop belle , pour n'être pas rapportée en détail j mais je la renvoyé à l'article où j'exa- minerai l'ufage des anodins dans cette maladie , dont il eft tems d'examiner les effets. Article XV. Des effets de Pépilepjîe. f. 8i- Aretée en a déjà indiqué les principaux avec Ta juftciîe ordinaire i Pengourdiirement de refprit & des fens, le tintement & la pefunteur de l'ouïe , ï'épai/îîirement de la langue , l'altération des facultés, enfin l'imbéciiijté , la phré- néfie même ( u ). On peutles divifer en moraux & en phyfiques j les premiers font les chan- gemens qui arrivent dans les facultés, à mefure que leur organe fouffrejles ( t^ Praxis Chirurgica rctional Decur. ç. Obferv. q. pag. 299. {u) De cauf.i diuturnor. morbor. Lib. f . Cap. 4. DE L'EpILEPSIE. 187 féconds » font ceux qui arrivent dans Jes .différentes parties du corps. Les effets moraux font ordinairement un aifoibliifement général dans les fa- CLiltési le feu de l'imagination eft la première qui fouifre, la mémoire dimi- nue, la conception eft moins prompte , enfin l'intelligence même s'affoiblit, & il n'eft pas rare de voir des épilepti- ques qwi tombent peu-à-peu dans une imbécillité prefque totale , quand les accès font forts & fréquens. Mr. BoER- Hâave a vu un officier , réduit par l'épilepfie, à l'état d'un petit enfant , & en avoir toute la pufîllanimité (x); & Cl l'on feit attention à l'état violent dans lequel eft le cerveau pendant l'ac- cès, on ne fera pas furpris que leur répétition l'altère , & que les facultés , dont l'exercice dépend de f:in organi- fation , s'altèrent aulfi. Un feul accès d'apoplexie prive fouvent de tomes les facultés pour le refte de la vie : un accès d'cpilepfie eft quelquefois un état plus violent pour le cerveau qu'une ipoplexie j il peut opérer les mêmes îffets , & c'eft ce qui arrive. {x) De morbii Nervor. pag. Su- 183 DE l'Epilepsie. §. 82. On a vu plus haut l'obrerva- tion rapportée par LA MoTTE , d'un enfant, à qui un feul accès ôta la mémoire i je n'ai vu aucun épilepti- que, quand les accès ne font pas excef- fivement éloignés, qui ne fe plaignit que la iicnne s'aiïbiblilibit , & il .y eu a un grand nombre, qui après l'accès, reftent dans un état d'étourdiflement & d'un léger délire, qui dure fouvent quelques heures.. Fabius Columna, favant Napolitain , & qui s'étoit guéri lui-même de l'épilepfie, paifa plufieurs des dernières années de fa vie, (il eft vrai qu'il parvint à une vieilleilb avancée) dans une iî grande perte de mémoire, qu'il ne connoiiîbit plus les lettres. Les accès qu'il avoit eu étant jeune , avoient-ils laiifé de la foibleife dans fon cerveau, ou reprit -il fur la fin de fa vie de nouveaux accès, com- me l'a foupqonné depuis peu l'auteur italien des vies de quelques grands hommes? §. 8v Mr. Baader a vu un homme âgé de pUis de cinquante ans , à qui le premier accès d'épilepfie , qui l'attaqua fans aucune caufe apparente, fit non-feulement perdre totalement la DE L'EpILEPSIE. 185 mémoire , mais le laiiïa entièrement fou ; il vécut quelques mois dans cet état, ayant de fréquens accès, & mou- rnt hydropique. On trouva beaucoup d'hydatides à la furface interne de la dure-mere, beaucoup de glandes en- gorgées dans les iînus , une lymphe vifqueufe épanchée fur la pie- mère , 8c les vailfeaux du plexus choroïde gorgés d'une férofité jaune (y). §. 84. Ces dérangemens font encore plus faciles dans l'enfance ; & parmi les fous, il y en a plufîeurs qui le font par une fuite d'accès d'épilepfie, dans les jT'remiers mois de leur vie. „ J'ai vit dans les hôpitaux , die ,5 Mr. VAN SwiETEN , plulieurs ,5 infortunés, qui étoient fous dès leur ,j première enfonce, & tous ceux dont ,5 j'ai pu favoir exadement l'hiftoire , ,j par leurs parens , avoient eu aupa- - „ ravant des accès d'épilepfie (z) „. Quand on eft habitué à obferver les enhms & qu'on s'eft exercé à juger de leurs facultés , par leur phylionomie , (y) Baader Ohjervat. JHedicin. incU Jtonibus cadaverum illuftrata , Obferv. 48. pag- 2U. ^z) Van Swieten 5- *047. pap. 42c, 190 DE l'Epilepsie. on peut prévoir dès les premières fe- maines de leur vie, fi les accès de coii- vulfions n'ont point vicié leur orga- nifiition i l'enfemble de leurs traits , leurs yeux fur - tout , la grolfeur des veines temporales , leurs geftes , leur fiiqon de tèter, ont des caraderes dif- fère ns de ceux de Penfent bien orga- nile j il n'eft pas polTible de décrire nettement ces différences , mais elles n'en font pas moins fenfibles , & j'ai déjà eu plufieurs fois le chagrin de voir vérifier par Tévénement, le prognoftic que j'avois fait pour quelques enfons , dont j'avois remarqué la léfion des fa- cultés, avant le temps de leur dévelop- pement. ^ §. 8^. L'on m'a amené, il y a deux ans , en 1767 , un enfont âgé de onze ans , qui étoit né foible , mais qui s'étoit fortifié en nourrice , & qui , à dix-huit mois, avoit toute la force, la connoiffance & l'intelligence^ qu'on peut avoir à cet âge i quand je l'ai vu , fa mémoire, fon intelligence, fon lan- gage , étoient ceux d'un enfant de deux ans , qui ne feroit pas fort avancé , il ne peut pas même fixer fon attention -, cet état cruel eft la fuite d'un coup de DE l'Epilepsie. 19t piftolet, qu'un homme yvre tira à fes oreilles , à l'âge de dix - huit mois. jj Dès cet inftant il eut des mouve- jj mens convulfifs , qui devinrent fuc- 5, celîîvement plus forts j il oublia les jj mots qu'il favoit , prit un air égaré jj & une vivacité qui le failbit courir jj ftns - ceire, fans but, fans delTein. jj Les mouvemens convulfifs étoient ,j de deux fortes; il en avoit de très- „ légers dans la tète & les bras , qui ne „ s'appercevoient qu'avec peine; on en „ comptoit quelquefois dix ou douze „ de fuite , & il n'en reftoit aucune _ impreffion ; les autres éioient plus „ marqués , l'enfant en avoit vingt , ,3 trente , jufques à quarante , par „ jour î il les fentoit venir , s'arrê- ^ toit , levoit la main , & regardoit ,5 fixement dedans ; fi le mouvement „ convulfif ne venoit pas d'abord , ,5 l'enfant frappoit du pied & fe met- 53 toit à courir. Les mouvemens étoient 3, plus ou moins forts ; dans les plus ,3 légers , qui faifoient le plus grand „ nombre , il ne faifoit que ployer le ,j corps & baiffer un moment la tête; ,3 dans les plus forts , il tomboit par 5, terre , & de ceux - ci, il eu avoit dis. a 192 DE l'EPILEPSIE. „ OU douze par jour , clans le nombre „ tîerquels on en comploit deux ou „ trois où Tenfant relloit p.^r terre une „ minute ou deux , avec des convul- „ fions dans tout le corps , &.en faifant „ de grands cris. Dès que cet accident „ étok fini , l'enfant devenoit excelTi- „ vement pâle , & s'alIbupilToit pour „ quelques momens (a). Cet état dura „ jufqu'à l'âge de trois ans, & pendant „ tout ce tems -là l'enflint dormit peu , • „ étoit dans une agitation continuelle, „ faifoit fouvent des ^ris & mangeoit „ beaucoup „. La foqon dont il guérit , quoiqu'étrangere à cet article, ei\ atiez intéreirante pour mériter d'être rappor- tée. '" A l'âge de trois ans , en tombant , „ il mit le'^derriere , nud, dans un brafier , & fe brûla confidcrablementj 'J il eft à préfumer qu'il eut beaucoup "de peur & de douleur, ce qui fit *5une révolution chez lui; car dès ce '„ moment les convulfions ceiTerent totalement,,. ^ .-,,/. §. 8^. Tous les enfans a qui lepi- lepfie r û ] Ces derniers accès étoient évidemment des accès d'épileplie complets ; les autres étoient des accès d'épilepfie imparfaits. DE l' E P IL E PS lE. Î9J iepfie, fait perdre les facultés , ne font pas aufïi malheureux , & il y en a plu- (leurs qui les recouvrent j robTerva- tion fuivante en eft un exemple , & je ne crains point de la rapporter toute entière. On m'amena le 14 Mai i'lC>'j •> d'une ville voifine , un enfant de iix ans, qui depuis fix mois avoit eu qua- tre accès d'épilepfie i il y avoit quinze jours qu'il avoit eu le dernier , qui avoit duré trois heures , & après le- quel il étoit furvenu de la fièvre , pour laquelle on lui avoit tiré fix onces de fang î cette faignée calma la fièvre , mais l'accès lui avoit laifle une perte totale de connoiifance & de mémoire i il ne reconnoilToit pas même fon père & fà mère, & il mangeoit beaucoup; fon air cacochime , la couleur de fes yeux, la dilatation de la prunelle, fon gros ventre , me firent foupçonner des vers, ou au moins beaucoup de caco- chilie dans les premières voyes; je lui ordonnai du tartre émétique dans de l'eau , pour en prendre de petites do- fes de tems en tems (^)i la première (b) ^. Tartar. emetici gr. xxx^ Sirup capili vener. ^. j i. aquœ fontan. ^ VI. f. pofc 194 ^^ l'Epilepsie. lui fit vomir dix fois de la bile ; les fui- vantes ne le firent point vonir , & ne le purgèrent point j mais il rendit qua- torze très-gros versi la connoiiïance re- vint après l'effet de la première prife, mais la mémoire i^ revenoit pas bien ; j'ordonnai de grands véficatoires aux jambes i elle revint au bout de quelques jours j depuis lors je n'en ai pas ouï reparler, §. 87- Les défordres phyfiques peuvent le ranger fous deux claires 5 ceux qui font l'effet de la fujrce avec laquelle le fang eft pouffé vers le cer- veau, & de la difficulté avec laquelle -il en revient, comme en général de la difficulté qu'il a à paffer dans le genre veineux i & ceux qui dépendent des violens mouvemens convuUifs , entant qu'ils peuvent opérer des effets mécha- niques très-forts. Si l'on fe rappelle ce que j'ai dit plus haut §. 2& 3. en décri- .vain l'accès , & enfuite §. Si. en parlant <îe l'ouverture des cadavres , on com- prendra aifément que dans tous les accès, de quelque caufe qu'ils vien- jient , les vaiffeaux externes & inter- vpour €n prendre une grande cuillerée à café g'jtttre.fois par jour , de trois en trois heures. DE l' E P î L E P S I E. I9t Î1CS de la tète font engorgés par beau- coup de fang, que l'effet le moins fâ- cheux qui puiffe en réfulter, eft un afFoi- blilfement de ces vaifleaux & une dimi- nution de leur adion ; cela arrive conftamment à toutes les fibres anima- les qui font fou vent tendues ; par là même peu-à-peu ces vaiireaux doivent rcfter plus dilaté-s, & l'on peut s'en convaincre lur les externes : il eft conftant que quand les accès d'épilep- fie font fréquens , ils groîIilTent les traits, changent la phylionomie , & défigurent les plus jolis vifages , comme A R E T É £ l'avoit déjà très - bien vu ; les paupières inférieures fur - tout réf. tent d'abord gonfles, & enfuite pen- dantes, le nez & les lèvres grofîiflent, les veines frontales & temporales ref- tent plus apparentes ; c'eft un gonfle- ment femblable des vailFeaux internes qui produit les altérations morales dont j'ai parlé dans le §. précédent. L'élaboration & la diftribution des ef- prits animaux £s faifant moins bien, les fondions tombent peu-à-peu dans une efpece de langueur i 8c les épilep- tiques font fujets aux vertiges ; Mr. BoERHAAVE avoit connu un épi». I Z 1^6 DE L'£PILEPStE. lepcique qui vivoit comme dans un tremblement de terre continuel i rien ne lui paroiiToit (labié (c) i ils ont moins d'aclivjté, moins de force, & les efprits animaux acquérant trop de mobilité, ils font fufceptibîes de toutes les émotions , irafcibles , difficiles à vivr£ ; fouvent ils tombent dans la ca- cochimie ; j'ai vu une femme que des accès répétés très-fouvent pendant dix mois , avoient jette dans un anafarque général ; quelquefois ils tombent dans l'hydropiGe afcite; les enfans ont ordi- nairement mauvais vifage, & paroiifent cachcdiques ; tous ces accidens font une fuite bien naturelle de l'influence des efprits animaux fur toutes les fonc- tions. Quand l'accès eft fort ou long , il peut occalionner des ruptures de vaif. féaux fanguins , une véritable apo- plexie comme on l'a déjà dit; moins longs & moins violens , ils produifent quelquefois des épanchemens fereux dont j'ai déjà parlé plus haut , & aux- quels j'ai attribué quelques-uns des effets qu'on obferve quelquefois après ic) De morb. nsrv. p. 8 1 * . DE L'EpILEPSIE. 197 les accès. Mr. Ritter , dans uns belle obfervation qu'il a donné fort en détail , parle d'un accès qu'éprouva fa ma!ade, jeune Bile de treize ans, plus fort que les autres , qui la laiifa fans voix, lourds, aveu;?ie de l'œil droit, & légèrement paralytique du côté gau- che : cette paralyfie fe difîîpa peu-à- peu par des fridions avec des linges chauds. La cécité & la furdité durè- rent trente-deux jours , & furent gué- ries par un autre accès ; l'aphonie dura neuf mois , & fut difîîpée par une ficvre ca^harrale ( d ). Je vois alfez iouvent des enfans de ia campagne paralytiques, ou d'un bras , ou d'une jambe, ou de toutes les deux; & j'ai prefque toujours lieu de croire, après l'examen le plus attentif, que ces pa- ralyfies font l'eifet d'une attaque d'é- pilepGe. §. 88- Ce n'ed pas feulement dans le cerveau que les épanchemens ont lieu, ils fe font dans d'autres parties avec la même force ; le dodteur Short a vu un accès lî terrible, que le ventri- id) Nova Ma Cunf. Yat. TortiMl. Obf. 80. p. \^z, I3 Î58 DE l'Epilepsieï cule gauche du cœur creva , & tout le iang s^épancha dans !e péricarde à dans ja poitrine (f). j'ai écé confulté au mois d'Avril 1764 , par ^i" "abile chirurgien d'une ville voifine , pour un enfant à !a mamelle, qui, après un accès d épilepue , l'unique qu'il nie eu , fs trouva avoir perdu la vue i en l'examinant, on trouva une cataracte très - épaiile fur les deux yeux 5 & au mois de Juin 1766 , on m'a amené ua enfant de fept ans, qui étant auflî à la mamelle, avoit eu un accès d'épiîepfie pendant la nuit > qui détermina une Ci grande quantité de fang à la tête, que plufieurs vailleaux du vifage crevèrent, & laiiTerent cou- 1er le fang de. toutes parts ; le dépôt iur les yeux fut tel que l'enfant rcfta aveugle pendant fix femaines. Les convulfions occafionnces par le poifon chez les animaux produifent. fouvent une apoplexie par épanchement de fang ( / )• La même extravafation peut s'étendre quelquefois par tout le (c) Médical Ohfcrv. and inqidr. T- II. p. 119 • • (/ \ W'EPFER de Cicut. aquat. p. '24S' H't rEpiLEPsiE. J99 corps 5 quand le fpafme des mufcles eit û général & fi fort qu'il y inter- cepte la circulation & oblige les vaif- feaux à fe vuider dans la tunique cel-- lulaire; Mr. Boerhaave fut témoin d'un fpectacie bien lingulier dans ce genre , & il eut bien de la peine àper- fuader aur parens qu'il étoit naturel. Un enfant mourut dans un violent paroxifme j tout fon corps devint aufîi noir que celui d'un nègre, excepté dans une partie du bas-ventre, fur laquelle la main avoit été fortement appliquée . par une convulfion , & ou. elle rivois empêché l'extravafation de s'étendre , ce qui lui avoit confervé fa blancheur naturelle ( g ). §. 89. Il arrive fouvent dans le pa- roxifme des hémorrhagies confidérables, fans que l'accès en paroiife diminuer-, & BoHNj l'un des plus grands méde- oins du commencement de ce fiecle, a vu un épileptique chez qui chaque accès d'épileplie procuroit un accès d'hémoptifie abondante (/1). L'adion (^) Van SwiETEN, T. III. p. 427. §. 1077. {Il) De ht£moptyJj. \. zj. I 4, 20O D E L'EptLEPS.I!&. du fpafme chez les épiîeptiques , y pro-. duit, mais fort rarement , cet efFec aiTi^z fingulier (i) , remarqué dans d'autres c?.s , de donner une couleur verte à la^ bile. Tous ces phénomènes obfer- vés Font juger qu'il y en a beaucoup d'autres de même genre qui ne l'ont point été encore , mais qui n'en font pas moins réels : & il fuffit de favoir qu'il^ Te fait des épanchemens, & que les fécrétions font troublées , pour com- prendre qu'il doit auilî fe faire des épanchemens dans les organes inté- rieurs, & que ces épanchemens peu- vent devenir le germe de maladies de lingueur , différentes de l'épilepfie, dont on ne découvre jamais la pre- mière caufej l'on doit même placer ici une remarque bien judicieufe de Mr. Clossy, c'eft que non -feulement le fpafme produit un épanchement, mais qu'en faifant perdre aux vaiiîeaux leur élafticité, il diminue la force de réforp- tion , laiife croupir les humeurs , & peut produire la gangrène (k), que (i) BôERHAAVE l'a vu frc'quenmiçnL page 8i6. (-è) Objcrvations takcn frotn the diJTec- tiom. page i^ DE e'EpiLEPSIE. 201 Lancisi a vu en e'cCct fe former à une main d'abor;^ après quelques accès d'é- pilepfîe, & fùirc des progrès fi rapides, qu'il fallut néceflairenient amputer le bras (/>. §. 90. Je ne dois pas omettre un autre effet fur lequel Mr. BoERHAiiyE a beaucoup infiilé , que j'ai vu, mais que je n'ai pastrouvé conftamment chez ceux chez qui les accès étoient cepen- dant alTez fréquens , c'efl: un poulx grand & plein qu'il attribue à la dilata- tion de-^ artères. Lesartcres, dit-il, le dilatent au-deffus des mufcîes, parce que la forte contradion du raufcle empê- chant le hng d'y entrer, cette réfiftance force le tronc de l'artère à fe dilaterj & Q cela fe répète fouvent, la dilatation fym- métrique du fyfîéme artériel fe dérange, les artères acquièrent une difpofitibn anévrifmatique dans quelques endroits, & leurcontradlion devenant par là plus foible, il peut en rcfulter plufîcurs dé- ran^emens finguHers ( ;;/ ), Cette re- marque de Mr. Boerhaave rappelle. (l) De rnotu cor dis ^ ancvrifinatibus , Propof. 5}- page 291. im) De morb.ncrv,çage 2ii^ I î 232 DE l' E P IX E P S ï E. M une obfervation qu'il n'igiioroit pas. I fans doute i c'eft celle d'une maladie | terrible de nerfs , décrite par le dodleur J. B. GiRALDl , dans une lettre au doc- teur Sbaracca, qui produifitun ané- vrifme du bas- ventre (71). L'on voit auffi dans l'ouvrage de Mr.LANCisi que répileptique à qui un accès procura une gangrène à la main, mourut deux ans après d'un anévrifme ou d'une dila- tation très - confidérable de la veine- •cave , de l'oreillette droite , & du ven- tricule du même côté j cette maladie n'étoit-elle point comme celle du mala- de du dodeur GiRALDi , une fuite de l'épilepfie?. Cet effet ne^feroit pas dif=-, ficiîe à comprendre» . §. 51. Oiatre tous ces défordres, il yr en a encore d'mi autre genre i ce font ceux qui font la fuite des mouvemens, violens que les mufcles impriment aux os J & c'eft à ce genre qu'appar- tiennent les morfures de la langue , . les brifements de dents, dont j'ai parlé plus haut , & les luxations qui ne font mslbeureufement point 11 rares s , -in) Mangeti i Bibliotheca anatom. T 'ji. p. 7. J DE L'EP'iLEPSÏÈ. 203 j'ai vu un enfant de fix femaines, à qui un premier nccès de convulfion luxa 8c dérangea abfoluraent le poignet, qui refta vraifemb'ablement paralyTé , car au bout de quatre jours, il étoit dans le marafme ; une kconde convulfion l'emporta le cinquième. De violentes convulfions cccationnées à l'âge de trois ans j par l'éruption des groffes dents, laiflerent M. le duc DU> M AINE boiteux ( 0 ). Les fradures des os font un autre ' accident de la mê.ne efpece, & dont les Mémoires des curieux de la nature four- riiiTent un exemple bien effrayant : c'eft celui d'un enfant qui fut attaqué de î'épileprie à l'âge de trois ans; les accès devinrent toujours plus forts , & à i'âge de fept ans, ils furent tels que la force delà convulfion caiTa l'os de l'épaule, celui de la cuilTe à foii col, & le tibia dans fon milieu (p )> §. 92. L'on pouiroit mettre pour 4-uatrieme ordre des fuites que l'épi- (0) Souvenirs de Madame de Cailus^ page 42. ip) LiECTAUD , Anatomia^ iome IL nage 8>i» 204 DE l'Epilepsie. lepfie occafionne, les accidens qui font produits par la chute contre des corps, durs, ou dans des endroits dangereux. Il arrive fréquemment que ces infor- tunés tombent fur leur tête , fur leur vifageiiî^- s'ils font feuls, fe contufion- nenc, fe déchirent, fe font même des playes aifez confidérables j quelquefois aulTi ils tombent dans le feu , qu'on dit cependant qu'ils craignent , auiîî- bien que l'eau , & qu'on feroit mieux de dire qu'ils doivent craindre, mais: vers lefquels ils font fouvent entraînés, parce qu'en général ils font frilleux , comme tous ceux chez qui le genre nerveux efl; foible y 8c j'ai vu plu- ikurs malheureux qui s'étoient brûlés. le vifage,^ ou les mains, ou la poitri- ne j mais je n'ai vu que le jeune homme- dont j'ai parlé §. 58. qui fe brûla les, felTes, qui ait été guéri par ce moyen. Il peut arriver qu'un épileptique, faiE par fon accès au bord de l'eau , y foit précipité, & s'y noyé ; mais Ci jamais, cela a eu lieu, cela eft au moins rare> je ne l'ai vu obfervé nulle part ; & il l'on fait attention qu'il n'y a per- fonne qui n'approche fouvent le feu ^ Si que la plus grande partie des hom- DE L'E P IL E PS I E. aCÇ mes ne fe trouve jamais au bord de l'eau , on fera peu furpris de ce que l'un de ces élémens efl; (buvent nuifibîe aux épileptiques, l'autre peut - être jamais;. i! feroit cependant imprudent à eux de fe tenir long-tems au bord d'un courant ou fur un pont, l'afpcd du cours.de l'eau: pourroit leur faire tourner la tète, & déterminer un accès. Article XVI Trognojîic^ ?. 93-. Un article important dans» toutes les maladies, c'eft le prognoftic j. celui de l'épilepfie a deux parties ; pre- mièrement , guérira-t-on 'i En fécond lieu , fi on ne guérit pas , qu'eilce qu'on a à craindre ? Cette féconde partie efl: déjà rem- plie par tout ce que je viens de dire- dans^ l'article précédent -, avoir déve- loppé les effets de l'épilepfie, c'eft avoir- fait connoître ce qu'on a à en crain-- dre , fi elle ne guérit pas i & je n'ajou- terai qu'une remarque , c'eft que ces: fuites funeftes ne font à craindre que pour ceux qui ont dts accès fréquens. 206 DE l' E P I L E P S I E, ou violens ; j'ai vu des épileptiques chez qui les accès étoient rares & peu • forts, & chez lefquels il étoit bien dif- ficile de découvrir aucune altération fcnfible qui dépendit de cette caufe j • mais on doit craindre un épanchement on fanguin ou fereux, & toutes leurs fuites dans un accès très-Fort. Si les, accès font très-rapprochés , ils laiflcnt également le cerveau dans un affinlfe- ment iinguîisr. J'^i vu une femme dont les accès étoienf fart courts, mais- qui en avoit e\i vingt -cinq dans une nuit ; elle relia pendant deux jours dans une léthargie dont on craignoit de lie pouvoir pas la tirer. §. 94. La première partie du pro- gnoftic n'admet prefque aucune géné- ralité , & doit varier pour chaque ma- lade: ainli tout ce qu'on peut faire, c'eft de donner les principes qui fer- vent à rétablir, en obJervant premie- .reraent qu'on l'a fait- en général trop fâcheux 3 ce qui vient vraifemblable- ment de deux caufes ; l'une, c'eft le préjugé ancien , qui faifoit regarder cette maladie comme furnaturelle 5 l'autre 3-, c'eft que comme on la traitoit mal, 011.^ la guériflbit peu ou point. DE L' E P I L E P S I É. 207~ 11- y a fans doute , pluGeurs épi- lepfies incurables , mais elles ne \e font pas toutes; j'en ai guéri un très- grand: nombre ; plufieurs médecins peuvent en dire autant , & je fuis perfuadé qu'on en guériroit bien davantage, fi les, médecins n'étoient pas ^ eux - mêmes, trop imbus de ce préjugé, fi plus d'ef- - pérance leur donnoit plus d'attention,, SiCu en abandonnant trop tôt un rna- lade» ils ne le réduifoient pas à la trille nécefiité de. fe jetter entre les mains n^eurtrieres des -charlatans , qui cfent tout, & effayant les- remèdes les plus, violcns, en guériffent quelquefois un fur un grand nombre, & en jettent la plusgrande partie dans un état fâcheux. J'ai fous les yeux un mémoire pour une fille de vingt-fept ans , attaquée d'un accès il y a cinq ans, fans autre caufe^ apparente qu'aile?, d'irrégularité^ dans les règles, qui, la première année, eut fept accès , la féconde treize , fans qu'on lui eût J-ien fait qu'une faignée du pied , deux purgations , & quelques bouillons rafraichiifans; après le ving- tième accès , on confulta un autre mede= cin , qui lui ordonna pour tout remède , fans régime, des pilules anii hil^ériquesj S?OS DE L' E P I L E P S I E. elle ks prit pendant fix mois fans fuc- .ces : elle confuita un empirique^ qaj , par un remède violent, que je foupqoti- ne être la poudre d'AIgarot, la Et vo- mir avec des efforts dans lefquels elle faillit à refter j elle eut une falivatioii énorme, qui lui a fait perdre pUiHcurs dents, & lui a lailfé la bouche en très- mauvais état 5 fes digeftions ne fe font plus , fa fanté eil ruinée , & fes accès font plus forts & plus fréqucns. Si^Ie médecin avoi: donné plus d'attention à fon état y s'il en avoit mieux reclierché toutes les indications, Ci, en lui ôt.int fjtôt l'cfpérance , il ne l'avoit pas con- duite à la perte, je fuis perfjadé qu'il auroit pu la rétablir entièrement i & }'efper# que fixer davantage l'attention des médecins fur tous les détails de cette maladie, dont j'ai été fi fouvent occu- pé, ce fera rendre un vrai fervice ^ux malades qui ont le malheur d'en être atteints. §. 9). HippocRATE nous a laiifé deux aphorifmes fur le préfage de l'epiiep/ie.^ " Ceux, qui en font atta- >, qués , dit-il , avant l'âge de puber^ jj té , guériifent j mais ceux qui n'en » font attaq^ués qu'après l'âge de ving^t». D s l' E P I L E F s I E. 2.09 ;, cinq ans , le font jufqucs à la mort {q\ y. Et ailleurs , les jeunes gens attaqués „ de répilepfie , giiériirent principale- j5 ment par le changement d'âge , de „ pays, & de faqon de vivre (r).". Dans un autre endroit, il clétaiile un peu da- vantage ce prognoQic : " L'on a beau- „ coup de peine; dit il , à guérir les épi- ,5 leptiquesqui portent leur maladie dès ,5 l'eiîFance , & chez qui elle s'eft foute- „nue jufques à Fâge viril , ou ceux „ chez qui elle s'eft maniFeftée dans 53 l'âge viril , c'eft-à-dire , depuis l'âge „ de vingt-cinq ans jufques à quaran- „ te- cinq îtns ( j). " C E L SE a adopté ici, comme ail- leurs, les prognoPrics d'HiPPOCRATE. Alexandre la regarde comme in- curable, quand on ne la traite pas dès les commencemens. Aretee avoic auffi étab'i avaiît Alexandre, qu'en général elle eft très - grave j & il dit que quand elle ceffe fpontané- nient , par le changement d'âge, elle lailfe de triftes fuites, & envienjes de la, beauté, c'eft fon exprelîioni elle laifi (q) Lib. i'efpérance diminue beaucoup ; mais pour ne la pas perdre tout-à-fait , il faut fe rappeller le cas de LtONi- c E N I , qu'on cite , qu^nd on veut parler de la plus belle vicilleife , & qui, après avoir été épileptique dès le berceau, jufques à l'âge de trente ans, n'eut plus d'accès depuis lors , Se de- vint prefque centenaire fans aucune infirmité. L'épilepfie chez les jeunes perfon- nes qui n'ont pas [en :ore été réglées , DE L' E P I L E P S I E. 219 & qui font en âge de Tètre , ne fe gué- rie point, avant que les règles ayenc pa- ru; chez celles qui ayant déjà eu leurs règles, éprouvent une fupprciîion, réoi- lepfie, foit qu'elle ioit l'effet de ce dé- rangement, foit qu'elle en foit indépen- dante, ne fe guérit point pendant que la fupprefFion dure j mais ni dans l'un ni dans l'autre de ces cas, le rétabliilcment des règles «'opère pas toujours la gué- rifon^de i'épilepfiei c'eft un oblhcle enlevé, mais l'ouvrage n'eft pas fait. §. I02. L'épiiepfie qui attaque de* puis qu'on e[\ forti de Page de puberté , n'eft pas plus ijicurable qu'une autre , malg^r^ raphorifme d'HiPPOCRATB i fon prognoftic ne varie que iuivanc les circonftances qui l'accompagnent , & qui feront l'objet d'un autre para- graphe. §. 103. J'ai déjà dit qu'il étoit fort rare que l'épilepfie attaquât les vieil- lards , & l'obltsrvation de Mr. MoR- GAGNI , qui a VLi un homme de foi- xante huit ans , attaqué de ce mal pour la première fois , eft la feule de cette efpece que je me rappelle d'avoir lu ; je n'avois vu jufques ici qu'une iei>)e perfoiine qui en eût été attaquée aiu' ' K Z 220 DE l'EpILEPSIE. dclTus de Page de foixante ; elle l'a confervée julques à fa mort , arrivée fcpt ans après, par une maladie putride dans laqueli-r je la vis; & il y a quel- ques femaines , que j'ai été conlulcé pour la femme d'un jardinier, âgée de foixante trois ans , qui , i! y a deux îins, en fut attaquée pendant la nuit d'un jour très- chaud ; depuis lors elle a eu dix- huit ou vingt accès, mais qui tous, hors un feul, l'ont faifie la nuit i ils durent un quart- d'heure i elle paroic prête à étouffer, & après qu'il eft fmi , elle refte pendant quel- ques heures fans mémoire & prefque fans ccnnoilfance. §. 104. Quand l'épilepfie fubfifle des lu jeunelîè , & ne fe guérit pas , elle ne lailfe point parvenir à une gran- de vieillcife , elle dégénère en apo- plexie , & tue promptement ; ou bien , comme o.n fa vu dans l'article précé- dent, la léfion du genre nerveux* jet- tant toutes les fonctions dans la lan- gueur , les malades périifent de quelque maladie chronique. §. lOf. Indépendamment de l'âge , il V a d'autres circonftances qui varient • le'prognodic de fépileplie. DE l' E P I L E P S I E. 22 r La fvmpathique efi; en général bien plus aifée à guérir que l'idiopathique , & on peut dire qu'elle l'efl: , toutes les fois que la caufe qui la produit, n'eft pas incurable , ou que la partie qui eu eft le fiege , peut être emportée fans dan- gerj à moins cependant qu'elle ne durât depuis bien long tems , parce qu'alors 11 cil; à craindre que le cerveau u'ait acquis par l'habitude une forte difpotl- tion épileptique, & que lors même que la caufe principale fera détruite, d'au- tres caufes bien moins conlidérables ne la reproduifent. L'épilepHe dont les accès font ^très- violens t fait ctnindre que le mnladc ne fuccombe & ne périffe dans l'accès. Quand ils font forts & rapprochés, ou peut également craindre que Torgan!- fation ne foit très- viciée, & que le patient ne foi» prêt à tomber dans la langueur. Celle dont les accès ne font produits que par une feule caufe accidentelle» ou au moins par une caufe accidentelle forte, eft d'un plus heureux augure, que celle qui fe reproduit pour des caufes fi légères, qu'elles échappent , & qu'il eft prefque toujours ^jmpoffible K 3 232 DE L'EpILEPSIE. de les affigiier; cette grande facilité à fe reproduire, preuve une grande convuU flhiliré dans le cerveau, &. laiife pe«a d'eTpérance de la détruire. La colère produit quelquefois des accès d'épilepfie, mais qui n'ont fou- vent aucune fuite j je n'ai même pas vu d'exemple de quelqu'u-n qui fut Ti{\é épileptique après la colère, exc-ept« )h femme en couche dont j'ai parlé plus hautj mais quand cette nialadie cil reflet de la peur, elle eft beaucoup v'us à craindre Si laiife bien moins d'efpérance. (^uand les chagrins produifent l'épi- lepHe, c'eft à la longue, en détruifant le genre nerveux, plutôt que brufque- ment, & elle eft très-fâcheufe, parce qu'elle eft la fuite d'un dépériifement général. Le fond du tempérament, qui a plus ou moins de reflburce, l'état de ia fanté, les circonftances agréables ou triftcs, dans lefquelles on fe trouve, i'air qu'on habite, le genre de vie qu'on mené, les remèdes qu'on a déjà employé, leurs effets, font encore autant de circonftances qu'un méde- cin doit pefcr & combiner cntr'elles , I DE l'EpILEPSIE. 223 âvnnt que de donner un prognoftic. EnBn, il ne faut point fe diifimuler, qu'il refte toujours incertain à un cer- tain point, & il n'y a qu'un charla- tan ou un fourbe, qui puilTe promet- tre une guérifon complette & radica- le avec cette confiance, avec laquelle on promet celle de beaucoup d'autres maladies; parce que nous n'ayons au- cun figne certain pour apprécier à quel point le cerveau eft endommagé & Tuf- ceptible de rétablilTement. Il eft tems de m'occuper des moyens qui peuvent le procurer. Article XVII. Idée générale du traitement, §. 10^. En fe rappellant ce que j'ai dit plus haut, des caufes qui produi- fent répilrpfie, on verra, que je les ai partagées en caufe proégumene , ou difpofiiion épileptique, convulfibilité' du cerveau i en caufes occaiionnelles, & en caufes accidentelles, qui détermi- nent Taclion de la caufe proégumene, ou des caufes occafionneiles. Pour guérir l'épilcpfie , il faut, K4 224 DE 1°". connoitre cxademenc quelles fout les caufes occadonnelles , pour les dé- truirej 2°. quelles fom les caufes acciden- telles, dont l'influence efl la plus mar- quée, pour les prévenir ; & enfin dilîi- per la cauii proégumen.e, en rendant lu cerveau toute fa force & en chan- geant ce principe de convulfibilité, dont l'acle eft un accès d'épilepde. J'ai divifé les caufes occafionnelles en fyni. pa'.hiques & en idiopathiques §. 107. Les caufis fympathiques ont leur fiege, ou dans les organes inté- rieurs, ou dans les parties externes: les premières, obfervées jufques à pré- lent , font , pour continuer l'ordre que j'ai fuivi plus haut, i". dans i'elio- macj 2**. dans les inteftins; 3". dans le foye & la véficule ; 4°. dans k ratej 5°. dans les reins; 6°. dans la velîîe; 7". dans les organes de la génération s & 8°- dans la poitrine. Les externes font placées, 9*. au fommet de la tête;^ 10°. à la lèvre fu* périeure; li°. au fein; 12°. à fcpau- hy 13°. au bras & aux doigts de la main; 14^ à l'aine, à la cuiife & à la Jambe i î)-°. aux dittérentes parties du pied. DE L'EPILEPSÎE. 22) §. 108. Les kliopathiques fe parta- gent eu deux claiTcs-, ou celles qui font fixes dans la tète , ou celles qui agif- fent en irritant d'abord le cerveau mê- me. Les premiers font, i^. les dif- férens accidens de chirurgie qui on£ endommagé le cerveau; comme playes^ frnclures, contullons; 2°. les caries & les abcès du crânes 30. les intro- preiTions de la table interne; 4°. la corruption & l'ulcération de la dure- merci 5®. les offifications des mem- branes du cerveau-, 6^. Thumeur gé- latineufe & graille ufe , qui s'épanche quelquefois dans les cavités, ou au- tour de ce vifcere; 7®. laférofité qui inonde quelquefois toutes ces parties» 8% les bydatides & les abcès qui s'/ forment; 9*5. le ramolliifement du cer- veau; 10^. fes fquirres ou calîolités ; 11°. les tumeurs charnues qu'on y a trouvé. Les fécondes font, t2^. la pléthore, foit qu'elle fe forme peu-àpeu par un excès de nutrition , Ibit qu'elle foit l'et:- fet de la fupprelïion de quelqu'évacua- tion ordinaire, foit que par un vice de configuration, il y ait une pléthore- particulière ducerveau, IB'^. la pléthore K Ç 226 DE l'EpILEPSIE. occafionnce par le vin; 14c. i'àcrete des humeurs, qui dépend eile-mème d'une grande variété de caufes qu'il eft inutile de rappeller ici. Les caufes accidentelles fe rangent fous trois cialfes. 1°. Les pallions. 2^. Tout ce qui peut augmenter la quantité ou le mouvement du f^ng. 3°. Tout ce qui peut irriter le genre nerveux j & l'on a vu que cette cla0e fe (oudivifeen plufieurs genres. § 109. Avant que d'aller plus loin, il ne fera peut-être pas inutile de s'ar- rêter un initant fur cette divifion des caufes, dont quelques-unes paroilfent rentrer dans d'autres,- ce qui pourrojc lailTer chez quelques perfonnes une idée confufe, que je fouhaite de pré- vrnir, quoique pour cela il faille ré- péter ce que j'ai déjà dit. L'épilepfie dépend de deu.c caufes; la prédifpo- fante, qui eft un vice inhérent aux nerfs dans leur origine, & qui n« tom- be pas fous nos fensj & la détermi- nante, c'eft-à-dire, celle dont l'adion niet enjeu la première, & qui fe divi- fe en fympathique & en idiopathique : j'efpere qu'on a compris cette divi- fion i je la rendrai cependant encore I DE L L P I L E P S I E. 227 plus fenfîble par un exemple. Je vois un homme qui a une attaque d'cpilep. fie, j'en conclus que la caufe prédif- pofante de cette maladie exifte chez lui, & cette conclufion eft bien fûre , puifque je conclus de Tetïet à la cau- fe ,■ mais une demi heure après, cet homme fe porte à merveille, il eil: fore Lien pendant fixmois, quoique la dif- pohtion de fon cerveau foit toujours la même,- j'en conclus avec raifon , qu'il y a quelqu'autre caufe qui excite cette première: un examen attentif me découvre que cette caufe git dans Teftomac, dans les inteftins, dans la vciîie, dans l'utérus, au fein, au pied, SiC. où il y a des vices permanens, qui forment un foyer d'irritation, qui fe répandant par les nerfs, détermine l'accès, quand il eft porté au cerveau 5 c'cfl: ce vice que l'on appelle caufs dé- terminante ou occafionnelle i mais c6 vice exifte continuellement dans plu- fieurs cas, & cependant l'épilepHe n'eft pas continuelle, elle a de longs filencesi il y a donc des tems où ce fécond ordre de caufes n'agit pas, il faut par confé- quent qu'il y en ait d'autres qui déter- jninent fonadiouj c'eft celles que j'ai K 6 228 DE L'EpILEPSIE. appelle catifes accidentelles ^ qui fone aux occafiomielles ou déterminantes, ce que celles-ci fcnt à la prédirpoTante ou première. Mais ce qu'il eft impor- tant de remarquer, pour éviter touc «mbarras, c'eft que ces caufes du troi- l'ieme ordre,, que je viens de ranger lousr trois clafTes, les pafîions , la pléthore, l'âcreté , font fouvent tout à la fois, caufe déterminante &caufe accidentel- le,- i! n'y a pas toujours, comme on l'a vu, une caufe organique fixée dans quelques -parties j mais les caufes que je viens d'indiquer , agilfent fur le cer- veau même. Il y a tel malade qui n'a aucun vice dans le cerveau que façon- vullibilité, è. elle n'eil jamais mife eu jeu que par la pléthore j ici In pléthore eft caufe oecalionnelle, & les caufes qui la varient, font les eaufes acciden- telles. Chez un autre, le cerveau eft comprimé par une tumeur, le malade elt cependant fouvent fans accès, & n'en auroit jamais fans cette tumeur, mais elle fait que dès que les vaiifeaux font un peu plus tendus, il tombe dans des accès,- dans ce cas, la tumeur e(t caufe déterminante ou occafionnelle,- la plé- thore n'eft que caufe accidentelle. Gss DE l'EpILEPSIE. 229 éclaircitTemens & ces exemples fuffiront, j'efpere , pour enlever tout ce qu'on auroit pu trouver d'embairairant dans eet article des caufes. H en ei\ des paffions & des humeurs acres, comme de la pléthore i elles font fouvent caufes déterminantes & caufes accidentelles; on a même vu que les- fortes pallions 4)roduifent fouvent la caufe prédifpofante, on pourroic alors les appeller caufes créatrices. §. 1 10. Guérir toutes ces caufes occa- fionnelles, prévenir les accidentelles^ changer la difpolition épileptique du cerveau, c'eft guérir fépilepfic i mais Ton fent d'abord: lo. Qiie cela eft toujours très-déli- cat, & demande beaucoup d'attention», fouvent difficile, quelquefois impof- iible. 2°. Que le traitement de l'épi! epda demande par-là même d'être varié lui- vant les caufes; & qu'ainfi, annonce» un fpécifique général pour fa guériiba «n général, elt une charlataneric, qui prouve l'ignorance ou la fourberie. S'ii peut y avoir un fpécifique, ce ^feroifc uniquement pour h dirpofition épilep- tiquçdu cerveau, la caufe proégumc- 230 DE L' E ? I L E P S I E. ne; mais cette même caufe peut être combinée avec des circonftances diffé- rentes, qui elles-mêmes exigent des attentions particulières, & mettroient obftacle à l'emploi d'un même remède j on en verra des exemples dans la fuite de ce chapitre. ^^. Que il l'on guérit peu l'épilcp- fic , c'elt manque de faire attention à la variété de fes caufcsi- & que Ci quel- quefois les remèdes les plus vantés & peut-être les meilleurs réufîiifent mal; c'eft parce qu'on ne fait point attention aux ciiconllancçs accompagnantes, qui en troublent l'ufage & en pervertilfeiit l'effet. L'on- trouve dans Guy Patin, un morceau relatif au traitement de cette maladie, qui mérite bien d'être rapporté ici. „ Je crois, dit-il, qu'il ny a aucun j5 remède anti-épileptiquej ceux que 55 Crollius & la nation des chimiftes ,5 vantent pour tels, font des fidions 55 & de pures fables j je n'en excepte ni 55 le guy de chêne, ni le pied d'élan, 55 ni la racine de pivoine, ni autres ^5 femblables bagatelles. La guérifon 53 d'uiiç fi grande maladie dépend d'un DE l'EpILEPSIE. 231 „ exadl régime de vivre, avec l'abfti- „ ncnce des femmes, du vin, de tous „ alimens chauJs & vaporeux .... il „fautautîi quelquefois faire forcir du y, pus qui eft dans le méfentere , le ,, poulmon, la partie cave du foye ou „ l'utérus } & les paroxifmes ne celTent „ jufques à ce qu'une telle humeur foit „ dehors (:/). Article XVIII. TraiteuîevJ des épihpfres Cyriipathiquef , qui ont leur jiege (hvis les p.irties mternes, §. HT. L'on a vîi plus haut quels rvn:iptômes avoier.c fiit juger à Ga- LiEN, que la caufe de l'épilepfie du jeune grammairien, étoit dans l'efto- mac i il dirigea fa cure en conféquence & guérit Je maladej ics remèdes qu'il employa ne furent que de l'aloés., qui fnrge '^ fortifie ^ h il fut fi bien réta- bli, que pendant vingt ans il jouit de la plus parfaite fanté {x). Z a c u- (w) Lettre \z<). Toin. II pag. 66!{. Ix} De Loz. afecî. L. 5. Çh. 7. ChART. Tom. 7. pag. 493. 232 DE L' E P ï L E P S I E. TUS LusiTANUS , dont j'ai déjà indi- qué robfervation, fans la rapporter, ne guérit fon malade qu'en l'évacuanr. Les grouillemens dans le ventre, les raufées , les crachats vifqueux & en- fuite les vertiges, qui précédoient tou- jours l'accè?; , lui prouvèrent que le mal avoit ion fiege dans i'eftomac; il lui Et prendre tous les jours, pendant un affez long-tems, un vomitif forfc doux , compofé de quatre onces de dé- coclion de tabac fec, dont il ne dé- termine point la quantité, & d'une once d'huile d'amandes douces, ce- qui Jui faifoit vomir beaucoup d'une pitui- te vifqueufe, & lui procuroit deux ou trois Telles. L'on a aujourd'hui des moyens plus fûrs de faire vomir; mais cette obfervation prouve au moins la néceïîîté d'employer ce remède dans quelques cas d'épileplle, & cette né- ceiFité ert confirmée par d'autres faits. Le même auteur, quelques obferva- tions au dellbus de celle que je viens de rapporter, cite celie d'un porte-faix, attaqué d'une épileplie très-violente, qui commençoit par des contorfions dec mains , fuivies d'un niouvement défor- dçnné dans la langue, un violent mai DE l'EpILEPSIE. 2^5 de tête, le vifage pâle, Timagination égarée, un mouvement de roiatiaiî dans la tète, un obrcurciirement dans la vue; enfin il tomboit rudement, avec une perte entière de connoifance, des convuliions Ci violentes & la continua- tion du mouvement de rotation fi fore dans la tète, qu'on i'auroit dit polTédé- du démon i le mal revenoit trois ou quatre fois par mois; il eiTaya tous les remèdes pendant plufieurs années j tous furent inutiles; enfin il fut guéri en prenant quatre fois une préparation de vin ftibié, qui lui firent rendre une immenfe quantité de pituite & de bile Pl'Erari guérit un homme, âge de vingt-cinq ans , epileptique depuis un an, en lui donnant, en trois dofes, iîx cueillerées d'huile de baleine , ce qui lui fit rendre une prodigieufe quantité de glaires & de bile jaune & verte, & le guérit (z). §. 112. Les émétiques entremêlés avec les purgatifs, 8c dans l'eiure- deux des huileux, réuilirent très-bien (//)Obrerv. 28. (2) BuRNET Thcfaurus Medicin. prack Tome I. pag.46z. 2S4 DE l'Epilepsîe. au chirurgien épileptique, dont parle WoODW^iRT; & MM. VAN SWIE- lEN & DE Hakn, ont guéri, par le même remède, deux malades, dont les obfervations font inll:ructives. "J'ai vu, dit le premier, un jeune 5j homme épileptique, chez qui l'accès ,3 étoit toujours précédé par un trem- „ blemeiu de la fièvre inférieure, (mou- „ vement qui précède fouvent le vo- 5, miirement); il tomboit bientôt, & ,5 s'il pouvoit vomir pendant l'accèss ,5 il étoit promptement fini. L'accès „ revenant tous !es mois, environ le jjtems de la pleine lune, je lui don- „>nai pendant fix mois un émétique jjdoux, trois jours avant celui de la „ pleine lune, & le foir même un „ léger anodin i les autres jours il ,j prcnoit des remèdes fortifians, & „ au bout de ce terme, il fut parfaite- ,i ment guéri (a). La féconde obfervation, rapportée par Mr. de Haen, efl: aifez analogue. ,j II eft de la plus grande utilité, dit 5, cet habile médecin , d'obfervep atten- 55 tivement les fvmptômes qui prc- (.a) /fnhorifm. logo. T. III. , pag. 439. SE L'EPItEFSIE. 235 j5 cèdent Taccès, puifque l'expérien- 53 ce a appris que Ci Ton pouvoit les 5j prévenir, on prévenoit en même >5 tems l'accès î j'en citerai un exem- 35 pie entre plufieurs autres. Une épi- îjlepfie, qui depuis plufieurs années 53 avoit réCi[\é à tout , fe caradérifa 55 enfin par des naufées avant, & de ,5 vio^ens vomilfemens pendant l'ac- ,5 ces. NoHs nous ferions aifémenÈ 55 déterminé, Mr. van Swietek ,5&raoi, à donner Témétique avant 53 l'accès, & enfuite un anodin, fila ,5 groiTelTe de la malade n'avoit pas 55 été un obftacle; confidérant cepen- ,5 dant enfuite, que la mère & le „ fétus auroient moins à fouffrir de ,5 l'adion du vomitif que d'un accès, ,5 nous le donnâmes, nous le réïterâ- ,5 mes , & cela avec un tel fuccès , qu'el- ,5 le n'a eu aucun accès pendant dix jjans; elle fentoit, il eft vrai, de tems „en tems les prelTcntimens d'un ac* jjcèsj mais folxante gouttes d'un mè- ,5 lange de parties égales d'efprit de ^ fel ammoniac, de teinture de caf- „tor, de fiiccin & d'aiïa-fœtida, l'ar- ,5 rèroient d'abord : enfin, au bout de 5, dix ans, accablée par des chagrins cui- '23o DE l'EpiLEFSîS. 55^fi_ins, répileplle revint & la tua(^)',3. J'ai vu un jeune gr.rqon de huit ans, qui eut p'iuiieiirs accès d'épilepfTe , auxquds on ne put alli^ner aucune caufe fenfible , & auquef on donna pendant cinq mois plufieurs remèdes anti-épileptiques, fur -tout beaucoup de kina, de racine de pivoine à de camphre, fans aucun fuzcès. Qunnd on me l'amena, fa pâieur, fa mai- greur, fon peu d'appétit, une diar- rhée affez Fréquente, un poids prefque continuel au creux de l'eltomac, me perfuaderent que ce vifcere étoit is fiege du mal} ie lui ordonnai^ de Vy- pccacuanha qui le fit beaucoup Tomirî & enfuite du kermès minéral, pendant une quinzaine de jours, qui le fit enco- re vomir quelquefois, & dont l'ufage l'a guéri radicalement. Dans plufieurs autres cas, quoique je n'aye pas pu attribuer la guérifon uniquement à l'é- metique, je fuis convaincu que je n'aurois point guéri fuis ce remède ; je fuis même perfuadé que c'^ll en le négligeant trop, que de grands méds- (^) Eatiq Meden. pars. çta. Cap. 4. DE L'EpILEPSIE. 237 cins échouent , & c'eft à Ton iifage que la plupart des charlatans doivent le petit nombre des cures qu'ils ont opéré; mais l'ignorance avec laquelle ils Temployent prefque tous , indif- tindement dans tous les cas, fait qu'ils a-gravent le mal infiniment plus fou- vent qu'ils ne le guériffent, parce que le nombre des épilepOes dans lefqucl- les rémétique nuit, e^t infiniment pius grand que celui de celles auxquelles il convient. On trouve là-delTus de plus grands détails à l'article général de rémétique, dans les maux de nerfs. J'ajouterai une remarque fondée fur pluficurs obfervations i c'ell qu'il n'eft pas toujours aifé de découvrir que le fiege de l'épilepfie efi: dans l'cf^ tomacj ce n'eil quelquefois qu'après un bien long examen & une fuite exac- te d'obfervations fur ce qui nuit ou qui eft utile, qu'on peut parvenir à s'en afîurer, & ce n'eft qu'alors qu'on peut fe flatter de travailler avec quelques ■fuccès à fa guérifon. J'ai vu plufieurs épileptiques avoir un appétit prodigieux, prefque vora- cej chez les uns c'étoit l'effet d'une humeur acide qui irritoit l'eftomac » 238 DE l'Epilepsie. (S: la fimple panacée leur failoit beau- coup de bieiii elle modéroit cet appé- tit, élojgnoit les accès, les rendoit moins violens; chez d'autres, cette faim me paroiffoit tenir à une QÏ'pcce d'âcreté dans les efprits animaux, qu'on ne peut pas dire acide, piiifque les abforbans ne la diminuent pas, mais que j'ai trouvé chez quelques fous qui font prefqu'infatiables. Les aqueux, les huileux même, conviennent bien mieux dans cette efpece que les ab- forbans. §. 113. Quand la caufe du mal oft dans les intellins, ou dans le méfeii- tere, ce qu'on connoit aux fig.ies qui caradérifent les embarras de ces parties. & que j'ai rapporté, §. 20 & 21, en parlant de cette caufe d'épilepfie, la vraie méthode , c'eft de réitérer les pur- gatifs: je purge tous les huit ou tous les quinze jours, tous les mois, ou plus rarement encore, fuivant que les accès font plus ou moins fréquensj je fais éviter en même tems, dans le régime, tout ce qui peut augmenter les embarras & les obftruclions, fur- tout le falé, les graiiTss & les laitages; cette attention eit de la plus gr.mde I DE L'EPItEPSîE. 23^9 importance, & je fais prendre que4- qucFois dans-4es jours intermédiaires, car cela ne me paroit pas toujours né- celFaire, quelques autres remèdes dont le choix eft déterminé par les circonf- "tances accompagnantes, quelqueiois la magnéfie blanche, d'autrefois des fels neutres, fouvent des pilules avec les extraits favonneux & amers, des pi- lules gommeufes, le kermès minéral; d'autres fois, comme je l'ai déjà dit, rien du tout que les purgatifs qui fuf- fifent fouvent, ils fouitraifent la caufe de l'irritation ; & les nerfs , n'étant plus irrites , fe fortifient. Je me fers aifez ordinairement deia poudre cornachine, qui réulîît très- bien dans ce cas; les fels neutres, la rhubarbe, le féné , le jalap, font aulfi très- utiles i mais la manne, la caffe , les tamarins , ne font que bien peu efficaces. Il y a cinq ans qu'on m'amena une jeune fille d'onze an^s, qui, depuis dix mois, avoit eu fix accès très-forts, que je ne pus attribuer qu'à la faburre d«s premières voyes : je la purgeai avec de la poudre cornachine, que je réitérai huit jours après, & que je fis 240 DE L'EpILEPSIE. réitérer toutes les Cix femaines pendant un an , fans rien faire d'autre j elle n'a eut dès lors aucun reifentiment de mal. L^même purgatif, réïteré lix foiSi une fois tous les mois, a guéri radicale- ment, il y a deux ans, une jeune fille de neuf ans. §. 114. C'eft dans les épilepfies llo- machiques & dans celles- ci, que les eaux minérales chaudes réulfiffent quel- quefois fi bien , en fondant les glaires, en défobrtruant, en évacuant & en purgeant. Je mefuis fervi avec le plus grand fuccès de celles de Balaruc, mais à dofes modérées, de façon qu'elles ne procurent que trois ou quatre felles par jour dans les commencemens, & moins fur la fini données ainli à pe- tites dofes, elles fortifient extrême- ment l'eflomac, lesinteftins, le méfen- tere &'tous les organes fecrétoires du bas- ventre ; mais que leurs fuccès dans cette efpcce n'autorifent point à les employer dans d'autres , elles pour- roienc devenir funeftesi on a vu des exemples de leur danger dans le chapi- tre des convulfions. §. 11^. Quand outre les embarras, les obftrudions , la cacochilie, on trouve beaucoup 1 DE L'EpiLEPSIE. 241 beaucoup d'atonie & de foibiefTe, il faut nécelTairement donner des forti- fians, ou entre les purgatifs, ou quand on les a abandonnés i & la limaille de fer efl; un de ceux qui m'a le mieux réuffi, mais à petites dofesi quand ce font des adultes, les eaux martiales froi- des de Schwalbacb , de Spa, de Pyy. mont, &c. font très-indiquées, & r«uf- fiiTent très - bien. §.ii^. Si le mal eft d'abord compli. que d'une grande mobilité du genre nerveux, oufi les purgatifs réitérés & les remèdes apéritifs paroilToient la pro- duire, on y remédieroit parTufage -des anti-fpafmodiques , dont je parierai plus bas; mais qui, s'ils ne font pas précédés parles purgatifs, font au moins inutiles, fouvent nuiiibles. Dans cette efpece produite ou entre, tenue par le relâchement, les fimples delayans, les adoucilfans , les bains tie- des, aggravent le mal & jetent lesmala- des dans la cacochimie, quelquefois dans la bouffillure. - §.117. Une bile acre, qui irrite le duodénum & les premiers inteftius, e{fc louyent la caufe de J'épilepfie, & i! elt important de bien diflinguer cette Lé 24^ DE l'Epilepsie. efpece; quand elle eft connue, le fim- ple ufage habituel de la crème de tar- tre, celui du petit lait, un régime acef- cent, l'emportent très-fou vent j fi elle eft accompagnée, comme cela arrive fréquemment, d'une féchereffe généra- le , les bains tiedes deviennent de la plus grande utilité, aufli bien que les boif- fons délayantes prifes en aifez grande quantité. J'ai vu plufieurs malades que j'ai guéris par laieule crème de tartre j & Mr. SiDENiER, médecin de Foîigny , m'a écrit qu'elle avoit remis deux cpileptiques pour qui il m'avoit confulté, &àqiii je l'avois confeillée; }e ne retrouve pas le mémoire à con- fulter, & je ne m'en rappelle point aiîez nettement les circonftances pour "les détailler, non plus que celles de l'état d'un gentilhomme Tirolois, at- teint de la même maladie, à qui je confeillai le même remède, qui, à ce ^ue m'a marqué fon médecin, célèbre praticien dans cette province, a eu le même fuccès. Le dernier malade à qui je l'ai conibillée , avoit des rapports ni- dorauxprcfque continuellement, & des urines toujours rouges & brûlantes j .ce fut ce qui me décida à employer la l DE L'EpilEPSIE. 243 crème de tartre; je lui en prefcrivis un quart d'once, à jeun , de deux jours l'un, & le jour intermédiaire de l'efprit de vitriol dans de l'eau fraiche. Pen- dant les trois premiers mois decetufa- ge, les accès qui revenoient deux fois par femaine, ne font revenus que deux fois dans ces trois mois. Je n'ai pas ouï reparler du malade depuis fept ou huit leîîiaines. §. II 8. Quand les vers font lacaufe du mal, comme on a vu plus haut que cela peut arriver, outre les purgatifs, il faut employer les vermifuges, & je me trouve très- bien de la feule gre- nette, à laquelle j'ai quelquefois allié la racine de valériane , qui eft elle- niême un bon vermifuge , & qui fit ren- dre des vers à la plupart des épilepti- ques à qui Mr. Marchant l'ordonna avec tant de fuccès. Quand la grenette (Jemen contra) échoue, on a recours a d'autres fpécifiques; l'on a vu plus haut, que Mr. Heister guérit une cpilepfie vermineufe avec le kina & ]p niercure crud; j'en ai guéri une aveJ Ja poudre cornachine & le mercure doux; & c'eft fouvent le cas d'ordon^ ner les eaux chaudes foufrées, moyen L z 244 i^E l'Epiletsie. liant que les circonftances n'y mftt- tent point d'obftacles,- celles de Bala- ruc font auffi très-efficaces, & j'ai mê- me vu fouvent que les eaux martiales froides faifoient rendre des vers; ce qui les indique dans ce cas. J'ai auiii ordonné avec fuccès l'eau de chaux pour desconvulfions que je jugeai ver- mineures, mais qui n'étoient pas i'e- pilepfie. §. ir9. Quand une maladie de la véficule du fiel, du foye, de la rare, eft la caufe de l'épilepfie, ce n'eft qu'en guériflant la maladie caufe, qu'on peut efpérer de guérir la maladie effet: mais )q fuppofe ici le traitement de ces male- dies connu, il n'eft pas mon objet. Je dirai feulement que fi on le perd de vue , I pour s'occuper de l'épilepfie, & ordon- 1 ner des anti-épileptiques, il eft rare % qu'on ne nuife pas ; ils ne conviennent point aux maladies principales; & quand elles font terminées , ils font fouvent fuperflus, parce que les accès finifTent avec la maladie qui les a entre- tenus. , . 1 -• i §. 120. Ce que jfi viens de dire des maladies du foye & de la rate, s'appli- que également à l'épilepfie , produite par DE l'Epilepsie. 24f un vice dans les reins, & l'onaJéjavu plus haut robfervation d'un malade, que je crois guéri de cette dernière ma- ladie par les bains & l'eau de chaux que je lui confeillai, pour une dirpofîtion calculeufe. §. 121. J'ai rangé fous trois clafles les épilepûes produites par les orga- nes de la génération. 1*3. Celles qui dé- pendent d'un excès de tempérament 8c d'une grande continence. 2°. Celles qui font la fuite d'excès vénériens & d'un épuifement général, 30, Celles qui dépendent delà grolfelfe, des cou- ches, &c. Je me fuis affez étendu fur les deux premières dans Poniinifrne, pour être difpenfé de m'y arrêter à pré- fcnt; je rappellerai feulement ici une obfervation que je tiens d'un ancien médecin des armées Impériales; c'eft que dans la guerre d'Italie, en 1734 & ^735 5 les foîdats Allemands, jeunes &fages, traiifportés dans un pays où le climat, les alimens & les vins, les échauftbicnt, y étoient fréquemment atteints de cette efpece d'épilepfie, à laquelle on doit oppofer le régime le plus fimple & le moins irritant; il faut vivre de légumes, de fruits, de lait, L 3 246 DE l'EpILEPSIE. ne boire que de l'eau, prendre des bains tiedes & fe faire faigner d l'on eiV fanguinj mais le mariage eft le feul fpécifique. Quand ia maladie dépend de l'épui- fement vénérien, comme il eft très- fouvcnt l'eifet d'un épuifement porté à fon comble, elle eft aiTez ordinaire- ment incurable, & accompagne le ma- lade jufqii'au tombeau. Le régime for- lifaant, le kina, le fer, la racine de valériane, en font le vrai remède; les bains froids, moyennant que le malade conferve encore quelques forces, font auflî très- efficaces. Il y a cependant un cas dans lequel il faut commencer la cure par des bains tiedes, c'ejt quand on trouve un deflechemenf gé- néral, une peau chagrinée, une foif continuelle, une fréquence habituelle dans le poulx. Les toniques, dans cet état, fi on les employé d'abord & . feuls , augmentent le mal & hâtent la fin du malade. J'ai guéri un jeune homme qui étoit dans ce cas, parles bains tiedes, le lait pour toute nour- riture, & de petites dofes de fer & de valériane. §. 12,2. J'ai déjà dit que j'avois DE L'EpILEPSIE. 247 guéri une femme fujette à l'épilepfie dans fes groireffes >, par les faignées & les bains j ces deux remèdes, fur-tout lafaignée, un régime très-doux, une grande attention à avoir le ventre très- libre , font les moyens les plus effica- ces pour prévenir l'épilepfie qui dépend de cet étati celle qui elt une fuite de couches exige des attentions qui dépen- dent des circonftances & qui ne font point fufceptibles d'être détaillées ici. Quand elle eft la fuite de la fuppref- iîon des lochies, il n'elt pas rare qu'elle tue dans les premiers jours de la mala- die i quand elle vient plus tard, qu'elle eft la fuite d'un chagrin , d'une frayeur , • d'une colère, elle eft ordinairement très-opiniâtre, fur-tout Ci les règles ne fe rétablilfent pas régulièrement. Quand les règles font bien établies, & qu'elle fubfifte également, il faut la traiter comme l'épilepfie effentielle dont je parlerai plus bas. Celle qui précède l'éruption des rè- gles , & eft la fuite de la violente dou- leur, eft rare, quoique les convulfîons foient fréquentes à cette épgque. J'ai donné le traitement l'ii leur con^ L 4 248 DE l'Epilepsie. vient dans l'aiticle qui en traite, 5c celui qui convient à l'épileprie etl le même i elle eft le dernier degré des 4 convulfions. Ceft cette efpece que Mr. Pomme appelle épilepfie hyjUrique (c), & qu'il traite par fa méthode, qui eft en effet véritablement indiquée dans plufieurs cas de ce genre, mais pas dans tous; & je trouve dans les clafles des maladies de Mr. DE Sau- vages, une obfervation qui doit être rappellée ici. Une jeune fille dont le métier étoit de laver le linge , éprou- voit toutes les fois qu'elle avoit fes règles , des cardialgies & des accès d'é- pilepfie, & fes accidens continuoient encore quelque tems après même que les règles avoient paru. Les bains de jambes tiedes, les bouillons adoucif- fans, les caïmans, les demi bains tie- des fur-tout, aggra voient le mah un çrain d'extrait de jufquisme prévint les cardialgies & l'épilcplie dans le tems; mais les règles ne parurent pas. La malade ayant appris à fon méde- (c') Traité des ajccîion: vaporçufcs , Tû:uI. pag. X2î. DE L^EpILEPSIE. 249 cin , Mr. Coulas , que Tes règles avoient fouvent paru au moment où elle entroit à jambes nues dans la ri- vière i il lui fit appliquer pendant cette époque des fomentations d'eau froide fur tout le ventre & fur le pubis i cela réuiîiifant bien , il la fit même plonger dans des demi bains froids , qui pro- curèrent une abondante menftruation fans accidens {d). §. 125. Quand l'épilepfie ne parole dépendre que de la révolution de la puberté, elle demande plus de ména- gement que de remèdes > on doit fur- tout éviter avec le plus grand foin tous ceux qui font violens ; ce tems de développement efi; à la fanté de toute la vie , ce que le jour de la crife eft à une maladie aiguë : la nature efl en adion dans ces momens là, & veut être regardée, ou tout au ^lus aidée, jamais traitée violemment i la machi- ne efl; alors exceffivement fufceptible d'imprellîonsj 11 on la tracalfe par des irritans, elle fait des écarts affreux, & le mal eft fouvent fixé pour la vie. (d) -Nofologia Method. ClafT. 9. Tom.II. page }o6. 2f0 DE l'EpILEPSîE. Jç fais obferver un régime exa6l, qui ne fui'chargje ni ni irrite l'eftomaci je prive du falé, des pàtiiîeries , des graif- fes, du vin; je modère beaucoup l'u- fage des acides; je ne permets qu'une îipplication très- mo.iérée, quand ce font de jeunes gens qui reçoivent de réducadon; j'interdis aux jeunes fil- les tous les ouvrages qui font tenir la tète baifl'éc, & qui fixent les yeux; je confeilie à tous Tair de la campagne & une vie adivc ; & fi je donne des re- mèdes, ce n'eft prefque jamais que des foitifians, teis que de la limaille de fer ou quelques extraits amers; mais toujours à très-petites dofes, à moins que quelques circônftances particuliè- res n'en exigent d'autres. Souvent il vaudroit peut être mieux n'en point faire; m^is i! eft bien rare de trouver des parens qui ayçnt afTez de fermeté pour relie, tranquilles ipeélatcurs ds cette maladie. J'ai été confulté, il n'y a que peu de jours, pour un jeunç bomme, né de parens très-fains, très- bien porr-iPt lui même, & très-fàge, ciii (.11 dariS fa quatorzième année, & qui ayant mené depuis neuf mois une vie plus JJédçntaire ik plus ftudieufe DE L' E P I L E P S I E. 271: que celle à laquelle il étoit accoutumé, fans que cela pi rut cependant altérer le moins du monde fa bonne fanté, a été attaqué, il y a trois mois, d'un acci^ dent, qui parut être un léger accès d'épilepiie, & en étoit un en elfet. „ A huit heures du matin, après dé- ,3 jeûner, il travailloit, & tout-à-coup „ fans aucun indice préparatoire , il „ tomba all'ez rudement par terre avec „ des mouvemens convuififs très fen- „ fibles, dans toutes les parties de 5, fon corps, mais fans cris, ni geftes 5, de douleur j il y avoit feulement un ,j peu de roulemens de yeux , & il ,j rendit un peu d'eau écumeufe par la „ bouche } l'accès dura environ qua- ,5 tre à cinq minutes i il refta un quart „ d'heure à reprendre connoufance , „ après quoi il eut de violens maux ^ de cœur, & rendit à l'aide d'un peu ,3 d'eau tiède, beaucoup d'nlimens „ mêlés de glaires & de bi'e". On attri- bua le mal à une indigeiUon ; on le purgea, & on lui prefcrivic un régime: il a été dix (emames rrès-biea poitant} à cette époque, à lu même hcu^e, il y a fix jeu 'S, mais ava -C dcj.ûner, il a repria de la mçtuQ Faqoii un accès, L Q SfZ DE l'EPÎLEPSIE. en tout femblable au premier, mais en tout plus foible : c'eft ce fécond ac- cès après lequel on m'a confulté , & je ne lui ai donné que les diredlions que je viens d'indiquer, & que j'ai vu trop fouventréuiîir, pour que je fois inquiet fur le parfait rétabliirenient de ce jeune homme. §. 124. Quand, dans le fexe, cette époque eft accompagnée d'un principe marqué d'oppilations, l'on doit em- ployer le traitement qu'exige cette der- nière maladie, en fe fouvenant tou- jours qne l'on ne doit fe permettre au- cun remède violent, qui, en augmen- tant la convulfibilité des nerfs, aggra- veroit le m.al , & non-feulement aug- menteroit l'épilepfie, mais fixeroit les oppilations, Scenrendroit la cure beau- coup plus difficile. Le tempérament du malade décide fur le choix des remèdes, & en renvoyant à ce qu'on trouve fur cet article, dans le chapitre des caufes des maux de nerfs, je n'a- jouterai ici qu'une feule obfervation j c'ell que l'une des femmes les plus cruellement attaquées des maux de nerfs que je connoilfe, eft uns femme née force & robuite , mais qui eut des oppi-; DE l'EpILEPSIE. 2fJ lations opiniâtres, pour lefquelles un apothicaire charlatan lui ordonna un remède très-violent, dont elle ignore lacompofitioni elle fait feulement qu'il y entroit de la baleine brûlée, qui n'eli; qu'une cendre alcaline i elle eut de violentes convulfîons pendant l'o- pération du remède, & ce moment fut l'époque du dérangement defafanté; depuis lors elle n'a pas eu un inllant de bien, & ledéfordre de fes nerfs m'a fourni les faits les plus bizarres j j'en ai rapporté plufieurs dans d'autres chapi- tres de cet ouvrage. IVIr. du Poueix, dont j'ai rapporté l'obfervation §. f4, guérit la jeune perfonne que la fup- prelîion de fes règles avoit rendue épi, leptique , par deux faignées , & un ufage abondant du tartre martial foluble , qui les rappella [e]. §. I2f. J'ai déjà dit qu'il eft bien rare que l'épileplîe foit une fuite de riiyftérie, comme quelques médecins le croyenti Ci cela arrive, ce fymptôme n'exige d'autre traitement que celui qu'on oppofe à la maladie principale dont il eft l'elFet. C^] Journal de Mcdcdnc ^ Tom. 30. P- 444. 25*4 ^^ l'Epilepsie. §. 126. Quand on eft fur que le vice de la poitrine eft la caufe de l'éptlep- fie, c'eft à la guérifon de ce vice qu'il faut donner tous fes foins i & en gène- rai dans ce cas, comme dans la plupart des précédens & des fuivans, il ne faut point s'occuper d'abord de l'épi- lepfie, on doit la regarder comme accident, mais un accident qui exige cependant quelques attentions; la pre- mière, c'eft que puifqu'i! prouve que les nerfs font très-fufceptib'es de con- vulfions, il faut éviter ce qui pourroit augmenter cette malheureufe dilpoli- tioni la féconde, c'eft qu'il faut fur- tout être en garde, dans le régime & dans les remèdes, contre tout ce qui peut trop porter les humeurs à la tète j la troifieme enfin,' c'eft que comme une trifte expérience a appris que quoi- que répilepfie fût d'abord accidentelle , & un fymptôme d'autres maux, ce- pendant, lors même que la caufe^ a été enlevée, fouvent la difpofition epilep» tique refte î on doit être attentif, après avoir détruit la caufe, à obferver li la di-poution i'eftauirij fi l'.n a quelque lieu d'en douter, & on doit toujours le craindre, quand les uerfs paroilTeal; d'e L 'E P I l e p s î E. 1^^ être fort mobiles , il faut employer les fecours les mieux indiqués, pour pré- venir, s'il eft pofTible, les nouveaux accès. Article XIX. Traitetnetit Aes épilcpfies fympnthiqnes ^ qui ont leur fiege dans les parties externes. §. 127. Il feroit inutile de parcou- rir toutes les efpeces d'épilepfies qui dépendent des caufes externes que j'ai indiqué plus haut, & d'ailîgner à tou- tes leur traitement î elles ont des prin- cipes de curation communs qu'il fuffic d'indiquer. La nature, en guériflant par l'ou- verture d'une ulcération fur la partie maade, comme on a vu plus haut qu'elle faifoit q'ie'quefois chez la re- ligieufe dont parle Don AT, a mon- tré la bonne voye , qui couiifte à ou- vrir un écoulement lur l'endroic mê- me alîedé, ou au moins fur celui d'où parc le mal, fi l'on n'y apperçoic riens a emporter le corps étranger, s'il s'y eu trouva ùiij comme - g!ie;s la j^uue 2^5 DE L'EpILEPSIE. ' ftUe dont F ABRI nous a confervé rhiftoire, voyez §. 32, à extirper la tumeur, s'il y en a une, comme le fit Mr. ScHORT. Qiielquefois il faut incifer, d'autres fois appliquer un véficatoire, comme "Wepfer, on brûler, comme Brunner le fit chez la malade dont le mal commen- qoit par la nuque, §. 32. Je traitai le cordonnier dont le mal commenqoit par la cuiiTe , en faifant d'abord appli- quer un véficatoire fur l'endroit^ mê- me j enfuite quand il fut tari, j'y ns ouvrir un aiTez grand cautère, qu'il entretenoit avec des boules de cire ova- les, plus grandes que celles qu'on em- ployé ordinairement, & je lui donnai en même tems de la valériane, ce qui l'avoit parfaitement guéri [/] Cet m Depuis que ceci eft écrit , j'ai reçu de fes nouvelles; il m'a fait confulter pour un mal nouveau qui lui eft furvenu après cinq ans defanté-, ce font des crampes & des in- quiétudes très fortes dans la cuilie aiteaee, qui le font fouffrir depuis vingt-quatre heu- res; je lui ai ordonné une faignee au pied du même côté, du petit lait; & quand il en aura bu pendant quelques jours, un véficatoire a iacuinfe, mais je crains que fes crampes ne préfagent un retour. DE l'Epilepsie. 2^7 emploi des anti-fpafmodiques , dans le même tems qu'on ouvre une ilTue à la caufe, eft une précaution qu'il ne faut point négliger; elle peut (buvent être fuperflue, mais elle n'eft jamais dangereufe, moyennant qu'on choilîlie bien les anti.fpafmodiques ; ce n'efl: pas toujours la valériane ou des remèdes analogues, comme on le verra plus bas, qu'il faut ordonner; c'ert; quelquefois les bains, d'autres fois le lait, le petit lait, les aqueux. §. 128. Quand les véfîcatoires, les brûlures, le cautère, font infuffifans , je ne balancerois pas, dans plufieurs cas où cela eft très-pofîible, à ampu- ter le nerf qui anime l'endroit d'où part le mal; je l'ai fait avec fuccès, pour un mal de tête atroce (g)i d'autres l'ont fait pour la migraine; d'autres pour de vives douleurs au vifage ; Mr. André, chirurgien de Verfailles, & Mr. RiTz, premier chirurgien de S. M. le roi de Pologne, pour le tic douloureux^ pourquoi ne le feroit- on pas pour i'épilepfie? L'effet pref- qu'immanquable des ligatures qui fuf- (^) Epijlola ad Zimniçrmann, 2^8 DE l'Epi LEP SI E.' pendent la communication entre la fin & l'origine du nerf, afTure le fuccès de l'amputation, & l'on fait combien celle d'un rameau nerveux cutané eft peu dan^ereufe. J'ai rapporté plus haut le fuecès de l'amputation d'un doigt; dans des cas femblables, il fau- droit la faire fans héfiter. Lors même qu'on a lieu de croire ces efpecesd'épiiepfiesabfolument gué- ries, il n'eft pas' inutile d'ouvrir un cautère dans la partie qui a été le Hége du mal ; c'eft un des cas de cette ma- ladie où le cautère eft bien indiqué, & il l'eft en général plus fouvent dans répilepfie que dans bien d'autres ma- ladies j mais je reparlerai de fes avan- tages plus bas. Article XX. Traitement des épilepjies iMopathiqiies, ^ §. 129. Une autre clafle d'épilep- iies, font celles qui ont leur fiége dans la tète i dans les unes, c'eft le crâne qui eft afFedé; dans les autres, les membranes qui enveloppent le cer- veau i dans de troifiemes, le cerveau DE L'i^PILEPSîE. 2<| même. J'ai rapporté des exemples de toutes ces efpeces , & l'on a vu que fi quelquefois le mal étoit apparent exté- rieurement, plus fouvent il ne l'étoit point, & qu'il étoit très- difficile de le découvrir. Dans tous les cas où il y a quelque vice extérieur qu'on peut avec vraifemblance regarder comme caufe du mal, il ne faut pas balancer à ouvrir les tégumens fuffifamment & à opérer fur l'os même par tous les moyens nccelfaires. Si l'os feul eft af- fedé, on eft prefque fur du fuccès} fi les parties internes font auffi atta- quées, on a bien moins d'efpérance, & Ton a vu dans Tobfervation de Clos s Y, rapportée §. fo, que le vice de l'os fe trouvant eompliqué avec une abcédation des membranes , le ma* lade périt. Il pourroit cependant arri- ver qu'un vice des membranes corref- pondant à la partie viciée de l'os, ou qu'un épanchement de caufe interne qui fe trouveroit dans le même en- droit, feroionc à poïtée d'être emportés par l'ouverrure de l'os, ce qui guéri- roit le malade; ainlî le trépan dans ces cas là feroit toujours utile j & c'efl; une opération uiÎqz peu dangereufe» 260 DE l'EpîLEPSIE. quand elle eft faite dans un bon air, par un boa chirurgien, fur un fujet qui n'a point le fanggâté, pour qu'on doive fe déterminer à la faire toutes les fois que, même fans vice apparent, les fymptômes obfervés attentivement, font préfumer que la caufe du mal eft dans un endroit où l'on peut parvenir par ce moyen, dont plufieurs obfer- vations juftifient l'ullige dans cette maladie. §. 130. Si l'on relit celle deZEC- CHius que j'ai rapporté plus haut, - §. 39. on comprendra aifément que les fyrnptômes du mal conduifoient à ef- fayer le trépan, qui auroit vraifembla- bîement guéri le malade de l'épilepfie & lui auroit fauve la vie. Spige- Lius nous apprend, qu'un jeune homme de dix- neuf ans, fort fujet à l'épilepfie, en fut guéri, quand F A-^ B R I â' Aquapyiâente lui eût fait le tré-^ pan, enfuite d'une cluitci & M A R- CEL Don AT rapporte le cas d'iiq. jeune Fraliqois , qui étant attaqué d'é- pilepfie, & allant en Italie pour y confulter les plus célèbres médecins , fut attaqué en route, par des aifaffins, & entr'autres playes en reçut une au j DE L'EpILEPSIE. 26I front, qui emporta une grande partie de l'os i la playe fut long tems ouverte ; elle fe guérit cependant, & en même tems le malade fut guéri de la maladie à laquelle il alloit chercher du foulage- menc (/;). L'on dira peut-être que dans ces deux premiers cas, la révolution oc- cafionnée par la chute, a plus contri- bué à la guérifon que le trépan,- mais on ne pourra pas faire la même objec- tion à l'obfervation fuivante, dans la- quelle on voit, non pas une guérifon complette, mais un foulagement fen- fible opéré par le trépan, employé dans la vue de guérir l'épilepfiej elle eft de LA Motte, auteur véridi- que & exacli je rapporterai fes pro- pres termes. " Au mois d'Odobre ,3 170^, un particulier affligé d'ac- ,3 ces d'épilepfie très-violens & très- j5 fréquens, me confulta fur ce qu'il 55 auroit à faire pour s'en garantir ; ,3 étant bien réfolu de tout tenter pour y, avoir du foulagement, après n'a- 3, voir rien négligé jufqu'aiors de tous r/0 Voy. VAN SWIETEN, §. lOgi-Tom. 4. p. 444. 262 DE l'EpILEPSIE. „ les remèdes qui lui avoient été pref- „ crits & adminillrés fans aucun fuo „ ces. Je m'informai fi les accès n'é- „ coient point précédés de quelques „ douleurs particulières en quelque „ partie du corps , & s'il ne prévoyoit „ point l'accès par quelques marques ,5 ou accidens, 'il me dit qu'il n'y „ avoit que fa tèle qu'il trouvoit oc- ,5 cupée avec une efpece de tournoye- „ ment fi prompt, qu'il tomboit à ,3 l'inftant avec perte de connoiifance. „ Le tout bien examiné, je ne trou- ,5 vai autre chofe à lui propofer, Ci- „ non l'application du trépan, à la- „ quelle il n'eut aucune peine à le ré-, „ foudre. Je l'y difpofai par des lave- „ mens, la faignée & des purgationsi 33 & le jour pris, je fis l'incifion cru- ,3 ciale au milieu du pariétal gauche 53 (Oi j'enlevai la portion de l'os qui ,3 étoit d'une épaiiîeur furprenante, ,3 fans diploé, ni prefque de différen- 3, ce en tout fos, lequel outre fon ,3 épaiffeur, étoit beaucoup plus dur „ qu'il ne fett ordinairement. Pen- [i] 11 fut apparemment décidé à choifir cette partie , parce que le malade la défigna comme le point d'eu partoit le mal. DE L' E P 1 L E P S I E. 25 j „ dant tout le tems que le crâne fut „ ouvert, le malade qui n'étoit pas «huit jours avant ce tems- là fans „ ioufFrir quelques accès épileptiques, ,-, n'en reifentit aucun j mais quand ,j l'os fut rempli, les accès revinrent „ de nouveau comme auparavant, fî 55 ce n'eft qu'il a maintenant le tems ,5 de le retirer en quelqu'endroit fe- „ cret & commode, pour laiffer palTer 35 l'accès fans rifque, s'appercevant par ,,, de certaines marques de ce qui va 33 lui arriver, fans compter que les 53 accès ^ ne récidivent pas à beaucoup 53 près fi fréquemment qu'ils faifoienc 53 auparavant [k] ". Cecte obferva- tion efi très -importante, en ce qu'elle paroît prouver évidemment, i®. que h cerveau fe trouvoit trop comprimé parle crâne dans certains momens, & qu'alors cette compreffion produifoic l'épilepfiej 2^. que la légère diminu- tion à cette comprelîion , produite par le changement que le trépan occalîon- naàl'os, a fuffi pour produire dans le mal deux changemens avantageux i [*] Traité complet de chirurgie ^ Obfc J73. Tom. a. p. 409. 2^4 i^^ l'Epilepsie. run de rendre les accès moins fi'équens, l'autre de les rendre moins prompts, & de laifTer par-là même afTez de tems au malade pour fe retirer j & il eft très-vrai- femblable que fi l'on eût. appliqué enco- re deux ou trois couronnes, le mal au- roit été emporté. §. 131. Un effet des trépans mul- tipliés, obfcrvé fur le comte Philippe de Nassau Weichem , confirme cette idée. Il étoit tombé de cheval, & les fymptômes démontroient évidemment qu'il y avolt un épanchement, mais rien n'en faifoit connoître l'endroit, & ce ne fut qu'au vingt-f^ptieme tré- pan qu'on le découvrit. Le malade guérit parfaitement, vécut plufieurs années fans aucune léfion dans fes fa- cultés, & pouvoir même 'boire beau- coup plus de vin qu'auparavant, fans tomber dans l'yvreffe ( l). Cette ob- fervation , atteftée par un billet c|a malade même, au mois d'Août 16^4^ eft remarquable par la multiplicité des trépans & importante pour mon fujet, par l'effet qui en réfulta. On a, vu plus (Z) Staipartii Van dcr JVidy Obf. Cent. I. Obf. 8- p. 3 6. DE l'Epilefsie, 26<; plus haut que tout ce qui déterminoit mie plus grande quantité de fang au cerveau , renouveîloiî: !^s accès , & le vin produit Ongulierenient cet effet ; jes trépans multipliés prévinrent chez •le comte l'eiFet le plus conftant de la pléthore vineufe, IVvre/Tej & l'on peur, •ce me femble, conclure, avec bien de 4a certitude, que s'il avoit été fujet à l'epilepfie, les cauics qui auroienc pu -«n déterminer les accès avant le tré- .pan, ne l'auroient peut-être point fait après , ou l'auroient fait beaucoup moins ; & convaincu que piuneurs attaques dépileplàe n'ont d^^utres eau- -les que cette corapreiFion du cerveau -par- le crâne, je le fuis également, que •toutes les Fois qu'on a lieu de foupçon- ner cette caufe, (& on doit la feupcoii- Jier, quand les accès font ■ conftam- ■raent produits par tout ce qui porte le fang à la tète) on feroit fa^ement d'eC fayc-r le trépan , ic-fque la niah.die élu, de i'elfort des autres rensed^s & eft affez grave, & que le malade eft aiîez -courageux pour s'y foumettre. Je ne doute pas qu'on n'en retirât prefque toujours ^des avantages confidérables. A R E T £ E l'a voit déjà recoraman- M 266 DE l'Epilepsîe. ôé(m)} mais il en a été de ce conîeil comme de tant d'autres bons conieils des anciens , qui Tout abfolument ne- oligés & qui relient comme inconnus tu plus grand nombre des médecins-, iurques à ce que quelque moderne s en faife honneur & les remette en vogue. §. 132. Qiiand le vice attaque les parties même du cerveau , que les «membranes font offiBées, qu'il renter- me un abcès , des liydatides , qu'il ett ramolli, fquirreux , calleux, charnu, comme on a vu plus haut que cela arri- voit quelquefois, le mal eft abiolu- nient incurable, & il ne refte d'autre remède à cflayer que de prévenir par le régime & par quelques fecours lim- ples, la fréquence des accès ; mais cet objet fera le fujet d'un des articles fui- vans , auquel je renvoyé. Peut - être que chacune de ces caufes a quelque fvmptôme différent de ceux que les au- tres produifent ; nous les ignorons jufques à préfent, & ces obfervations ne feront , j'efpere , jamais alfez fre-- ,quentes pour qu'on puiiTe parvenir a ( m ) De Curatlonc Morkor. chronicor. ;Cap. 4. p. 121. DE l' E F I L E P S î E. 2(^7 les diftinguerj mais fans les diftinguer, il y a plufieurs fymptômes qui peu- vent conduire un médeciii attentif & obfervateur à décider qu'il y a un vice eflentiel dans le cerveau, & dans ce cas, comme dans tous ceux qui font incurables , on doit bien fe garder de donner des remèdes curatifs ; en vou- lant guérir ceux qui ne peuvent l'être, on change trop fouvent un msl tolé- rable en un état affreux, & le meilleur médecin eft celui qui fait fe réfoudre à ne rien faire qu'éloigner toutes les cau- fes qui paroiffeiit aigrir le mal. Article XX T. Traitement des épilepfiss qui AépsnderiÈ de la pléthore ou de Câcreté. §. 133. Une troifi^me claife d'épi- lepfies , qu'on pourroi: appeller Immo- rales^ eft de celles , qui, fans aucun vice dans les folides , font produites par la quantité des humeurs , ou par leur âcreté; j'en ai détaillé les diifé- rentes efpeces plus haut. La première & la principale , c'eft l'épilepfie plé- thorique 5 on la guérit en guérllfant: 26S DE l'Epilepsie. la pléthore ; j'ai déjà dit que ce feroit le fujet d'un des paragraphes fuivans. Les autres dépendent ou de l'âcreté des liumeurs , ou d'une évacuation natu- relle dérangée , ou d'une évacuation maladive fupprimée tout-à-coup. Dès qu'on eft parvenu à découvrir la cau- fe, on connoît ce qu'il fliut faire., & vouloir entrer dans les détails de celui qui convient à chaque efpece , ce Te- roit engager à donner un traité de pratique. Ainfi le traitement a deux parties , comme je l'ai déjà dit des épi- iepfies fympathiques ; .éloigner la cau- fe, & enfuite, il l'on craint que les nerfs n'ayent contradé la difpofition épileptique , donner des fpécifïques , dont je parlerai plus bas. Les efpeces les plus opiniâtres de celte clafTe , font celles qui dépendent de la repercuiiîon d'une maladie cuta- née , ou d'une évacuation maladive fupprimée. Il eft très - difficile & très- rare de pouvoir la rappeller , & fouvent en fe dépofant fur le cerveau, elle y produit des défordres incurables : je fus appelle il y a plufieurs années , dans une ville étrangère , pour un nia- lade qui avoit été conduit, dès le corn- DE L' E P I L E P S I E. I6g mencement de fon mai , par trois mé- decins des plus éclairés , & que tous leurs foins ne purent pas empêcher de mourir cruellement, il avoit aifez ordi- nairement , au front , une très - lé- gère, dartre, à laquelle il n'auroit cfû faire aucune attention & dont il s'in- quiétoit trop ; il y appliqua la liqueur de faturne de Goulard , qui fit difpa- rokre le mai & le jetra dans des maux de tète atroces , accompagnés quel- quefois d'un peu de délire , d'autres fuis de légers mouvemens convulliPs. Au bout de quelques mois, la violen- ce du mal le fie tomber dans une efpe- ce de ftupeur mêlée de momens d'in- quiétudes, & après fa mort l'on trou- va tout en très -bon état dans le ca- davre , excepté le cerveau qui étoit en partie durci & gonflé. L'on avoit bien cherché dès les commencemens à rappeller la dartre , on avoit bien fait des écoulemens artificiels, on ouvrit même un f^ton en ma préfence ; tout avoit été inutile , & cela n'arrive mal- heureufement que trop fouvent , fur- tout fi l'on s'endort fur les commen- cemens du mal , & fi on lailfe former les premiers germes du dérangement Ma 2yo DE l'Epilepsie. de rorganifation , qui fait alors de», progrès rapides. A^R T I C L E XXII. Traitement de la caiife pyédifpojantei Le régime. i. 154. Après avoir parlé de toutes ces efpeces d'épilep(îes qui ne font point proprement Pépileplle elTentiel- le , il me reite à parler de cette der- nière qui eft la plus fréquente, & quî ne reconnoilTant aucune caufe fympa- thique , ni aucun vice fenfible d'orga- lùfation dans la tète, dépend unique- ment de la difpofition épileptique du cerveau, mife en adion par quelqu'une des caufes occafionnelles , quelquefois fenfibles & beaucoup plus fouvent im- perceptibles, dont )'ai parlé plus haut. Lile peut tuer auiïi bien que les autres j mais quand on ouvre le crâne après la mort, on ne trouve qu'un cerveau faiii &: bien conftitué [ w], comme je l'ai vu dans l'obfervation que j'ai rapporté [n] BoNETi j Sep'ulchret. Obf. 38- 39- DE l'EpILEPSIE. 271 plus haut, §.64 y à comme Mr. Jons- THONE robferva autll dans ce jeune homme qu'il ouvrit, §. 51 » ^ ^^^ "'''^~ voit d'autre vice que cet engorgement qui étoit né pendant Taccès. §. 13 V L'on voit que la cure a deux parties ; changer la dirpoijtion épilep- tique du cerveau , ou détruire cette facilité qu'il a à fe convulfer , & pré- venir toutes les eau Tes qui détermi- nent l'accès. Je comm.encerai^ par la dernière, d'autant plus volontiers que fouvent elle^fuffic; fi l'on parvient à éloîpner pendant quelque tems les accès, les nerfs fe Forii6ent & perdent cette malheureufe difpofition. Mr. VAN SwiETEN'a dit, avec beaucoup^ de julielTe, que comme les traces des idées qui ne font point rappellées de tems en tems , s'effacent entièrement , de même fi Ips mouvemens épileptiques ne font point renouvelles , l'aptitude- à les renouveller , fe détruit. Si au con- traire on n'élofgne pas toutes les eau- fes qui peuvent déterminer les accès , on a beau employer les fpécifiques les plus efficaces , ils font inutiles , 8c tout le bien'^qu'ils pourroient faire, eft promptemenV détruit par le mal que M 4, 272 DE L^EpILEPSIE. font les caufes irritantes ; ainfi l'aclion des remèdes ePr très - fubordonnée au TégivùQ, & c'eft une nouvelle raifon pour le déterminer, avant que de parler des remèdes. §. 136. Galien en fentoit toute Fimportance, & fa belle confulte pour un enfant épi!eptique [0] eft prcfque toute entière cunfacrée à le prefcrire j il entre dans les plus grands détails ; fon premier confeil , eft d'obferver attentivement ce qui nuit à l'enfant & de l'éviter ; il interdit, tous les" ali- niens vifqueux , flatucux , tous ceux qui peuvent déterminer le fang à la- tête , le vin, la moutarde, les poiiTons fans écailles, qui font tous vifqueux j il recommande pour boilfon , Teau avec foxim.el , & donne beaucoup de précep- tes fur l'exercice. Le grand but qu'on doit fe propo- fer, c'eft , i^. de prévenir la forma- tion d'une trop grande qiiantité d'hu- meurs, 2^. d'empêcher qu'elles ne fe portent à la têce , en prévenant leur trop grand mouvement & en facilitant [ o ] Pro puero epilcptico cotiRuunu Char- TER. Tonne lo, page 4.S7. DE l'EpILET S lE, 273. la circulation dans les autres parties i 30. enfin d'éloigner tout ce qui peut irriter le genre nerveux. §. 137. La fobriété , je le dis d'après une multitude d'obTervarions , eil le moyen le plus fur de prévenir la for- mation d'une trop grande quantité d'humeurs, & la bafe de la guérifon de cette maladie. Quand la difpofitioii épileptique exifte , elle eft rappellée par tout ce qui diftend les vailTeaux du cerveau , & ainfi une nourriture abondante eft un poifon j il eft donc de la plus grande importance de réduire fes alimens à la. moindre quantité potl fible pour vivre & fe bien porter, &. c'eft fur tout le foir qu'on doit fe per- mettre très - peu d'alimens ; Ton a vû. plus haut que c'étoit ordinairement pen- dant la nuit que les attaques étoient les plus fréquentes,- & j'ai prouvé ail- leurs que le fommeil augmentoit la plé- thore dans la tète , ainfi c'eft en fe couchant, qu'on doit éviter de fe fur- charger par les alimens y mais outre la diminution fur la quantité, on doit faire beaucoup d'attention à la qua- lité , & ces attentions rempliront eiij même tenis uue partie de la féconde. & 274 i^E l'Epilefsîe: de la troifieme indication où je ne Teraï pas obligé de les rappeller ; je ne m'é- tendrai même pas beaucoup ici , puifque ce régime reflemble à celui que j'ai confeillé aux gens de lettres avec beau- eoup de détail , dans la diflertatioii fur leur faute. Je fuppofe au refte ^tou- jours une perfonrie qui n'eft qu'epi- leptique & dont toutes les autres fonc^ tions font en bon état , fans entrer dans les différences de régime que des. circonflances particulières, ou la com- plication d'autres maladies peuvent. exiger. §. 138. Les viandes blanches', le poilîbn de rivière, les légumes, les farineux les plus digeftibles, parmi lef- quels je comprends le pain , les fruits bien mûrs , doivent être la bafe de la nourriture des épilepciques i on peut leur permettre quelquefois un peu de bœuf , du mouton tendre , mais en général on doit leur interdire toutes les viandes noires , qui font beaucoup de fang, & un fang acre, les œufs , les pâtifleries , les fritures , les chofes graifes , les oyes , les canards , la viande de cochon , toutes celles qui {■qui falé^s , famées ou veiiées ,. les^ DE l'çEpILE PSIE. 27)* anguilles , la raye , la feche, la mer- luche , les écrevifles , les truffes, les artichauds , les afpeiges , le. céleri & le perfil. §. 139. Je fais que ce régime paroltra fore contraire à celui que l'on ordonne trop fouvent ; il y a beaucoup de mé- decins qui , quand ils veulent mettre au régime , preicrivent de ne manger que du potage au bouillon , du bouilli & du rôti , & permettent comme par grâce un peu de légumes , mais dé- fendent févérement toutes les crudi- tés, & regardent les fruits comme ua aliment nuifible dans toutes les mala- dies indiftindement > je vois tous les jours des malades qui n'en ont point mangé depuis plufieurs années , mais je vois tous les jours ces mênies mala- des reprendre de l'appétit, des forces, du bien être, de la gayeté , renaître en un mot, dès qu'ils recommencent à en. faire ufage. J'ai été confuké depuis , par une femme épileptique , qui depuis quinze mois ne vivoit que de viandes, d'œufs , de ragoûts, de chocolat, & de- remèdes chauds i je l'ai privée de remèdes, j'ai totalement changé fou. régime , je ne lui accorde que très^- 276 DE l' E P î L E F S I E. peu de viande , point de chocolat > mais des légumes & des fruits à difcré- tion ; le premier effet de ce chanqemeiiÊ a été de lui enlever des maux d'e(!:oinac qu'elle avoit continuellement, & de lui donner un fommeil tranquille; Ton étac s'eft enfuite amendé de jour en jour, 8c aboutira, j'efperc , à une guérifon qus la continuation du régime qu'on lui avoit impofé, auroit rendue impoiîible. §. 140. Par rapport aux boifTons, l'eait pure efl: la feule qui leur convienne j toutes les autres font moins falutaires ,. pluOeurs nui'iibles. Le vin irrite les nerfs & porte le f^ng à la tête, & je fuis perfuadé, par beaucoup d'obfervations , qu'excepté dans un très-petit nombre de cas, où le mal ne vient que de foibleife & d'atonie , la privation du vin efl; indif- penfablement néceifaire ; Van Heers, ce bon obferyateur , fe plaignoit déjà de ce que plulîeurs jeunes gensétoienC refl:és incurables, parce qu'ils ne vou- loient pas s'en abilenir [p]i Mr. Tral^ LLS parle d'un homme qui étoit beau- coup mieux , dès qu'il n'en prenoiS; t^] Obferv. 24.. DE l'EpîLEPSIE. 277 point, & dont le mal redoubloit, dès qu'il en bûvoit [^] ; & il n'y a point de médecin qui n^iîc vu la même chofe. Le thé & le cnfé irritent auffi î le chocolat fimpîe nourrit trop , & s'il eft vanillé ou ambré, il porte à la tète, fa. feu?e odeur peut produire des accès. Le régime a piuiieurs autres objets,: mais dont j'aurai occafion de parler- plus naturellement fous d'autres arti- cles; ainii , pour éviter les répétitions > je n'en dirai rien ici. Article XXI IL De la faignée ^ des antres évacuations'' fangiiines, §. 141. La difpofition à la pléthore eft quelquefois telle , que malgré la plus grande fobriété & le plus grand choix d'alimens , il fe forme encore trop de fmg ; les vaiûTeaux reftent trop pleins, & le poulx eft fou vent dur; dans ce cas là, il ne faut pas balancer à fiire une faignée au bras, & à la réi- térer aulfi fou veut que les circonftaa^ £? I De Opio , T. III. page 35. 27g D E L' E P I L E P S I E. ces le feront juger néceiTaire. J'ai exa- miné ailleurs les objections qu'on fait contre la faignée dans les maux de nerfs, je ne m'y arrêterai point à préfent , mais je fuis convaincu par un grand nombre d'expériences , qu'elle eft fou- vent très, utile dans répilepfie, qu'il n'y a point de moyen qui en éloigne plus fréquemment les accès , que^ fou- vent cette maladie eft incurable , li i'oa ne faigne pas, que quelquefois la faignée feule la guérit , & que lors même qu'elle ne fait pas du bien par elle-même, elle eft indifpenfable pour faciliter l'etFet des autres remèdes ; & fi l'on fe rappelle tout ce que j'ai dit fur l'état du cerveau pendant l'accès d'épiiepfie , on com- prendra aifément tous fes bons effets. §. 142. R H o o I u s vit un jeune homme de huit ans pour qui l'on avoit tenté inutilement tous les remèdes , & que la faignée réitérée quelquefois dans un mois guérit [ r ]. Rivière parie auffi d'une jeune fille de douze ans épileptique, qui avoïc des accès très-- fréquens, & à qui aucun remède n'a- voit procuré du foulagementj elle eut. Lf] Obfcrv. cent. i. Qbferv. 64^ n.E l' E p I L E p s I E. 279 une pleuréfie pour laquelle on la faigna plufieurs fois , & depuis ce moment elle n'eut plus d'accès i obfervation importante & que j'ai vue confirmée par une abfolument Temblable , il y a douze ou treize ans. Une jeune perfon- ne, qui n'étoit point épileptique , mais- qui avoit des convulfions terribles de-- puis plulieurs années , étoit entre les- mains de deux autres médecins, & je ne l'avois vue que dans une feule atta- que i je lui avois confeillé des bains «Se du petit - lait qu'on lui déconfeilla &. qu'on remplaça par un vin compofé de. fer, de kina & de rhue , qui augmenta- fingulierement des maux de tète cruel&- auxquels elle étoit extrêmement fu- jette , & que la nature foulageoit par des faigneraens de nez fréquens; enfin, beaucoup de fang & de remèdes chauds,, occafionnerent une pleuréfie très- forte , dans laquelle je la conduifis, & que les faignées multipliées , les nitreux , les émoUiens , les jus d'herbes guérirent i depuis lors , elle n'a eu aucun relîen- liment de convulfions , & il ell vrai* femblable , que fi elle eut été épilepti- que , elle auroit été également guéiià. do. l'épileplie.. Z^O DE l'EpILEPSIE. §. 143. Non feulement la faignée & les autres remèdes diminuent la quan- tité du fang , mais ils en changent la qualité; s'il eft trop épais, trop riche, inflammatoire , la faignée, & c'eft un de fes bons effets dans cette maladie , en diminuant la force des vailTeaux qui forment la denfité du fang, le rend plus fluide & plus coulant , la circulation fc fait mieux , la diftribution en ell plus aifée. Severin dit avoir toujours foulage répilepfie , en ouvrant les artères ou les veines temporales , & il en cite plufieuis exemples; dans deux, on voit que des malades plus fobres auroient vraifem- blablement été guéris, mais ils renou- vellerent le mal en buvant beatucoup > ce qui rappella les accès [/]. Zacutus Lusitanus guérit une femme de vingt - quatre ans qui avoic eu plufieurs très- forts accès d'épilepiiCs par une faignée à chaque bras & des îavemens [i]. Théophile Bqnnet , auteur eftima- ble de quelques colledions utiles 5. [y] Mr. A. Severini, de cfficaci medicin-... Ijbri très , fol. Francf 1671. pag. 42. Ce] Fraxis admUab. lib> i. Obfsiv. zh. I DE L^EPILEPSIE. 28 ï appelle par un jeune homme , qu'une frayeur avoit jette dans un accès épi- leptique , qui duroit depuis trois heu- res , lui fît faire une faignée au bras ; le fang jaillit avec une très-grande forcei l'accès ceifa d'abord , & n'eut; jamais de retour [r(]; & ce même Zacutus que je viens de citer , rapporte , dans l'obfer- Tation précédente , le cas d'un homme de 20 ans , fort , robufte , fanguin , fujec à de très -forts accès , contre lefquels tous les remèdes avoient échoué, qu'il guérit parfaitement, en lui taifant faire tous les mois une faignée au pied , ce qui diminua la pléthore, dit-il , & rendit les vailfeaux tranfpirables j il rappelle à cette occafion ce que Galien, dans fou ouvrage fur la façon de guérir par la fai- gnée , avoit déjà ordonné de faigner les épileptiques au pied. Le malade dans le crâne duquel Mr. HuNAULT trouva des oiTeiets adhérens- à la duremere, n'étoit foulage que par des faignées. De fix jeunes épileptiques , Pechlin en guérit frrois par ce feul iemede [x]. Benedictus Silvaticus C^/] Mcrciir. conipil. de epiïepf. §. ç. C^I Objcrvat. L. 2. Obf. 30. p. 288- 282 D E l'Epi lepsî e. guérit un hypocondre de répiîepfie , en faifcint appliquer tous les mois des fangfues aux hémorrhoïdes Q');/*^ ^^' DE Sauvages rapporte deux traits bien. intéreiTansj un jeune étranger, dit-il, étoit fujet à répilepfie, dont il avoit des attaques plufieurs fois par femaine ; il employa inutilement, pendant un an , les (ecours ordinaires ; enfin la valé- riane fauvage le foulagea i mais n'étant point encore guéri , il alla confulter un médecin célèbre , qui le guérit par- faitement par les faignées réitérées. Va autre épileptique fut iaigné par ordre des médecins , une fois toutes les femai- nés, & prit des demi-bains i cette cure diifipa l'enPiure qu'il avoit aux jambes , & rendit les accès beaucoup plus ra- res & beaucoup plus foibles (z ). Le fécond maqon , dont j'ai parlé §. 13» fut radicalement guéri par deux fai- gnées, l'une au bras, l'autre au pied, (S: quelques nitreux. Enfin , j'ai fait Ci fouvent des obfervations femblables , j'ai vu û fréquemment le mal foulage dès les premières faignées, fe guérir en. (y) Mcrcur. compilât, art. cpilcpf. §. 40. (3) l^ofolocjia Ciujj: 4- T. 1. page s8l- I D£ l'EpILEPSIE. 283: les continuant, que je ne puis aflez re- commander aux médecins d'être en garde contre cette opinion funefte & trop répandue, qui interdit la faignée dans prefque toutes les épilepûes. §.. 144. Je ne veux cependant point qu'on en faife un remède général , chez un malade foible , cacochime , qui paroîE avoir peu de fan-g, qui l'a diiToub", chez qui le mai eft TeiTet d'un acide dans les premières voies , ou d'une mobilité exceirive , elle nuiroit prefque toujours j mafs chez les enfans forts & robuites , chez les perfonnes bien portantes , à la fleur de l'âge, chez- celles fur . tout qui éprouvent une fup- prefîîon, foit menftruelle , foit hémor- roïdale, qui ont les vailfeaux pleins, la peau dure & feche, levifage rouge, une pefanteur de tète habituelle, le pouls: dur, la faignée eft indifpenfablement. nécefîaire , & ordinairement en la réité- rant,, elle rappelle les évacuations fuppri- mées, comme je viens de le voir depuis- très- peu fur deux femmes, l'une très- jeune encore , l'autre âgée de trente- huit ans. §. 14c. Les fangfucs , appliquées fçit au fondement 3 foie aux tempes. 284 DE l' E P I L E P s 1 E. & les veutoufes, méritent quelquefois la préférence iur les autres faiguées. Il y a quelques années qu'un très-ha- bi!e chirurgien me confulta pour une femme forte , fanguine , qui avoit beaucoup de tempérament , & qui éprouvoit depuis quelque teras de vio- lées accès d'épilepne, occanonncî par le trop de fang qui fe portoit à la tète . & que les lignées n'avoient pas dimi- nué. Des fangfues, appliquées trois fois aux vailTeaux hémorroïdaux, de quinze en quinze jours, la vapeur de feau chaude fur une chaife percée , matin & fbir, & pour tout remède , Tufage de la crème de tartre avec une boilTon abon- dante , Brent paroitre les hémorrhoïdes ; & dés lors la malade fut radicalement guérie. §. 146. La faignée de^ la jugulair^e peut être quelquefois nécelTaire , & Kagendorn parle d'un jeune homme qui prit un premier accès d'épilep- fie, pour avoir eu tout le vifage en- duit de poix chaude i cet accès paflai étant revenu au bout de quelques mois , il céda encore à des remèdes anti-épi- leptiques j mais une troifieme attaque éîantplus rebelle, & les autres reme- I I T) £ l'Epi LEp SI E. 28? êes inutiles , il ordonna la faignée de la jugulaire, qui enleva totalement Le •mal (li). Article XXIV. Moyens d'empêcher que le fan g ne fe porfe a la tète. §. 147. Non feulement il faut pré- venir la formation de trop de fang , mais il faut encore empêcher qu'il n-c fe porte à la tète ; & les caufes prin- cipales qui l'y déterminent étant, ou -fon trop grand mouvement , ou la cir- culation gênée dans quelque autre par- tie, foie par des fécrétions dérangées., foit par rinadion, qui ralentit la cir- ■culdtion dans les extrémités, foit par le fpafme j l'un des grands objets de la cure de l'épilepfie, c'eft d'éloigner ces caufes. Le même régime que j'ai prefcrit pour empêcher la formation d'une trop grande quantité de fang, eft en même [o] Médecin. Scptcnt, De epiîepf. C. 19. T. I. p. 115. :£^6 DE L^ E P i L E P s I E. tems le moyen le plus propre à empê- cher fon trop grand mouvement, & à prévenir par-là même qu'il ne fe porte trop à la tête , effet nécetTaire de fon mouvement augmenté , & effet^ pref- que toujours funefte. J'ai obferyé avec le plus grand foin, plufieurs épilepti- ques; J'ai conftamment vu que l'aug- ■mentation de fréquence dans le poulx, prccédoit toujours les accès, quelque- fois cette fréquence, fouvent accompa- gnée de dureté , duroit pluiieurs jours ^ ils avoient alors ou des accès, ou au moins plufieurs commencemens d'ac ces j tout ce qui pouvoit fabattre & amollir le poulx, leur rendoit le bien- être & éloignoit les accès, & j'ai va leur guérifon s'avancer à mefure que le poulx perdoit ce caractère fiévreux & dur , auquel on ne donn€ point alfez d'attention dans cette maladie, & dans plufieurs autres maladies de lan- gueur. §. 148. Tous les rafraîchiifans , la crème de tartre, le nitre , le vinaigre, le petit lait , la tifanne de racine de grammont , font propres à remplir cette indication , &• je m'en fuis fervi fouvent avec le plus grand fuccès , mal- r DE l'Epîlepsie. 287 gié ce funefte préjugé qui prohibe preC que tout ce qui n'eft pas chaud , & malgré l'opinion qui, donnant dans un excès contraire , mais bien moins fâ- cheux , n'admet que les fimples délayans les phis infipides. Le petit lait eit, par- mi les remèdes que Je viens d'indi- quer , celui qui mérite la préférence ; il .calme, ildélobftrue, il entretient la li- berté du ventre, il facilite la tranfpi- ration , en un mot, il remplit prefque toutes les indications. Qiielqucfois il eft indifpenfablement néceiîaire de purger, & de purger même plu (leurs foisi on fait que c'eft un des moyens les plus propres à dé_tourner le fang de la tête ; fouvent même les pur- gatifs adifs font Kéceflaires. Eraste & M A s s A R I A avoient attribué le peu de fuccès dans la guérif)n de l'é- pilepfie à ce qu'on ne purgeoit pas alîez fouvent. Rivière purgeoit fré- quemment, & l'on peut appliquer dans pluficurs cas à cette maladie ce que j'ai dit des purgatifs dans les maux de nerfs en général ; Ton a déjà vu plus haut les bons effets des purgatifs dans les cas où les embarras du bas-ventre 288 D s l'Epîleps I£. paroifTent être le ilege de la maladie, La méthode du docleur Kl N N EIR, pour guérir les entans épileptiques , £toit de les purger tous les jours avec une infullon de rhubarbe , & de leur donner dans le même tems une pou- dre abforbante avec le fal jovis, Ci tort recommandé par B A G l i v i dans les affections hyltériques , & une infufioii de valériane fauvage (b). 2^h. Man- GOLT rapporte robfervation d'un en- fant, pour qui Ton avoit confulté les plus habiles médecins, & employé inu« tilem^nt les remèdes anti-épileptiques les plus vantés , qui fut ew^n guéri par la feule teinture de rhubarbe ( c). Reneaulme, médecin de Blois , a vu , au commencement du dernier fiecle, deux cas femblables ; celui d'u- ne jeune Elle de fept ans , qui avoit jufques à fix accès prefque tous les jours , & qu'il guérit en lui donnant lix grains de fon ftomachique, qui pa- roit avoir été l'extrait d'aloës , qui la purgea beaucoup par le bas, & détrui- iit la maladie j chaque accès commen- qoit ■ ih) A neiu eJTai onthe mrvp.s^ P- i79« ( c ) De epiUffi<£ nomuUùfpeciebus. DE l'Epi LEPsiE. 289 çoit par une douleur d'eftomac ; l'autre eiï celle d'un homme de vingt ans , dont le mal commençoit de même, & que le même remède guérit (d). §. 149. Qj,iand le £uig eft déterminé à la tête par le dérangement des fecré- tions , il faut néceiTairement y remé- dier i la conftipation produit fouvent cet effet , & l'on doit la prévenir i le régime que j'ai indiqué , la crème de tartre , le petit-lait , & lur-tout les la- vemens réulîllfent dans ce cas ; il ne feut point craindre d'employer fréquem- ment ce dernier remède , & de s'en fau'e p.ir la un alTuiettiirementi ils ceiferont d'être nécelfaires , quand ils celieront d'être utiles i au moins je l'ai vu allez conifamment. Mais la fécrétion à laquelle il faut prefque toujours fldre le plus d'atten- tion , c'eft la tranfpiration j j'ai déjà dit que , dans les maux de nerfs , la tranfpiration étoit fouvent très-irrégu- liere, que la peau étoit prefque tou- jours dans un état f[:)afmodique, & qu'il id) Ex curationibus Obf^rvationes Au. thore Paulu Renealmo , Panjtis , 1606. Obf. 47. 48. N 200 DE l'EpILEPSIE. talloit y remédier ; le remède le plus fur pour cela, c'ell les bains tiedes d'eau fimple, pris tous les jours à jeun, & plus ou moins longs; le degré de cha- leur doit être du 25 au 26 du thermo- mètre de Mr. deRÉAUMUR. 0 eft difti- cile de croire , fans l'avoir éprouve , le bon effet de ce remède , recomman^ dé dans tous les tems , mais toujours ou trop peu ordonné , ou ordomié pour trop peu de tems ; on les ordonne pour une neuvaine ou une quinzaine -, c'eft être bien peu indruit de la nature des maux & de celle des remèdes ; c'^clt bien peu fe rendre compte de ce qu'on ordonne ; c'eft par centaine qu'on, doit les prefcrire dans des cas graves, & quelquefois fans terme limité. J'ai vu une malade qui vint me confulter pour des maux de nerfs très-opiniâtres , qui étoient une iuite de touche, qui por- toient principalement fur la poitrine, & qui duroient depuis plufieurs an- nées , dont elle avoit paffé une gran- de partie à Pans, où Mr. DE LA Motte, qui l'avoit conduite avec beaucoup d'habileté , & qui lui avoit fait beaucoup de bien , lui avoit fait déjà prendre douze cents cinquante DE l'Epilepsie. a^i bains , ce nombre ne m'empêcha poinc de lui conreiller de les recoînmencer ; le dégoût qu'elle en avoit conçu, lui a empêché de les prendre auffi fréquem- ment que je le fouhaitois , Se elle doit fa guérifon au lait d'anelîe , qu'elle a pris dix-huit mois, & dont je la fis vi- vre pendant plulieurs femaines , fans autres alimens que des fruits cruds, fur-tout des pèches, des melons, quel- ques légumes , du pain , & rarement un peu de poiifon ; mais il n'en eft pas moins réel que tous les bauis qu'elle prenoit , lui faifoient toujours un bien marqué , & que fa guérifoti auroit été plus prompte, fi elle en avoic pris davantage. Quand on a de bonnes eaux , je fais employer l'eau fimple i quand on a des eaux dures , on doit y ajouter un peu de lavon , un peu de lait , fi l'on veut , quelques fleurs ou quelques herbes émollientes. §. I f o. De légères fridions fur tout le corps , fur-tout aux jambes & aux cuilfes , augmentent beaucoup le bon effet du bain , en facilitant la tranfpi- ration , & en rompant mieux le fpaf. me i mais elles doivent être très-douces : fortes, elles aiiimeroient le mouvement N Z 293 DE l'EpILEPSIE. du fang, & le porteroient à la tète. Rien lie difîipe lé froid des extrémités comme le bain , & en rompant le fpafme , il opère auffi tres-fouvent la giiérifon des obftriidions & des fuppreiTions. Mais quand ce froid habituel des extrémités eft plutôt l'effet de la len- teur de la circulation, occafionnée par b foiblefle des fibres & la difporition aqueufe du fang , que de la plénitude des vailfeaux ou du fpaime , le bain ne vaudroit rien i & pour le dilFiper , on doit ordonner du mouvement , des frîclions feches avec de la flanelle , & des femelles de poix de Bourgogne , étendue fur de la peau, qu'on porte habituellement ibus la plante des pieds. On doit s'interdire les chauffe - pieds pleins de braife , dont la vapeur , tou- jours plus ou moins narcotique , nuit fenfibiement aux perfonnes fujettes aux maux de nerfs ; & heureufement ce pernicieux ufage diminue tous ^ les jours , & on les abandonne prefqu'en- tierement aux petites boutiquieres & aux revendeufes, qui paffent leur vie affifes aux coins des rues : ce feu leur eft néceflairei & dans des boutiques ouver- tes , ou en plein air , il eft bien moins DE l'Epilepsie. Î93 nuifible que dans des chambres où il incommode tout le monde. §. i^i. Quand c'eft la fatigue de la digeftion qui détermine le fang à la tète, les ilomachiques y remédient, & quand cette détermination eft unique- ment l'effet de la mobilité , c'eft en guér'flant cette dernière qu'on doit y remédier. §. 152. En profcrivant tout ce qui anime trop le mouvement du fang, on profcrit le trop d'exercice, les exer- cices vîolens , ceux qui portent fiiigu- lierement le fang à la tète, l'appli- cation , h méditation , tous les ouvra- ges qui font bailfer la tète & qui fixent les yeux , l'ardeur du foleil & les ap- partemens chauds , dont on a déjà vu les dangers, les compagnies nombres!- fes , les repas , les veilles , les lieux élevés , ou la tête tourne , & fur-tout Paûion de tourner , qui, non- feule- ment détermine les humeurs à la tè- te , & peut par-ia même rappeller les accès, mais peut même produire des maux très-fâcheux. J'ai été confulté , il y a quelques années , par un mouf- quetaire, que ce mouvement de rota- tion , pouifé apparemment trop loin N ^ .294 i^ E l' E P I L E P s I E. un jour en badinant, a jette dans de's maladies de la tête très-graves , & dont il n'a peut-être jamais été guéri. Ces attentions paroltront minutieufes à ceux qui n'ont encore vu que peu ou point de malades , & fur-tout à ceux qui en ont vu beaucoup fans les obferver ; en obfervant mieux , ils en fentiront l'im- portance. §. i^^ Mais ce que j'ai dit fur le danger des exercices violens, ne doit point perfuader que je blâme l'exerci- ce , & qu'il foit dangereux : bien loin de là , l'exercice , moyennant qu'il ne foit pas de nature à enflammer le fang & à le porter à la tête, eft fuis contredit l'un des moyens les plus prompts, les plus ft'irs , les moins dangereux , de for- tifier le genre nerveux , & d'en détruire la convulfibilité. Galien , & après lui bien d'autres Médecins , ont regardé l'exercice comme le principal remède de l'épilepfie ; il eft vrai qu'il donnoit les plus grands foins à tout ce qui y avoit rapport ; il commenqoit le matin par foire promener l'enfant au fortir du lit ', il réiteroit cet exercice avant le diner, & enfuite à d'autres heures; mais il ne vouloit jamais que l'enfant DE L*EpILEPS1E. 29T prit un exercice violent fans avoir, com- mencé par de plus douxi & non-feule- ment il ne le lailToit point le maître de prendre de l'exercice à fon gré , mais il vouloit qu'on ne confiât le fom de le diriger à cet égard qu'à un homme très-entendu (e). Mr. BoEHHAAVE a établi, comme une vérité inconteftable , & l'expe- rence le démontre tous les jours, qu'une grande frugalité & un grand exercice guériifoient cette maladie, que la gourmandife & l'inadion rendent incurable ; mais , je le répète , cet exercice , qui guérit quand le corps elt en bon état, & qu'on mené une vie fobre, irrite au lieu de fortifier , & produit les accès au lieu de les détrui- re , quand les vaiifeaux font trop pleins de fang, que le malade eft échauite , & que le corps eft dans un état de le- chereiTej tant il eft vrai que dans aucu- ne maladie, il n'y a aucune règle gé- nérale , & qu'on ne peut dire , d'aucun article de la faqon de vivre , du régi- me & des remèdes , cela convient dans [e] ConR/. pro piiero epileptic. Chart. T. X. p. 487. N 4 29^ DE l'EpiLRPSIE. cette maladie ; la spécification des cas &c des circonftances eft toujours nécef- faire , {ans quoi l'on abufe des chofes les plus utiles. §. If 4. C'eft fur-tout les paffions, qu'il eft important de régir avec le plus grand foin; tout ce qui pourroit les met- tre en jeu nuiroit à coup fur, & l'on a déjà vu qu'elles écoient une des caufes X ]es plus fréquentes de l'épilepile , & qu'elles en renouvellent trés-iréquèm- nient les accès. §. i^)". En faifant l'énumération des caufes qni, en irritant les nerfs par leur âcreté , produifent l'épileplie, j'ai mar- qué tout ce qu'on doit éviter dans cette maladie , & il feroit inutile de le répéter ici : je dirai feulement que , tout récem- ment 5 je viens de voir un jeune hom- me , à qui on a donné du fuc de poi- reaux dans du lait, pour tuer des vers imaginaires , & que le lendemain matin il a eu un accès plus fore que ceux qu'il avoit eu auparavant. Mais je dois parler des odeurs. Tous les épileptiques doivent les fuir avec beaucoup de foin ; toute odeur forte, quel'e qu'elle foit, irrite , & cette irritadon nuit i plufieurs épileptiques DE l' E P I L E P]s I E. 297 ne peuvent pas foutenir celle de l'am- bre , du muîc , de la vanille j & il y en a d'autres qui leui: font un mau- vais effet , moins marqué , fans être moins dangereux. Il n'y a que queL ques années qu'on a vu périr une jeune demoifelle , en Allemagne , avec tous les lymptômes d'un poifon narcoti- que , pour avoir couché dans une chambre où il y avoit un balîîn de violettes qui trempoient , & qui l'a- voient remplie d'une odeur très - for- te [ / ]. Le même accident manqua d'arriver à Londres , en 17^4 , par l'eifet de différentes fleurs, à deux jeu- nes perfonnes ; mais l'une , éveillée apparemment par i'angoiffe , fentit fon. mal, vit celui de l'autre, & eut aifez de force pour ouvrir la porte & la fe- nêtre, & jetter les fleurs [g]. Sans par- ler d'une foule d'autres obfervations fur les dangers des odeurs, qu'on peuc voir réunies dans la favante diiferta^ tion de Mr. Triller , que je viens de citer, & qui toutes prouvent com- [/] Triller, de morte fubita ex n'm'! violan. odore. OpuJcuL T. I. p. 2»f<'' C^J Ibid. 298 DE l' E VI L E P s lE. bien elles font nuifibles aux nerfs ; l'on a vu celle des renoncules de jardin pro- duire répilepfie même [ b ]. L'on a vu plus haut qu'un jeune hom- me tomboit toutes les fois qu'il voyoit quelque chofe de couleur rouge i d'au- - très font auiîî alFedés par d'autres objets finguliers , qui irritent leurs nerfs plus qu'on ne devroit s'y attendre i il leur importe de les éviter. §. 15 e. Quand on a prefcrit tous ls$ moyens propres à prévenir l'accès, c'eft avoir fait la plus grande partie de l'ouvrage , & il y a bien des épilepti- ques à qui cette cure fuffiti je n'en ai point fa't d'autres à la première femme dont j'ai parlé §. 74 , ni dans bien d'au- tres casj & Mr. Tralles en rapporte deux exemples très - intéreflans y l'un eft celui d'un jeune homme fanguin , fujet aux faignemensdenez, ftudieux, qu'une colère , fuivie de beaucoup d'e- xercice dans un jour chaud , jetta dans uneépilepfie, accompagnée des mouve- mens les plus viclens , qu'il guérit ra- dicalement , & fans aucun fpécifique , [i ] AU. Car. Nat. Decur. j. ann. 9. & 50. Qbf. 93. p, 170, DE l'EpIlIpSIE. 299 par la faig-née , les purgatifs anti-phlo- giitiques , les lavemens , le nitre , la tifaiiiie d'orge , les bains de pieds i l'au- tre , celui d'une femme fédentaire , qui mangeoit beaucoup , bûvoit beau- coup de bière , & qui fut prife d'une épilepfie , dont la première attaque pa. rut devou- être mortelle , qui fe repro- duifit enfuite fréquemment , & qui pa- rut dépendre d'un fang vifqueux, qui engorgeoit les vaifTeaux de la tête. Il la guérit: i°. par une ilùgnée dans le premier accès , pour empêcher qu'il ne dégénérât en apoplexie , & on la réi- téra quelquefois dans la fuite , 2®. par beaucoup de purgatifs , de nitieux , de favonneux , qui entretinrent une diarrhée pendant plufieurs femaines ^ par une grande fobriété & une^diéte tres-auftere , fans aucun fpécifique, qui dans ce cas & le précédent , au- roient certainement été nuiObles : ce ne fut qu'après plufieurs mois , qu'il confeilla les eaux de Spa , pour réta- blir les forces [ i ] : mais on n'eft pas toujours auili heureux j il y â de^ malades dont le cerveau a acquis une [f] De Opio, Part. ïll. Cap. t. p. zj. N 6 300 DE l'Epilepsie. difpofîtion épileptique iî forte , qu'il ne fuffit pas d'éviter avec foin tout ce qui peut l'irriter , il faut agir fur lui-même ; & les moyens qu'on emploie pour cela font ce qu'on appelle, les anti-épilepti- ques , ou les fpécifiques , dont il eil tems d'examiner les eiFets. • M Article XXV. | Les fpéciJîi^Hes en général. La racine de Valériane, §. 1^7. Parmi les remèdes auxquels on a donné ce nom, il y en a de véri- tablement utiles, d'inutiles & de dan- gereux. Je m'occuperai d'abord des pre- miers i j'indiquerai enfuite ceux des deux autres clalfes, pour dépouiller les uns d'une réputation mal acquife, & ôter aux autres une confiance dan- gereufe i mais fans rappeller ici ce que 3'ai dit des anti-fpafmodiques , dans ie chapitre des remèdes des maux de nerfs, je dirai feulement, i^. que de tous ces remèdes , il n'y en a aucun qui mérite véritablement le nom de fpéci- fi^ue anti-épileptique , parce qu'il n'y en a aucun qui guériiTe certainement I D E l'Epileps ie. 30 r & conffamment la difpofîrion épilepti- qne du cerveau , ni même auiïi con{^ tamment que le kina guérit les fiewes d'accès , ou le mercure ies maux vé- nériens, & qu'ainfi ils ne font pas auiîî Ipécifiques que ces derniers remèdes : a°. que fouvent cependant , s'ils ne réulîîirent pas , c'eft parce qu'on né- glige avant de les employer , de mettre le corps 'dans l'état dans lequel il feroit à fouhaiter qu'il fût avant d'en faire ufage : on les regarde comme fpécifi- ques abfolus ; on veut par - là même qu'ils guériirent toutes ies épilepfies , on les ordonne indiftindlement dans toutes, fans faire attention que toutes les cau- fes ne font pas de nature à être vaincues par leur elïet , & que comme ils font tous de la clalFe des fortifians , fi on les emploie dans le tems qu'il y a plé- thore , tenfion , fécherelfe , difpofition à l'inflammation , embarras dans les premières voies , putridité , obftruc- tions , conitipation , loin de faire du bien , ils font un mal réel & certain : ou les elTaie tous fucceffivement i tous nuifent, & tous auroient été utiles, fi on avoit donné au corps la difpofitioii qu'il devoit avoir. Quoiqu'on regarde le 302 DE l' E P I L E P S I E. mercure & le kina comme fpcc'fiqiies des maux contre lefqLiels on les em- ploie 5 on ne les ordonne pas indif- tindement dans toutes les circonftan- ces; on fait qu'il y en a beaucoup dans lefquelles lîs nuiroient , on com- mence par les éloigner, on fixrp-dxe te corps, on le difpofe à n'être atfeclé qu'utilementpar le remède, qu'on preC ont alors avec confiance & avec fuccès : les anti-épilectiques exigent les mêmes précautions i mais qu'il me foit permis de le dire, de très-grands médecins ne font pas allez d'attention à cette obfer- vation : confulté pour une femme qui avoit eu auparavant , outre beaucoup d'autres , les confeils de deux des plus grands praticiens de l'Europe , dont l'un lui avoit ordonne la valériane , l'autre les feuilles d'oranger, qui font un remède eificacei je vis que l'un & l'autre de ces remèdes, .& tous ceux de la même clafle , qu'elle avoit employé , lui avoient fut un mai réel , parce qii'oii n'avoit pas fiit atteution qu'elle avoit le fang inflammatoire, qu'elle étoit plétho- rique , qu'elle avoit très-fouvent la fiè- vre, & que les fpécifiques qui augmen- toient ces maux , lui nuiibienc fenii- [ DE l'EpILEPSIE. 503 blement : je lui confei'lai une prépa- ration de fix mois, adauée a Tes circonf- tances, par les f;^ignées, tous les rafrai- chilTans , les bains i cette préparation même lui fit beaucoup de bien, & elle a pu prendre la valériane avec le plus grand fucces. §. If 8- Cette plante eft celle qui mérite la première place fur le cata- logue des meilleurs anti - épileptiques. Les autres remèdes les plus vantés , font , la racine de pivoine , le guy dç chêne , le raufc , les feuilles d'oraiv ger, le kina, le caitor, le fuccin , les gommes , fur - tout Patfa - fœtida , le camphre, quelques plantes odoriféran- tes , le fer , les eaux minérales , & par- mi les remèdes compofés , la poudre de giittete en France , celle du marquis en Allemagne. §. 159. La racine de valériane , déjà employée par Aretée , ious le nom de fhu , cpûv , & décrite par Diosco- RiDE [^], n'avoit pas toute la répu- [/tj La valériane que nous employons aduelleinent , eit Vukiiana Syioej'tns , & malgré quelques doutes de Mr. Hill, Mr. de flALLEK juge que c'elt la même eniployée par Iss anciens : on doit choifir celle qui 304 DE l*Epilepsis. tation qu'elle mérite , quand Fabius COLUMNA , d'une des plus grandes maifons de Naples , qui avoit le mal- heur d'être épi'eptique , & qui fe fit botanifte , pour trouver dans les plan- tes un remède à fon mal, rappella l'u- fage de cette plante. Il nous apprend dans fon ouvrage (/) qu'elle le guérit parfaitement, & que l'ayant employée pour plufieurs de fes amis , elle les gué- rit auffi : mais cette obfervation impor- tante, renfermée d;ins un ouvrage de botanique , que les médecins praticiens lifent peu, ne fut point aulîî répandue qu'il auroit été à fouhaiter , & cette croit fur les endroits élevés j elle a beaucoup plus de force : celle qui croît dans les endroits marécageux eil celle qui en a le moins : celle des bois tient le milieu. La bonne a une odeur forte, pénétrante, touC-à-!a fois agréa- ble & défagréable, & qui, fi on en flaire une groffe quantité à la fois , enivre -, mais elle ne doit point fentir le mufc , cette odeur lui eft étrangère , & ne lui vient que de l'urine des chats , qui en font exceffive» ment friands, & qui , fi l'on n'y prend pas garde, vont la manger dans les endroits où elle feche , & la faliflent, Hill on Valcr. ( l ) Phytobazanos , 410. Neapolis i Ç92, I DE L' E P I L E P S I E. 305 racine étoit très - rarement employée dans le fiecle dernier •■> plufieurs au- teurs célèbres ne la nomment pas mê- me parmi les remèdes anti-épileptiques. Elle ne refta cependant pas totalement ignorée; D0MINIQ.UE Panaroli , célèbre méc^ecin de Rome , nous ap- prend dans un très - bon recueil d'ob- ibrvations publiées en 1643 ' 4'-^'^^ ^''^'~ toit un pécheur épileptique qui avoit deux ou trois accès par jour, & à qui ni la racine de pivoine , ni le crâne humain, ni le pied d'élan , ni les autres Spécifiques les plus vantés, ne faifoient aucun bien ; ayant lu dans ColuîvîN-\ les bons effets de la valériane , il l'or- donna à fon malade, qu'il guérit parfai- tement, & dans la fuite il l'employa pour d'autres avec la même réuffite [ w ]. Cruger l'employa avec fuccès pour guérir deux épiiepfies, produites l'une par la colère , & l'autre par la peur [hj y & RosiNUS Lentilius guérit auîil b' (_fnjJûtro!ogifmorumfeu Médian, hifio, riar, pentecoJU quinque ., Romag 1643. Pen- tecoft. I. Obf. jj. page 20. [ n'} Ephemcr. auiof. 'Saturai. Dec. z. Ann. 7. 306 DE L*EpI L E P S I E. par fon fecours une fille que la fup" preflion des règles avoit jette dans la même maladie [o]. Ces trois médecins font les feuls dont les obfervations fur l'ufage de ce remède a cette époque me foient connues : mais au commence- ment de ce fiecle , Mr. Marchand, de l'académie des fciences , botaiiilte & praticien , rappella i'obiervation de CoLUMNA, efiaya la valériane fur fes malades, & s'en trouva très-bien 3 elle les foulagea prefque tous, en diminuant la violence & abrégeant la durée des accès, & en guérit p.irfaitement quel- ques-uns. Le premier à qui Mr. Mar- chand f ordonna, fut un jeune hom- me de feize ans, qui, depuis l'âge de fept ans , avoit toutes les femaines un accès, qui duroit au moins huit minu- tes , & il fut parfaitement guéri. Un autre jeune homme de vingt ans, qui , depuis l'âge de quatorze ans , avoit tous les mois un accès , qui duroit demi-heu- re , fut aufîi parfaitement f^uéri ; mais Mr. Marchand avertit bien fagement qu'il faut fouvent faire précéder des re- mèdes qui préparent à cet ufage, & dans [o] Ibid. Dec. 3. DE l'Epilepsie. 3©7 le premier cas, elle redoubla d'abord les accès , parce qu'il y avoic dans les pre- ftiieres voyes des embarras qu'il em- porta par des purgatifs, après lefquels la valériane eut le fuccès le plus prompt & le plus heureux j tant il eft vrai qu'il n'y a aucun remède qui foit bon en toute circonftance , & que l'inat- tention à ces circonftances rend tous les jours les meilleurs remèdes nuifî- bles. Les amis de Mr. Marchand, qui l'ordonnèrent fur fa parole , s'en trouvèrent très - bien [p]. Mr. Cho- MEL attefte aufli avoir guéri, par ion fecours , plufieurs épileptiques , un , entr'autres , âgé de douze ans, qui tomboit , depu's trois ou quatre ans, deux ou trois fois par mois , & auquel les accès avoient procuré un, tremble- ment continuel [ ^ ] î il ajoute que Sjlvius la préféroit à la pivoine dans les maladies accompagnées de convul- fions , & que Mr. TouRNEFORT en avoir vu les plus grands effets dans [/?] Hijioire de l'académie des fciencet ^ anne'e 1706. [ (7 ] Ahréqé de ridjioire des plantes ufuel- les , T. I. page 71. 3o8 CE l'Epîlepsie. la paiîion hrftérique & dans les accès d'afthme , fans doute convu^fifsi au moins j'ai guéri cette cruelle maladie par fon fecours. Mr. de Haller a guéri , par fon ufige , une jeune fille véritablement épileptique [ r ']. Mr. S C o P O L 1 a guéri une épilepfie de trois ans , produite par la Irayeur , (l'une des eaufes ]es plus fàchcufes , dit Mr. DE Haen), & dont les accès reveneient plufieurs fois par femai- ne , en faifant prendre tous les jours deux dragmes de cette plante en pou- dre, & deux livres de décoAion [s]. Le même remède guérit parfaitement l'homme dont j'ai parlé plus haut , qui étoit conftamment attaqué d'un accès d'épilepfie dans le moment même où il remphiîbit les devoirs conju- gaux , & cela depuis douze ans i il avoit elfayé inutilement plufieuis re- mèdes i la racine de valériane , prife pendant trois mois en poudre & en infu- [r] Hifloria Jlirpium fndiqcruvum Hetv. Tome I. page 92. [jj Haen Ratio mcdendi . Part, ç Cap. 4. §. 2. f DE l'EpILEPSIE. 309 fion , le remit dans un état naturel (t) i enfin elle eft heureufement devenue le remède de confiance de tous les méde- cins éclairés (u): je lui dois les gué- Ce) De Sauvages , Nofologia AlethoJ. ClafT. 9. Art. %i. N°. 6. Tome II. p. 4-«9- {u) Mr. HiLL en avoit faic un de fes fpé- cifiques , & je ne me rappelle qu'un leul mé- decin qui paroiffe la défapprouver ; c'eft .lN- DRÉe , C cafés of epilepfy , p. 262. ) " C'eft , „ dit-il , un des remèdes qui répugnent le „ plus à l'eftomac, qui eft déjà louvent dé. „ truie par de longs maux de nerfs , & qu'il ,3 achevé de détruire". 11 eft vrai que e'eft un remède nauféeux , & que prefque tous les malades le redoutent : je ne Temployerois pas comme fimpis ftomachiquei mais je n'ai jamais remarqué , ik je l'emploie tous les jour* , depuis dix-huit ans , qu'elle dérangea réellement l'eftomac; & le goût d'amertume & d'aftricT:ion que la véritable valériane mâ- chée iailTe à la bouche, fuffit pour prouver qu'elle ne peut pas produire cet effet : elle occarionne , il eft vrai , quelquefois y dans les commencemens , fi on la donne à grandes dofes , une légère angoifte, mais qu'on pré- vient par unedofe moindre, ou en y aioutant un peu de macis ; & il faut faire attention à la remarque de M. HiLL , c'eft qu'on trouve quelquefois dans les boutiques, parmi la ra- cine de valériane, de la racine de renoncule , qui eft vénéneufe ; & ce mélange doit fans douce endommager beaucoup l'eftomac. 5 10 DE L'EpILEPSIE. rifons d'un grand nombre d'épilepfies elTentielles , & tout récemment celle du premier malade dont j'ai parlé , §. 13. Je fuis perfuadé que quand elle ne guérit pas , c'eft parce que le mal eft incura- ble , & le vice des nerfs a leur origine plus fort que les remèdes. §. 160. C o L u M N A la donnoit en poudre i Mr. Marchand a adopté cette méthode ; c'eft celle que j'em- ploie toutes les fois qu'il eft poftible d'y déterminer le malade i & c'eft fans contredit la plus efficace ; l'infiiiion aqueufe n'eft pas (ans efficace ; elle a fortement le goût & l'odeur de la plan- te ; mais quand on ne veut pas em- ployer la pondre même , ia prépara- tion la plus efficace , c'eft. l'extrait fpi- xitueux , qui eft moins défiigréable que la poudre, & conferve bien mieux le goût , l'odeur & la force de la plant e , que l'extrait aqueux j quand il eft bien fait , il eft prefque aulli efficace' que la plante même , & il eft quel- quefois utile d'avoir les vertus fem- blables avec un peu moins d'adivité , pour des fujets que tout remède adlif éprouve, comme il eft nécelfaire fou-' vent de donner l'extrait de kina à DE l'EpILEPSIE. 311 ceux pour qui le kina eft trop fort. Je me fuis beaucoup étendu fur cette plante , parce que je fuis convaincu que jufques à préfent , il n'y a au- cun remède qui puilîe lui être com- paré dans répilepfie , & dans tous les maux de nerfs qui exigent des reme. des nervins fortifians : elle pourroit feule tenir lieu de tous les autres , qui font bien moins efficaces : je dois cependant en dire quelque chofe j mais je ferai auparavant ici une queftion : ne peut-il pas y avoir des fpécifiques plus iurs que la valériane , & ne pour- roit-il pas même y avoir un fpécifique infaillible ? §. 161. Je réponds à la première par- tie de la queftion , que rien ne porte à croire qu'il ne puilîe pas exiifer de re- mède plus efficace que la valériane : Mr. DE Haller , qui comme on vient de le voir , en fait grand cas , lui préfé- reroit même le fpka celtica , qui a une odeur analogue & plus pénétrante, mais qui , jufques à préfent , n'eft ponit en ufage [x]i de façon que la valériane eft encore le premier des remèdes : il C*i Opujlula Patholo^ica i Obf, 7ii« 3T2 DE l'EpILEPSIE. eft fort à Ibuhaiter qu'elle perde bientôt ce rang. Par rapport à la féconde partie , peut- il y avoir un fpécifique infaillible , tel que Craton dellroit (î ardemment qu'on le trouvât avant fa mort (y)'- On peut répondre hardiment que non. Quand un charlatan croit l'avoir trouvé & l'annonce , il peut n'être qu'un igno- rant préfomptueuxi mais quand il dit l'avoir vérifié, il devient vraifemblable qu'il eft unimpofteur. Mr. Boerhaave a bien exprimé cetce vérité : " L'on „ voit , dit -il , après avoir nombre „ les caufes qui produifent cette mala- ,5 die, combien eft futile l'orgueilieufe 5, promelfe de ceux qui fe vantent d'a- 35 voir un fpécifique fur (?.)". Mr. VAN iy) Utinam ante vit£ me DE l'Epilepsie. 3ï> VAN SwiÈTÈN prouve en détail cette vérité, en commentant cet aphorifme ; & M. MoRGAGNi n'eft pas moins poil- tif : il dit que la variété des caufes prou- ve la difficulté & la variété du traite- ment ( a ). Pour qu'un fpécifique fût imman- quable , il faudroit qu'il donnât aux nerfs une fermeté , une infenfîbilité à l'irritation, qui ne fe trouve pas dans l'homme le plus fort & le plus robufL te , qui ne fe trouve pas même dans les animaux, puifqu'ils font fujets aux convulfions & à l'épilepiie ; une fer- meté qui eft vraifemblabiement abfo- lument incompatible avec leurs foivc- tions , & qui , fuppofé même qu'elle fut poiîible , ne pourroit s'acquérir que par des remèdes trop toniques fans doute, pour n'être pas dangereufe en léfant d'autres organes. Le plomb , qui paroit être le plus grand fédatif, eft un vrai poifon, & hafarder de l'employer pour l'épilepfîe, ceferoics'expofer aune mort cruelle , ou à des paralyfies incu- rables , pires que le mal qu'on vouloit guérir i ainfi, fans m'occuper plus long- Ca] Epiftol. 9. §. 26. O 514 DE l'EpILEPSIE. tems de ces fpécifiques impoflibles, je reviens à ceux que rufage a confacré. Article XXV I. Suite des fpécifiques. La pivoine , le guy , le mufc , Popium , les feuilles d^orangers. §. 162. La racine de pivoine. Ci fort exaltée , eft bien éloignée de mériter tous les éloges qu'on lui a donné. L'o- deur feule de la fleur, qui eft évidem- ment virulente , prévient contre toute la plante que M. DE Haller dit lui être fufoede : celle de la racine fraîche a aulîi quelque choie de narco- tique & de déplaifant , avec un goût acre , & plutôt acerbe qu'amer ; feche, elle n'a plus aucune odeur, efe perd aufîî fon âcreté , & n'a prefqne aucune faveur : mais elle paroit alors Ci dé- pouillée de toute vertu , qu'on ne peut ni en craindre l'ufîge , ni s'en promet- tre aucun bon eiïet marqué , fi ce n'eft autant qu'on en tireroit une fubftjnce farineufe un peu nourrilfante j & on pourroit la comparer a k racine de ma- DE l'EpILEPSIE. 515 nioc , qui , dangereufe pendant qu'elle eft fraîche, peut , quand elle eft fëche , devenir un aliment , mais n'eft jamais un remède ; ainiî on doit abfolument l'abandonner , parce qu'il n'y a rien de plus nuifible que de fe fier à des remèdes inefficaces. Le gtiy, §. i^^. Le guy de chêne, ou tout autre guy, car ils ont tous les mêmes qualités [^] , eft célèbre depuis long- tems [c] dans la cure de cette ma- ladie , & fa principale vertu réfiJe principalement dans Técorce & dans les feuilles, que la plupart des apothi- caires rejettent pour ne donner que. le bois. Le dodeur Johy?. Colbacht , qui en a fait le fujet d'un petit ouvia- [û] HiLL. on nerves , p, çj. C c J Les druides attribuoient déjà au guy les plus grandes vertus ; c'efl: eux qui ont fait fa réputation & q'.n ont donné à celui de chêne cette préférence , qui n'a d'autre fondement que leur refpcâ: pour cet arbre facré ; la récolte du guy étoit une de leurs cérémonies religieufes, dont Pline le natu- jalifte nous a confervé les détails. Hijloria Mundiy L, i6. Cap. 95. Toni. II. p. 42» O2 5i6 DE l'Epilepsie. 1 ge , dans lequel il rapporte quelques I exemples de fes fuccès, le croyoït me- 1 me auffi Toécifique dans cette maladie 1 que le kina dans la fièvre , mais avec bien peu de raifon; mâché long-tems, il a une légère amertume aromatique qui fe rapproche un peu du goût du noyau de pèche , & perluade aiiëment qu il eit cependant fupérieur à la racme de pi- voine , comme iî Teft en effet i quelques obfervations prouvent même qu'il n eit pas abfolument fans efficace , quoique M. Lewis , dans fon excellent ouvrage fur la matière médicale , paroilfe n'en faire aucun cas [ ,3 dre les nerfs infenfibles par l'opium ; „ mais d'un autre coté , n'y auroit-il „ point de dangers à donner de l'o- ,3 pium avec cette difpofidon fterto- 3, reufe-, ne courroit-on point rifque ,3 ou de lui procurer un fommeil éter- ,3 nel, ou de le rendre imbécille ? On „ n'aura au moins rien à craindre en „ commençant par donner une très- 33 petite dû'fe , je l'eifayai ; la premie- ^ re n'augmenta point le penchant au „ fommeil , mais elle parut foire du „ bien ; j'augmentai la dofe avec pru- ^, dence, il ne vint plus d'accès i le 33 DE l'Epilepsïe. 333 ^^ (ommeil devint très-naturel , & nous ^' rendîmes l'enfant à fes parens , agile , ,j gay, & très-bien portant. Il continua „ à jouir d'une bonne flmté pendant ,5 trois mois, & mourut au bout de ce ,5 tems de la dilFenterie {y). Les feuilles d'orangers. §. 170. Les feuilles d'orangers font un autre rerneJe qui a acquis de ia cé- lébrité depuis quelque tems. H y a douze ou treize ans qu'un charlatan inconnu les porta à la Haye , comme un fecret qu'il vantoit dans tous les maux de nerfs , & fur-tout dans l'épi- lepfie , il les donnoit en chocolat i & ce chocolat dont j'ai bû n'étoit point défagréable ; ou en décodion. Mr. "Westerhof & Mr. V e l s e , célèbres praticiens à la Haye , l'eifaye- rejit & lui trouvèrent allez d'efficace pour en envoyer à Mr. de Haen , qui l'eifaya fur une fille de dix -huit ans, tourmentée de convulfions aiFreu- fes , qui fut parfaitement guérie {z), {y) Haen, Ratio Medendi , Pars 5. Cap. 4- §• î- [2] Icîem. Pars 6. Chap. 7. ^.4.- I 354 DE l'Epilepsie. ■ Mr. ViNCEL , célèbre oculifte , établi alors à Vienne^» lui apprit que ce fe- cret n'étoit que des feuilles d'orangers , & Mr. Velse le lui confirma. On en fie cueillir , on en diftribua dans tous les hôpitaux de Vienne , on en donna en poudre & en infufion , il opéra utilement ; mais les fuccès les plus marqués furent à l'hôpital de St. Marc, Mr. LoCHER, qui en etoit le médecin, raflembla plufieurs épilep- tiques , il elTaya tous les remèdes van- tés , il n'en trouva point d'équivalent à la feuille d'oranger ^ elle modéra la violence des accès _ chez les uns, elle les éloigna chez d'autres j elle en gué- rit abfolument quelques-uns (a) Mr. VAN SwlETEN, Mr, SrORK , ^'cnt aulTi donnée avec fuccès ( i' ) , '& Mr. HanNEss médecin à Vefel, guérit par fon fecours un enfant épi- leptique dont la maladie avoit relifte i tous les autres remèdes ( c ). J'ai (û) LocHER, Obfervat.. praSîic. circa luem Vener. epilepf. ^ man. Cap. 2. pag. ^ \b) Crantz , Mattr. Medic. Pars. l. (c) De pucro epilepticot pag, SÇ. DE l'Epilepsie. 33f employé les feuilles d'orangers dans Pé- pilepfie, dans les convujfioiis , dans les vapeurs. J^ai vu que dans l'épilep- fie , elles faifoient quelquefois du bien ,• je n'ai pas vu qu'elles guériflent, & je fuis convaincu qu'elles font fort in- férieures à la racine de valériane. Si le fuccès de ces deux remèdes dans l'hôpital de St. Marc à Vienne , a été différent , je fuis porté à croire que c'eft parce que la valériane étant un remède beaucoup plus actif, peut avoir agi comme irritant fur des îiijets qui n'avoient peut-être pas été préparés aflez long-tems à fon ufage , & pour qui le lieu même où on les traitoit , n'avoit pas permis de fe fervir des moyens que j'ai indiqué plus haut, comme indifpenfiblement néceflaires, pour l'employer avec confiance. Je les ai vu réuflir quelquefois dans les fini- ples convulfions , & leur ufage en ti- fanne fait le plus grand bien à la fem- me la plus mobile que j'aye vu , & que beaucoup d'autres remèdes irritent. Je les donne en poudre à la dofe de de- mi dragme jufques à une dragme , trois ou quatre fois par jour, & en tifanne je fais bouillir une demi -once de ces 33^ DE l'Epilepsie. feuilles avec vingt onces d'eau, pen- dant un quart d'heure , pour la doie du jour ; ainfi les feuilles d'orangers font un bon remèdes leur faveur mê- me devoit le faire préfumer ; mais ce n'eft point un fpécifique dans l'épilep- fie , & Mr. L o c H E R lui-même en convient. Article XX\H. Le kina, le fer , le camphre , le cafior , Pajfa-fœtida , la rue , ^c. §. 171. Le kina, joint au mercure, guérit, comme on Ta vu plus haut , d'après Heister, une épilepfie ver- mineufe , que les autres remèdes n a- voient pu guérir. Tozzi, Grain- ger, FuLLER, Eller, s'en font auffi fervi avec le plus grand lucce^ dans cette maladie ; Mr; L o c h E R dit s'en être bien trouvé & l'employé . fouvent. Je l'ai employé plufieurs fois, & j'en ai vu d'heureux effets , je lui dois même en entier deux guérifons, mais la périodicité exade que la mala- die obfervoit dans ces deux cas, tout comme dans celui que décrit Mr. Grainger DE l'Ep-ilepsis. 557 Grainger, dont le malade at^oît un accès tous les fix jours ( d )i la foi- foie/Te d'eftoniac , l'atome , qui exif- toient dans les autres cas dans lefquels je l'ai employé, me convainquent que le kina doit être employé avec confian- <:e dans les épilepdes qui dépendent de quelqu'une des caufes que je viens d'indiquer, mais qu'il n'a point de vertu anti-épileptique décidée; & que ■quand il s'agit de remédier au vice du •cerveau , à cette difpofition proégu- mene, qui eft la bafe de la maladie, il eft bien inférieur à la valériane : je ie crois même en général , fondé fur plulleurs obfervations, inférieur au fer dans tous les maux de nerfs , c^ ce der- nier remède qui ed; le plus puilTant des fortifians, trouve aulîî iouvent place dans la cure de répi]ep(ie, quand elle eft accompagnée de quelques-unes de ■' ces maladies auxquelles le fer ^ï le fer feul remédie. Les eaux minérales chalibées qui font dans quelques cas , la prépara- tion martiale la plus utile 5 & qui ont quelquefois du fuccés dans l'épilepfie (fi?) Febris afiomala Batava, p. 113. 338 ^^ l'Epilepsie. qui dcDend de l'atonie des premières voves/ne doivent cependant être or- données qu'avec prudence. Le prin- cipe fpiricueux qu'elles renferment, qm porte 11 fortement ks humeurs dans , les rameaux des carotides, quilenyvre , quelques perlbnues & donne des maux de tète à d'autres , eft une forte con- tr'indication pour les employer dans cette maladie. J'ai vu des epilephes augmentées par les eaux de Pyr>nont & de Spa. qu'on avoir annonce com- nie des fpéc^fiques ^^^^^'^^'^'^'''Q il eft démontré par la raiion & par les faits, qu'autant qu'elles peuvent hm-e de bien dans quelques epiiepiies l>m- pathiques, autant elles Peuvent mure . Ijuand le fiege du mal eft dans la tête. Le Cawphre. ^ ly^.Parmilcs remèdes proprement ^its'anti-épileptiques, le camphre, le caftor, ralfa-fœtida , la rue , tiennent aulfi des rangs diftmgués. Il n'eft pas douteux que le camphre ne foit un remède très-efficace , les lu^ ces d.ns plufieurs niahdies aiguës & chroniques font inconteftables , ion Î3 E L'E P ï L E I? S ! E. " ^39 -adion fur Jes nerfs eft bien démon- trée ,^ & Mr. Alexander a même prouvé , par une belle obfervation , qu'elle étoit fi forte, quand on le dou- iioit à grande dofe , qu'elle pouvoit devenir très - dangereufe (e) ; ainfi , on pourroit conclure à l'avance, qu'il peut être utile dans l'épîlepfie , & foii odeur, analogue à celle de la valéria- ne , quoique différente , leurs effets femblables dans plufieurs autres ma!a» dies, augmentent les efpérances qu'on peut en concevoir dans celle-ci & que l'expérience jultifte : Zvir. Hannes^ ait avoir fou vent donné aux épilepd- ques, ,avec fuccès une teinfitte cam- phrée, compofée d'une oilce & demi de grains de kermès & autant de cam- phre , dans Vingt onces d'eiprit - de- .vin , connue fous le nom de teinture ^ (e) Deux fcrupules de c;)mphre pris touÈ a 11 fois, lui donnèrent du nial-aife, de la foibleire , de l'abattement , de l'embarn^ de tête, un trouble total de vue, i^ne perte de connoifiance, de fortes convulHons," des • défaillances, un poulx très -vite , & i'i fuC près de trois heures dans un état dangereux. Alexander expcrimcntal ejfays , &c. page 159. , P a 540 DE L'EPiLtPSiE. énileptique de PlEUKE ( /), & ^ LoCHEE a vu les plus heureux- eliets c-ovable quelle efficace elle a dans le traitement de 1 epUepUe U ; » b par fon feul nfage un malade , qui de- Us trois ans étoit attaque dune ep - epfie atroce U'ai vu de bons etfe^ du camphre , fans pouvoir lui «ttrmue aucune cure épileptique, mais je n en 'rjamais donne plus de dix ^.rams a lafois,&rairomquela dernière prie foit toujours donnée avant les quate heures du Çoï, : 3^ai remarque depuis long-tems, que donae pms tard , il procure fou vent des nuits mcjuictes. ^ | ' Le Cajlor. ^% § l«; î a réputation du caftor a beaucoup diminué depuis un (lecle. ({^ De F Mr. epihptic. p?.ge 47- ^ (V^ 2^ Camphor. dr. /, facar. canar. , n^ucilag gumm. arnb. aa. dr. r. hi^ ^nvicem • 5n niotar. marm. trlt. add. acet. calid. |y^. aq. flor. famb. f vj. firup. flor. pap. rhead. ^/. Obfervat. praa. p. 42- Le vinaigre n'eftpeuC- être pas moins utile que le camphre. DE l'ÊPILEPSIE. 34.Î RlviNUS eft ]e premier qui ait dou- té des grai^cls eifets qu'on lui attri- buoit & qu'il n'opéroit pas , il vouloit même, qu'on le profcrivic des pharma- cies, où il ne fert , dk - il , qu'à ré- pandre Uiie mauvan'e odeur ( h ). Stahl n'en penfoit pas plus favora- blement , & JuNCKER , fun élevé & l'expofiteur de fa docliine , .le con- dxUT.ne expreifément dans i'épilepiîe & clans les vapeurs, parce , dit-il , qus s'il foulage pour quelques momens , il laiife enPuite de plus grands maux, fur- tout un grand embarras de tète & des ançjoiifes a l'eftomac ( i ). NfcU- M AN, qui a fi bien ana'yfé tous les remèdes, le croit incapable d'opérer les effets, qu'on lui attribuoit ( ^ ) j & Mr. Alexander conclud d'après fes expériences, ( il eft vrai qu'il parcit tirer trop vite des conclufions géné- rales ) , que le caftor ii-e mérite point ( /i ) Cevfur. Medicam. ofïdnal. Ci p. 2. §. 8. ( i ) ConfpeSîus Medic. thcortt. pra^. Tab, J7. Caut. H. & Tab. çç. Cauc. ç. • { k) The Chemical ïVotks of Gafp. NeU» MAN , page 566. P 3 342 B E l'Epilepsie. ■une place fur la lifte des médicamens i ^, d'après les obFervations les plus exac- \ tes que j'aie pu faire , dit-il , & ce "que 'j'ai appris de celles des autres^ " on ne peut efpérer aucun bénéfice 'j fenfible du caftor dans les maladies „ fpalrnodiques ( / }. " Le peu de fuc- ces que je remarquai de ce remède dans les premières années que je l'em- ployai, m'en dégoûta j j'en ai fait dès- lors très-peu d'ufage, & toujours plu-, tôt par eifni & en i'oblervant attenti- vement que par confiance ; niais^ je n'ai jamais rien vîi qui ait pu nie taire changer d'idée i d'ailleurs , le vrai eaf. tor cft rare ; il conferve peu en fubi- tance , fa teinture fjnritùeufe diflillée , ^ fon extrait aqueux , fout fans ior- ce , & il n'y a que fon extrait Ipiri- tueux , qui peut fervir à conferver ce qu'il y a d'utile i ainfi fims lui ôter abfoluraent toute efficace , comme il eft fouvent fofittiqué , qu'il fe confer- ve mal, quUl eft exceifivement déRi- gréable, & qu'on a beaucoup de re- mèdes qui ont les mêmes qualités dans un degic fort lupérieur , jepenfe comrn^ (^) Expérimental EJJals , page S?- DS l'Ep I L EPS I E. ?43 RiviN , qu'il feroit à louhaiter qu'on le profcrivit. §. 174. L'aîTa-fœtida , à laquelle on peut joindre les autres g.ommes suî ont des vertus alTez rapprochées , mais plusfoibles, fur-iout dans les maux de nerfs, eft un remède véntabiemenc efficace dans plufieurs de ces maladies , & dont f ai vu les plus ^^rands eitets, fur-tout dans quelques aithmes convuî- fifs 5 elle elt très-utile dans répileptie, quand il y a une complication de vii- cofité dans les humeurs, d^obrtrudion dans les premières voies , ou un prin- cioevermineuxi on peut dans plufieurs cas l'allier à la valériane ; mais il laut fa're attention , que , comme toutes les gommes , e'ie porte un peu à la tète, & fe fouvenirde l'oblervation de Mr.BuRGRAVE, qui a fait remarquer le premier qu^^ pendant qu'on huioit ufage des g-ommes, on étoit tres-iujet à voir des étincelles devant les yeux (w)ifymptôme auquel les épileptiques {m) De acre , aquis 8? lods Francofur^ teriBb. -^ P 4 544 DE l'Epilepsie. for.t fujets j ce qui exige bien des attentions, avant que de fe détermin-er à leur en donner des dofes un peu fortes. La Rue. §. I7f. La rue eft recommandée depuis très - long - tems i Alexandre. âe Tralles Ja vante déjà ; il eft vrai qu'il paroît que c'eft plutôt pour faite revenir de Taccès par Ion odeur forte, que pour guérir du mal > depuis lui cependant jurques à nous, l'eau diftil- Uq de ruii ei\ entrée dans la plupart, des potions and-épileptiques , & il eifc certain qu'on doit eipérer des effets leniibles d'un remède anifi aélif j peut- être raème cette grande âcreté, qui en- flamme les mains, fi on le manie long- tems , devroit faire préférer refpriG fpiritueux qui canferve toute la force du remède , & n'en perd -que la féti- dité, & qui dans plufieurs cas, où il y auroit des indications dont j'ai parlé à l'article de l'aifa-fcetida, feroit extrême- ment utile , m:iis auquel je ne crois rien de fpécifique, n'ayant vu aucune ©bfervatiou quI me U perfuada^ 8c I DE L'EpILEPS I E. ^4f ne Payant point elTayé dans cette vue 5 parce qu'on ne peut point employer un {] grand nombfede remèdes , & que je n'aime à fortir de ceux dont j'ai bien conftaté l'efficace , que pour en em- ployer de nouveaux qui paraliFent mu- nis d'excellens certificats. Le mercure , tayitîmobtf. §. i'i6. Le cinabre n'eft pas à beaiî- coup près auin efficace que la plupart; des derniers remèdes , & tous les élo- ges qu'on lui a donné , n'augmentent: point fa vertu j il entre dans prefque toutes les formules prefqu'innombrables (w) des remèdes anti-épileptiques , & je ne connois cependant point de cu- res qu'on puiire lui attribuer 5 auiîî Mr. Trilles a bien démontré que c'eft un de ces remèdes que l'on doic profcrirej mais il y a des cas dans le& (n) Mr. Trîller a pria la peine d'en réu- nir 17. l Dijpcnfatoriu/n Univerfale '] , aufll mal compofees les unes que les autres , &qui ne font que des reATaffemens de celle de Gut-. tette. On eft affligé que ce favant médecin ait ainfi perdu un tems qu'il pouvoit employer pius utilement, P5 i J4^ I> E L* E F I L E P s I E. quels le mercure^ donné fous une for- me capable d'aclian , efx ncceifaire dans- Vépileplie, & produit de grands effets : il eft même le feul vrai remède, quand la maladie eft l'effet du virus véné- rien-, & Mr. LocHER rapporte une obfervation qui le prouve : " Dans le „ tems , dit - il , que je frfois des 35 épreuves du fuWimé corroflf , pour „ les maux vénériens, il fe préfenta, „ un homme qui avoit la vérole &, j5 l'épilepfie , & qui portoit au crâne j, un tophus confidérable i je lui or- ^ donnai hardiment le remède , pen- 5j dant l'ufage duquel les accès fe re- ,5 nouvellerent foiiventj mais dès que à, le tophus fut ouvert, ils ne reparu- ^, rent plus ; le tophus, fe dilFipa , la playe le cicatrifa , & il fut guéri des. j' deux maladies ( o )•". Le mercure ç-ft encore utile dans les cas où Von a lieu de croire que le mal eft produit îDar quelque engorgement , par une- humeur dartreufe , ou par une âcretQ: X\ il ne Tauroit fûrement pas décrié. DoLOEUS avoit vu les çonvulfions & répiîepfie être une fuite de Tufage dii r.iercure (q) , & étoit bien éloigné de. Ten croire le remède. Ce n'eft que de-, puis quelques mois que Mr. Housset l'a propofé counne le remeds te plus a&if ^ le plus prompt qu'on puijj's imagi- ner dans la nature , potir la guérijhs i:adicale de Pépilepfie idiopathique i fi vous exceptez , ajoute Mr. Housset ,, êes vices de conformaiion du cerveau y^ eu ks calculs , qui quelquefois fe for" ment dojis ce vifcere , ou enfin les extra^ vafations qui fuccedent à des coups don-- fiés à la tête : je demande quelle eji la> caufe évidente ou cachée que le mercure iie pourra pas combattre avecfuccès C^)^ (g) Encyclopedia Medic. Chap. iç.p. ;o?> U) DiJJcitation fur ks pa/ties fenfibki ék QQ!^-" àwmin.i &ç. çag, 73. 1762.. DE 1' E P I L E P S I E. 349 Mr. HoussET appuyé cette proDofî- tioii d'une obfjrvatioii qu'il fie iiir un jeune homme qui , dès Pà^e de douze ans , avoit éprouvé de forts accès de migraine, qui paroiifoient par- tir de la partie antérieure & inférieure du coronal , & qui , à l'âge de dtx- fept ans , fe changèrent en accès d'é- pilepfie , qui commenqoient comme ceux de la migraine , par des étour- dilTemens , pendant lefquels il voyoit comme des bluettes & des chandelles. Les accès étoient violens , le /iialade perdoit dans Tinftant la connoijîance ; il en eut huit plus confidérables que les autres , depuis la fin de Janvier 175*6 jufqu'au mois de Juillet 17^8.- Les faignées, les évacuans , les anti- épileptiques , parmi lefquels étoient la valériane , le guérirent pour un an 5 au bout de ce tems les accès revinrent > Mr. HousSET fe détermina à employer le mercure i il faigna le malade, le fit baigner , le purgea , & enfuite lui donna des fridlions qui le firent fl^îiver pendaot trois mois & demi. Depuis lors il n'a plus eu d'accident , & eil mort d'une autre maladie trois ans après. C^tte obfervation eft intéreiTanee 5 3 f O DE l' E P I L E P S I E. mais proiive-t-elle que le mercure fbit ]e fpécifique de répilepfie idiopathi- que ? Je fuis fort éloigné de le pen- fer: aucun médecin ne le croira j tous jugeront que s'il a fait du bien, c'effc comme apéritif, en détruîfant un prin- cipe d'engorgement qui exiftoit vrai- femblablement à la partie antérieure & inférieure du cerveau. Il y a beau- coup d'épilepfies. dans lefquelles cette méthode nuiroit, & ceux qui ont vu combien les fricT;ions raercurielles irri- tent le genre nerveux , comme je Tai dit ailleurs (j), ne penfent pas qu'el- les foyent le fpécifique des maux de îierfsj quand elles les guériifent , c'eft en détruifant la caufe qui les irritoient y caufes parmi lefquelles on peut comp- ter le virus vénérien. Homob. Piso guérit par la falivation un homme , que ce virus avoit jette dans l'épilep- iie (/), & Mr. SCARDONA rapporte (j) J'ai déjs cité plus haut robfcrvation de DoLOEUS, & on en trouve plufieurs au- tres qui conlirment les mêmes craintes. HoF» MAN , de infecuris rcmediis, §.21, parle du mercure comme pouvant produire répilepfie chez les perfonnes foibles. {t ) Uc récrimine macjnor. auxiL Cap. 4. DE l'Epilepsie. 3fi rhiftoire d'une veuve qui , à Tâge de trente ans, fut attaquée d'une épilep- iie, dont les accès revenoient prefque- tous les jours deux ou trois fois. Les remèdes ordinaires , loin de la foula- ger , rendoient les accès fi violens, qu'on craignit pour fa vie, fans que ce dan- ger la détermina a avouer fou ^état, une violente ardeur d'urine la décela, & Mr. SCÂRDONA l'ayant prelTée , elle avoua que le mal avoit commencé par une gonorrhée, qui avoit été fuivie de chancre dans la bouche & de l'épi* lepfie , dont la fahvation la guérit par- faitement («)• Dans l'obfervation rap- portée parHoussET, & qui^ ne paroilfoit pas dépendre du virus véné- rien , il faut compter PefFet de la {li- gnée & des bains , qui firent peut-être kutant de bien que le mercure. §. 177. L'on doit placer après le ^iiercure .les préparations antiraonia- les , & fur -tout le foufre doré & l.s kermès minéral qui lui eft préférable. ]e m'en fuis fervi très-fouvcnt avec iucces dans l'épilepfîe , mais fur - tout [t/] y^phor. de corjnof. ^ car. morb. L. i> Cap. 8- page ï6\. I ^^z DE l'Epilepsïe. pour les enfans au-deiTous de l'âge d? dix ans; il détruit les matières glaireu- fes , il déiobtlrue , il ouvre tous les couloirs, & enfî'i il fortifie réellement les nerfs j ce qui remiplit toutes les in- dications qui fe préfentent le plus ordi- nairement dans plufieurs cas. L'uuiort du mercure & de l'antimoine eft quel- quefois utile dans les maux de la même efpece ; & le Dr. Kinneir rapporte tine bien belle cure, opérée par i'ufhge du mercure doux Se du foufre doré, réunis fuivant la méthode du Doéleur Plummer ; c'eft celle d'un jeune hom- me de dix-huit ans qui avoit fouvenc trois ou quatre accès par jour, & cha- que accès d'une heure; les évacuans, les véficatoires , les nervins , le kina même & la valériane , employés pen- dant neuf mois , n'avoient produit qu'un bien léger amendement; le re- mède de Plummer le guérit dans ui\ mois [x], C:»3 KiNNER à new ejfay on tlic vervtSf page 178. DE l'EpILEPSIÊ. at3 Article XXVIIL Spécijïqiies inutiles. §. 178. Une grande quantité d'au- tres plantes qu'on appelle nervines,& leurs conferves , ou leurs eaux diltil- lées, entrent auffi dans, la lifte des re- mèdes anti-épiieptiquesi telles font les eaux de Heurs d'orange , de meliffe , de tilleul, de romarin, & une loue d'autres, mais qui méritent à peine le nom de remèdes dans ce cas , & ne font utiles qu'à fervir de véhicule à des re- mèdes qui ont'plus d'efficace. De tout ce que je viens de dire, on peut conclure que de tous les remèdes anti-épileptiques , vantés comme fpe- eifiques très-liirs par de bons auteurs, lô. la valériane , les feuilles d'oran- ger , le mufc , le camphre , font les fsuls auxquels on puiiîe donner ce titre , & que fans aucun doute , la va- lériane eft celui des quatre qui le mé- rite le mieux j i°. que le guy & la ra- cine de pivoine , fi fort vantés , leur font fort inférieurs ; que la racine de pivoine fur -tout n'a prefque aucune 3^4 DEL'EriLEPSIE. efficace , & que c'eit perdre le terns inutilement que de l'ordonner aux épi- leptiques j 3°. que le kina, le iîpr [jy ] , les eaux minérales, peuvent être très- utiles dans de certaines circonftances , & peuvent guérir radicalement le mal en emportant la caufe ; 4°. que l'on pourroit bannir le caftar , & que l'afla- fbctiJa , les autres gommes , la rue , font tout comme le kina , le fer , les eaux minérales , plus indiqués par les circonftances du mal qwe par le mal même : je ne voudrois cependant pas refufer quelque choie de fpécifique à l'aifa fœtida5 5°. que quand je dis que tels remèdes font fpécifiques dans cette maladie , j'entends feulement par - là que ce font les remèdes connus , les plus propres à changer la dirpofition [i/] L'on a vu depuis un an ou deux, dans les papiers publics, l'annonce d'un fpé- cifique, qui doit avoir opéré plufieurs gue- rfons ; je m'en fuis procuré , & après l'avoir examiné aftencivement , je n'ai pu y recon- noître que la limaille de fer & les bayes de laurier ; on comprend aifement dans quels cas il doit être utile, & dans quels cas iî doit nuire. Je l'ai donné à deux malades, &- l'effet n'en a pas été favorable. DE l'Epilepsie. 3T^ épiieptic/iie du cerveau , quand elle n'eft compliuuée avec aucune circonU tance de la laiité qui puilie faire craiiu dre leur eifet j ils font bien éloignés non-feulement de guérir , mais même d'être utiles dans tous les cas d'épi- lepfie. La pQuâye de Gutiette , ^ celle du Marquiî. §. 179. La poudre de guttete & h poudre du marquis ont eu une célé- brité qui oblige à en dire un mot, ne fut-ce que pour les en dépouiller. Celle àe gutt^tte eft compofée de racine de pivoine mâle , de guy de chêne » du crâne humain qui n'ait pas été en- terré , d'ongle d'élan, de graine deba- filic & de pivoine, de Heurs de bétoi- ne & de tiÙeui , de poudre âiambra ^ de fucre rofat , & de ïeuilles^d'or {z)^ Celle du marquis eil compofde de ra- (2) Pharmaconéc univerfelle de LÉNlERU T. I. page îU- E'^s a éce réformée dans dif- férentes pharmacopées , mais elle n'y a pas. beaucoup gagné , excepté à Edimbourg» où l'on y a ajouté la racine de valériane^ 35^ DE l' E P I L E P S I E. cine de pivoine mâle , de guy de chè- re , de rapure d'yvoiî e , d'ongle d'élan, d*unicoine , d'yvoiie bailé , de corail ioiige & blanc . de perles préparées , de feuilles d'or (a). Si l'on daigne jetter un coup d^œil fur les drogues qui entrent dans ces compofitions, on jugera d'abord qu'el- les" font foibles , compofées de remè- des dont les uns n'ont a^dcuiie vertu, les autres ne font qu'abforbans ; Se que le guy de chêne, qiiQ j'ai apprécié plus haut , étant ce qu'il y a de plus efficace, on ne peut s'en promettre aucun eifet, fi ce n'cfl; peut-être dans l'épilepfie des enfans , ou dans quel- qu"autre cas dans lefquels l'irritation de l'eltomac , occafionnée par les aci- des, peut être une des caufes parti- culières de la maladie } & qu'ainfi ces poudres, malgré tout ce que l'on en, a dit, doivent être placées dans la clafTe des fpéciîiques inutiles , qu'il fu-lfit prel^ que de nommer. §. igo. Les principaux font , les vers de terre, pris à jeun, au mois (a) Pharmacopée univerfclk ck LÉ^ ERï , T.I. p. iî6. DE l'Epilepsie. "iM de Juiii, avant le lever du foleil , au momsnt du coït ; le pied d'élan , le ta- lon de lièvre , i'arriere-faix d'un pre- mier né , le crâne humain non enter- ré, la raclure des vertèbres d'un hom- me mort de mort violente , le cerveau humain , le cerveau de corbeaux , l'ef- prit de fanghumr.in, l'os fefamoïde du crine humain , l'unicorne foffile , les les petits oiîelets de l'ouie d'un veau , la bile fraîche d'un chien noir , la fiente de paon & de lion , Tcpine du dos d'un iéz;?rd rongé dans un tas de four- mis , les coeurs & loves de taupes, de grenouilles vertes & d'autres petits ani- maux (h) , & un grand nombre d'au- tres, tous auiTi inutiles, auffi dégoû- tans, aulfi infenfcs, & qui, flms ver- tus & fans forces, indignes d'être ap- pelles remèdes, fervent à prouver dans quelles petiteiTes peuvent donner les hommes, quand ils fe laiiTent guider par les fyftêmes , les préjugés & la fu- perftition. §. igi. L'on pourroit placer ici un remède dont je n'ai point dû parler (6) JUNCHER , confpeilus medicin£ ta* huL 55. §.7. p. 4<3o. 3^8 DE L'EpiLEf SIE. dans la première clalFedes remèdes fpé- cifiques , c'eit Thmle animale de Dippe- Lius, qui n'eil qu'une huile de corne de ceri , dépouillée de fon fel acre par des lotions aqueufes^ & plufieurs fois didilléei ce qui en fait une huile alfez douce, que l'auceur (c) , JuNCKER, KrAMFH, SCHARSCHMID, Mr. WtR- LHOF même , ont recommandé dans l'épilepiie , d^îprès leurs propres obfer- vations, qui ne peut pas nuire, mais qui ne paroît cependant point douée d'une grande efficace, & qui d'ailleurs a été trouvée louvent totalement inu- tile j je ne vois pas de mal à l'employer dans quelques cas , moyennant qu'on ne l'emploie que par eilài, & {Ims lui confier une cure qu'elle ne peut pas opérer ( d ). ( c ) Difquipt'io de vit£ animalis morbo ^ medicina , p. 89. (rf) Mr. Bosch, auteur très - moderne, paroît auffi en faire cas , Hijl. ccnJUtut. epi' demie, ver minos , Lujd. Butav. 1769. DE l'Epilepsie. 3S9 Article XXïX. Spécifiques dangereux, '§. 182. La troiiieme clafle des fpé- cifiqfties renferme ceux qui font dan- gereux y ils le font , les uns par leur xàolence , les autres par leur véné- nofité. L'on a été conduit, comme Ta déjà remarqué Mr. van SwieïEN, à em- ployer les remèdes violens , par l'idée iiiFez naturelle que , pour guérir luie maladie aulFi grave , il falloit néceiïlîi- rement opérer un grand changement ■dans le corps. Ceux qui furviennent dans le tems de la puberté, & qui changent beau- coup l'économie animale, guériilent quelquefois de cette maladie. Les rhangemens de pays produifent fouvent le même effet i Mr. VAN SwiETEN a vu plufieurs épileptiques , qui ayant pallé de Hollande dans les grandes Indes , avoient été exempts de cette maladie tout le tems qu'ils y ^voient demeuré ; quelques - uns en avoient été de nouveau attaqués au 3(^0 DE l'EpïlepsiE. retour, d'autres ne l'avoient jamais reprifeCOi & Hippocrate xavoit déjà confeillé le changement de pays ôc de genre de vie pour guérir l'epilep- fiej mais ce remède n'eft pas a la por^ tée de tous les malades. Les maladies opèrent auffi quelquefois de ces^cban- gemens flworables. HiPPOCRATE avoit remarqué que fi la fièvre quarte attaquoit un épileptique , elle le gueril- foit ; & quoique , comme je l'ai remar- qué plus haut, cela ne foit pomt gé- néralement vrai , cela eft arrive quel- quefois. Un homme avoit toutes les Semaines un accès d'épilepfie , pour laquelle il avoit inutilement eliaye plufieurs remèdes ; la fièvre quarte furvint , qui l'en guérit parfaitement (/) i & une fièvre épidémique , ac- compagnée de fymptômes très-graves , ° guent Ce) Aphor. loSo. page 4; 6. Cette obfer. vation juftifie le confeil de Stocker^, qui établit le fpécifique de l'epileplie , cejt d& changer un air humide contre un air Jec.^ Prax. Aledic. page 19. Ce qui peut être vrai très-fouvent, mais pas toujours ; il y a deg épilepfies dans les lieux les plus fecs. " (/) Ibid. I DE l'Epilepsie. 36"i guérit un jeune homme qui étoit éoU leptique depuis trois ans , avec piu^ fîeurs accès par jour, fans qu'aucun femede l'eût foulage (f ), §. i83- Mais les médecins ne peu- vent donner, ni la fièvre quarte , ni Une autre j privés de ces inftrumens » ils ont voulu opérer une forte révo- lution par de violens remèdes. Ale- xandre de Traïles Se Paul i'/E^/- «f, confeillent Phellebore blanc, qui étoit pour eux le plus efficace des remèdes i Galien a extrêmement van- té l'oignon de mer; les modernes ont employé les préparations cuivre ufes , antimoniales & mercurieîles les plus violentes; & j'ai vu une thefe foute- nue à Montpellier, fous Mr. Didier , qui en étoit l'auteur, dans laquelle on affirmoit que la poudre d'alparot, ou poudre de vie , guériiToit l'épi* iepfie. Fabri , médecin de Dantzic , ' rapporte dans les Trjxnfa&ions Fhilo* fopbiqites , qu'ayant injedé dans leâ Veines d'une femme de trente - cinq ans , & d'une fille de vingt , qui ig) ïbid. Ces deux obfervations font ci- tées d'après les mémoires des curieux de U Nature. 1 3&2 DE l'Epi LEPSiE. étoient cruellement épiieptiques , ini remède purgatif diiîbut dans un efprit anti - épileptique , l'une & l'autre vo- mirent violemment & beaucoup, & furent purgées j la premiore eut U!i nouvel accès le lendemain , raa's ce fut le dernier , à elle fe porta b:en; la féconde , qui étoit encore purgée le len- demain , n'eut plus d'accès •■> mais elle mourut ( /j ). §. 184. L'e?/^ vensris , qui eft une teinture de cuivre , a été recom.mande comme anti-épileptique , & Ton trou- ve dans une bonne, ditfèrtation fur ce métal , une obfervadon qui mérita d'être rapportée. L'auteur fit dillbu- dre du cuivre dans une folution de fel ammoniac, & en tira des criftaux d'un bleu verdàtre, qu'il employa pour une fille épileptique, de dix-huit ans, qui n'avoit point fes règles -, il le lui fai- foit prendre tous les foirs en allanC coucher , & en commençant par un grain , il monta fuccefîlvement juf- ques à neuf , fims qu« cela procura aucune évacuation , jufques àce qu'elle fut parvenue à huitj cette dofe lui {h) Philofophic, TranfaH. 1667. Î)È L'EPILEPSIEi ^53 donna quelques vomiiTemensî elle eu prit cependant; neuf pendant trois jours i fa fanté dérangée fe remit fort bien , quoique les règles ne reparuiFent pas } & les accès qui revenoient toutes les quatre femaines , avoient ceiîé depuis dix , quand l'auteur écrivoit (/). Mr. Van SwiETEN avoit déjà vu quelques bons etiets dans cette maladie , d'un remède cuivreux 5 préparé avec beau>^ coup de foin , mais dont il ne connoif^ Toit pas la compolition , qui ne procu-^ roit aucune évacuation fendble, mais qui imprimoic dans tous les membres un fingulier mouvement de Fourmille.^ ment qui s'étendoic jufqu'au bout des doigts (k). §. 18^. Il n'tîft pas douteux que de^~ fecouires violentes ont quelquefois opé^ ré favorablement} tout comme l'on a Vu un coup de tufil tiré fubitement au pied du lit d'un épileptique , au momené où il fortoit de l'accès , le guérir : maisi il eft également fût, i®, que l'ifTue eit eft toujours très-douteufej z". qu'ils (i) Batfour RussEL, Biffer tatio de CUik pro , Edimb. 17^9. (^) $. i«8o. pag. 4î8. CL5 3^4 ^^ l'Epilepsie. emnirent le mal plus ordinairement qirilsnelefoulagenti 5°. que louvent les malades font morts entre les mains des charlatans, dans l'opération d^e ces remèdes violens 5 d'où il eft aile de conclure qu'on ne devoit le les permet- tre que rarement, dans les tems même où la façon de traiter l'épilepfie, lareii- doit prefqus incurable ; & qu'on ne doit plus les employer aujourd'hui , puifqu'une meilleure méthode a rendu la guéiiibn de cette maladie très - fré- quente. §. i8<5. Outre ces remèdes dont 1 o- pération eft violente, il y a une féconde clafle defpécifiques dangereux, dont la faqon d'agir ou de nuire n'eftpas tou- jours connue, mais dont on doit tou- jours le défier. L'on peut placer ici la femence de îufquiane , que TuRQUET DE MayeR- tiE confeille de donner pendant tres- long-tems tous les jours, en commen- çant par fix crains, & eu montant juf- ques à un fcrupule, & qu'iMndique comme un remède univerfel. Mais Mr. SCARDONA remarque avec raifon que ce remède eft toujours dangereux , qu'il nuit au cerveau , & que s'il fufpend les DE l'Epilepsie. SC'f accès pendant quelque tems , ils re- viennent enfuite plus atroces (/). §. l87- Parmi les obfervations que Mr. STORCK''a donné fur les eifets de l'extrait de la même plante dans les con- vulfions (m) , la dixième eft celle d'un épileptique que ce remède rétablit. Mais Mr. Greding vient de publier un nou- veau recueil d'obfeivations très-détail- lées, par lequel il paroit que de qua- torze épileptiques auxquels il l'a ordon- né , les plus heureux ont été ceux à qui ce remède n'a point fait de mal ; il a empiré l'état de quelques-uns , & paroit avoir hâté la mort de quelques autres ; & l'auteur en conclut qu'on ne peut point le regarder comme un reuiede utile dans cette maladie (n). §. i88- Je connoisdans le plus grand détail , par un témoin oculaire digne de foi , le cas bien frappant d'une per- fonne épileptique, qui prit d'un chur- (Z) Aphcr. de morb. cognofc. ^ curand. Lib. I. Cap. VIII. (m) Libdlus de Jiramomo , hyofciartto ^ aconito , 1762. (n) LuDVlG, adverfaria mcdico-praâlicM f page 88- &c. Leipfic 1769. t€6 DE l'EîILEPSIE. latan un remède dont l'effet devcit être fûî; & qu'on ne devoit payer, à Vdi prix convenu , qu'au bout d'un an , à compter du jour de la première pri- fe , & fiippofé qu'il ne revint point d'accès pendant ce tems-là j il n'en re- vint point en effet i la fomme fut payée i mais peu de jours après , le mal revint, & le malade piérit dans le pre- mier accès, j'ai auffi été inftruit , mais avec moins de détail & de certitude, d'im fécond cas entièrement fembla- ble j Si d'autres exemples , moins fu- iieîUs , iiiais analogues, me donnent; de juites crmptes fur tous ces fpccifi, ques fecrets , que les papiers publics annoncent tous les jours, qui opèrent des miracles » ^ après un long ufage defquels , les malades vont cependant fi fouvent demander de nouveaux fe-. cours. §. i89- Staahl parle d'un ar= cane dont la bafe étoit la teinture d© lune , ou d'argent ., qui guérit en effet lin jeune bomme d'une épilepfie affez invétérée , mats le jetta dans une fiè- vre lente , accompagnée d'abord d'im^ bécilité, puis de folie, enfin de ma^ iiie , qui le tua au bout de trois DE l'Epilepsie. 3^7 n-'ois (o). Mr. de Sauvages a été le tc.moin lui-même des fiiriefies eftets du foye de loup fëché , pris pendant quel- ques jours à afle2 grandes dofes , par une \ieille épilept'que de Montpellier , que ce remède jetta dans une triftelîe , une jnquiétuds, une crainte, un ennui de la vie , pires que la maladie dont on avoit 'voulu la guérir, & qui iubliftoit toujours {f). §. 19c. 11 y a un autre remède plus iitroce que celui-là , qui n'a pas toa- jours infpiré l'horreur qu'il mérite , & qui s'eft foutenu pendant bien des fie- cles 5 c'eft le fang humain; C E L s e nous apprend déjà que quelques per- fonnes s'étoient guéries de TépilepHe , en buvant le lang chaud d'un gladia- teur i l'atrocité du mal, ajoute -t- il , rend l'atrocité du remède plus Suppor- table. A R E T É E fe récrie auffi lur îa violence d'un mal qui a pu porter à employer un remède aufîi terrible , & ajoute qu'il n'a j;ma!s appris qu'il eût été utile. ScRiBONius Largus veut qu'on le profcriv^ , & fi on i'^i (o) Theoria mcdica , page 10 19. (p) No/olog-a nicthod. ClafT. 8. Art. 19. N'. 7. T. ';£. pigeas 7' 0-4 ^58 DE l'Epilepsie. confervé , c'eft fans doute fur es même principe qu'il faut abrolument produire une révolution violente dans la machi- ne i & l'eifet de cette boiifon eft bien propre à produire un bouleverfement général , mais ce bouleverfement n'eft pas toujours heureux. TuLP rapports deux cas funefles, l'un d'un jeune hom- me que le dcfefpoir de fon mal décida i ce remède défelpéréi il le prit d'une mSLin tremblante , le bût en détournant les ysuK avec une horreur générale & une violence inconcevable ; mais bien loin qu'il s'en trouva mieux, le mal augmentai dans un violent accès, il tomba dans le feu , & fe brûla fi forte- ment la jambe , que la gangrène s'y étant mife , on fut obJigé de l'amputer j & un accès terribie le tua le lendemain d^ l'opération. Une jeune fille qui bût dans le même arguent du fangdu même cri- minel , n'eut pas un fort tûLit-à-fiit iiulfifunefte que ce jeune hom.mei fon mal en fut cependant confidérablement augmenté (q). Mais c'eft trop s'arrêter (q^ Obfcrvat. medic. L. 4. Cap 4- SeN- KERT , de epilepi. qua^ft. i^, blâme aulU avec raifon cette horrible boiffbn. I T)t l'Epilepsie. 5^5 fur des remèdes de ce genre , dont il étoit cependant néceifaire de montrer le dangers & je paiTerois adluellement au traitement de l'accès , fi je ne devois p?.s parler auparavant de quelques fc- cours très-utiles , & qui cependant n'en- trent pa« dans Je traitement ordinaire de répjlepfie j ce font les acides , le hit ;, les bains froids & les cautères. Article XXX. Vfage des acides, $. 191. Galien, comme on Ta vu; avoit déjà recommandé l'oxymel > il dit même avoir guéri plus d'un épiîep- tiquepar le feul wïdge de ce remède (r), qui eft un acide végétal i & fon con- feil , adopté par les médecms qui ont écrit depuis lui , avoit mis fur la voye d'employer les acides minéraux ^ quand ils turent conni-s. L'on doit à Paracelse le pre- mier ufige de l'eiprt de vitriol dans l'épilepfie, & depuis lui il trouva plu, ( r ■) Conjll pro piiero epiltpt. Cap. 4, Chast. Tome 10. page 42. 370 DE l'Epi LEFSîE. fleurs partifans. Angélus Sala raccr«>* dita beaucoup , & un médçcin Polonois ,. nommé C N o ? E L L , paroit un de ceux qui en ont {liit le plus d'ulage. QiiDique les noms qu'ils lui donnoient , & les. jnoyens de préparations ne fut. fent pas précifcment ceux que les clii- niiftes modernes employent, il eft éga= lement vrai qu'ils vantoient beaucoup dans cette maladie l'acide du vitriol , & qu'ils difoient en avoir vu de grands effets. PANAROiUS l'a vu opérer de belles cures. La pathologie qui régna tout le fi e=. cle dernier , & qui attribuoit tous les- maux à Facide . fit prefque perdre de vue cet utile remède, pour lui fubfti- tuer des poudres inutiles ou nuifibles à Ti on i'employoit encore quelquefois , on raiFoibluroit en lai aiFociant ces in. Hpides terreux. Une dodlrine plus fai. ns a rappelle Fuflige des acides , & j'ai vu trop fouvent leurs bons effets dans les maux de nerfs , pour ne pas. en recommander fortement l'ylage. J'ai rapporré ailleurs une cbfervatiou qui prouve leur utilité, & RlViÉR? r.ous en avoit déjà confervé une autre, i'ne fervante épileptique, dit ^ il, hr^ I DE l*Efilepsie. ^7î ..guérie par Piifage de l'oxicrat , dont elle buvoit un verre tous les matins à jeun , & avant l'accès , elle buvoit du vinaigre par; après Cn guérifon , elle eut des douleurs de rhumatifme, que des bains d'eaux thermales guérirent. Les acides végétaux peuvent faire du bien j premièrement, dans le cas où le mal vient , ou de l'épaiffiiTement , ou de Pàcreté de la bile : on a vu plus haut, & on verra cncoi-e dans la fuite de ce chapitre , les bons elîets de la crème de tartre j fecon dément, en favo-. rifant la tranfpiraîion & les urines; en troifieme lieu , en prévenant ces re- tours de fièvre , qui foiivent rappel, lent les accès j mais outre ces avan. tages , ces acides minéraux en ont uîi ai:tre bien confidérable & de la plus grande^importance, c'aft de diminuer la fenfibiiiré des nerfs en les durcif. fanti c'eft de cette ùcan, & en abati tant une petite fièvre à laquelle on ne f;v;t pas a/fez d'attention , que j'ai fou vent vu l'efurit de foufre , oui e(ï C même que celui de vicriol , guérir de-î IsJ Qbfcivat. Cent, quart. Obf. iq 57^ BE L*EfILlPSlE. maux de nçrfs invétérés, contre leC. quels on ayoit employé tous les tonU ques & les ant'-hyftériques poJTibles. Je m'en fers fouventen même tems que de la racine de valériane , pour empêcher qu'elle n'échaurie , & je traite aduelle- ment un jeune homme de dix-neuf ans ^ à qui la combinaifon de ces deux ren^e- des paroit faire le plus grai'.d bien y il prend trois prifes de v^ileriane avant midi , & trente gouttes d'efprit de vi- triol deux heures avant fon fouper. Un Mn Desaulx, médecin delà charité» è Verfailles, il y a cinquante ans, le recommanda comme fpécifique dans cette maladie ^ & ranporce 'h ftoire de trois épileptiques , dont il attribue la guérifôn à (on ufage (/). Mr. D^ flALLLR rapporte aufTi plufieurs cas des fuc.cs de l'huile de vitriol dans la mobi- ]it.- rxceffivedes. nerFs (t^), & a bien yû que c'étoit en les endurçiifant qu'il opéroit 11 favorablement» [f] Nouvelles découverte! concernant la Jhnté B la rjialodies , pur Mr. Des AULX Icç. Pans 1727. p. 287- Ivj Ojnjjliita patholocjica i Obf. 79, ©E l'Epilepsie. 371 Article XXXL Ufage dit lait. §. 192. La néccffité d'éviter tous les alimens qui ont quelque âcreté , & de fe borner à ceux qui font les plus doux & les moins propres à irriter , indique le laie comme une nourriture très- convenable aux épileptiques , & il eft fâcheux qu'ii n'ait pas été efTayé plus fouvent j on les tounnente crueL îement en leur faifam avaler des tas de remèdes infioides & inutiles; on aigrife leur mal, en leur donnant des remèdes chauds , des élixirs , des vins niédi. cameateux, des pilules fœtides , & ea leur défendant tout ce qui pourroit les çaimer , au lieu qu'on les guénroie par la privation de tous ces remèdes & Tufage des adouculans , & fur-tout du lait. Le dodeur Cheyne eft celui qui a le plus infifté fur le régime doux dans les maux de nerfs en général , & fa belle oblervation fur Pufage àii laiî: dans ^^éniiepfie , eft plus inftru ilive que beaucoup de traités fur cette maladie* 174 ^^ LLPILEPSIE. ,, L'on ne guérit point , dit-il , fans „ une grande fobriété & beaucoup „ d'attention à éviter tous les alimens jj qui ont la moindre âcreté , & à ne ,. vivre que de ce qu'il y a de plus 33 doux ; le régime , avec un petit „ nombre de remèdes doux , a fou- jj vent mieux réulTi dans plufieurs jj cas , que tous les remèdes des phar- 53 macies enfemblc ; & l'exemple d'un j, célèbre médecin de Croyden , mort j. il n'y a pas long-tems , ell bien re- 5j marquable. Il éroit depuis long- 35 tems fujet à l'épilepfie, & il étoit ,, fouvent tombé de cheval par un 5, accès , en allant voir (es malades ; il 55 avoit épuifé tous les confeils des 5, médecins & tous les fecours de la 5^ médecine , comme je le fais dç 53 lui - même , fans en retirer aucun j, foulagementi mais il remarqua peu JJ à-peu , que plus fes alimens étoient 3j légers , plus fes accès étoient foi, j, blés , enfuite il renonça à toute „ autre boilfon que l'eau pure . & les „' accès devinrent toujours moins vio- y lens 8i plus rares ; enfin trouvant 3, par degré que la maladie diminuoit JJ à mefure qu'il lui fourniffoit moins DE l*Epilepsie. 57f 55 d'alimens, il ne vécut plus que de s, végétaux & d'eau , ce qui termina 5, entièrement fes accès : mais ce régi^ „ me étant un peu flatueux pouf lui , 5^ après plufieurs eflais, il fe fixa à deux ,, quarts' de lait de vache par jour , „ une pinte à déjeûner , une pinte à 33 fouper , & un quart à diner (x)^ „ fans poifTon , fîuis viande , Ains „ pain, en lin mot, fans quoique ce ,j foit d'autre que de Peau fraîche. „ Pendant les quatorze ans qu'il vé^ui; j, depuis ce régime , il n'éprouva au=, jj cune altération dans fa fanté , fa 5, force ou fa vigueur , excepté une ij5 fièvre d'accès qu'il diffipa très-aifé- ,5 ment 3 en mâchant un peu de kina^, 3, & il auroit vraifembîablement vécu .^ auiTi long tems & aufli bien portant ,j que CoRNARO, fi,en couchant j5 dans un lit humide , il n'avoit pas 35 gagné une pleuréfie à laquelle il ^ n'oppofa aucun fecours , perfuadé (ar) Le quart anglois eft égal à la pinte< ^e Paris, qui pef? trente deux onces, Se celle d'Angleterre fcize; ainfi deux quarts, font foixantc-quatre onces, ou quatre livres ^^ il en prehoit feize à déjeuner, feize à CQi2f pçr , trente^deux à dinçr. 37^ DE l'E P I L EP s TE. ,3 que fon régime dévoie guérir tous „ les maux, & qui le tua en peu de „ jours. Si l'on réfléchit, ajoute Mr. 53 Chlyne, que toutes les mala- 35 dies de nerfs font des branches du 35 même arbre, on comprendra par 55 cette obfervation, quels effets éton- „ nans on peut efpérer dans les maux ^ de cette efpece, d'un régime & d'u- 35 ne diette ordonnés avec fageife & „ exécutés avec courage (jv) ". J'ai employé très-fouvent le lait dans les maladies nerveufes, & dans Tcpilepiie inême, avec le plus grand fuccèsj j'en rapporte un bel exemple dans le cha- pitre des convulfions, & j'ai vu un homme pauvre & épileptiqus, à qui je ne donnai d'autre confeil que ce- lui de ne manger ni lard, ni froma- ge, & de ne boire ni vin, ni eau-de- \ie, mais de manger le foir &, le ma*, tin , une foupe au lait ou au petit lait, Si dont les accès, qui revenoient au- paravant fept ou huit fois par mois, ne font revenus que deux fois dans fept mois ; je ne doute point qu'en f/> Cheyne, en ejjay on thc _gouty, Itc. Londres 1724- page loj. DE l' E P I L E P S I E. 377 continuant ce régime, il ne fe guérilTe parfaitement, & je ne crains point de propofer i'obfervation du médecin de Crcyden, comme une reflburce à beau- coup de malades, ou abandonnés , ou fatigués inutilemçnt par des remèdes qui nuifent à leur fanté , fans foulager leur maladie. Combien n'y en a-t-iî pas qui feroient guéris, s'ils étoient misa ce régime fimple, & que des remèdes violens ou mal indiqués, ont réduit à l'état le plus trifte ? Il y a des cas dans cette maladie, comme dans d'autres maux de nerfs, où le lait d'àneffe peut être un excel- lent remède j mais il y en a auffi dans lefqueîs il nuit: cek arrive fur- tout toutes les fois que les organes de la digeftion ne font pas difpofés, comme ils doivent l'être pour le bien digérer» quand il y a des obftruélions , quand il conftipe. Se quand il y a une fup- preiîîoa des règles: j'ai vu des mala- des qui s'en font trouvés très mal, & chez qui fon ufage produifoit des aC' ces redoublés : mais un médecin éclai- ré & attentif, qui pefera exacîlement toutes les circoullances, peut prefqu® 578 D E l'Epilipsie. s'affiirer de ne l'oi donner jamais fans fuccès. Article XXXIl. Le hain froid. §. 193. Le bain froid e!l: un autre fecours qui eil du plus grand ulage dans un grand nombre de maux de nerfs, & qui a aufîî Tes avantages dans répilepfie , dans le cas où eiie paroit dépendre principalement de la mobi- lité des nerfs; ce qu'on connoit par les rymptômes de mobilité décrits ail- leurs j mais pour l'employer, il faut, 1^. qu'il n'y ait point trop de fang dans les vaifleaux, fans quoi la première imprefTion du bain feroit de le porter à la tète ; 2*. que la fenfibilité ne foit point excefiive; car dans ce cas il agi- roit comme irritant; ^*. qu'il n'y aie ni obftrudions invétérées , ni fuppura- tton , ni aucune des autres caufes qui font regardées avec raifon, comme des cjbRaclcs à fon ufage. Excepté dans ces cas-là, c'eft fans contredit un des remèdes les plus propres à redonner d« k force au genre nerveux» & à dilii- DE l'Epîlepsie. 57^ pcr cette convuîfibilité que la plus lé- gère caufe met en sdtion 8i qui produit lin accès. J'ai déjà détaillé ailleurs les avantages de ce remède; je ne me répé- terai point ici» mais j'ajouterai que je vois oduellement un homme de vingt- lix ans, qui depuis quelques mois a eu des accès fans aucune caufe apparente, qui efè frère d'un malade dont j'ai par- lé à l'article de la mobilité, & que j'a- vois guéri paries bains froids, auquel j'ai confeilîé le même remède & qui s'en trouve très-bien ; il eft malheureux fenient ferrurier, & cette profeffion efi: très-contraire à fon mal (z). C^lJus AuRELiANUs paroit déjà avoir confeillé les bains froids dans l'épilepfie fa), & Floyer qui les recommande dans fon ouvrage fur cette matière, ajoute une re^exion que j'aime à préfenter fouvent, parce que je fuis convaincu de fon importance dans le traitement de cette maladie. Puifque le vin , dit-il, (s) Les bains froids & la racine de valç., riane l'ont entièrement guéri; il y avoit plus de deux ans qu'oa aroit remarqué les pre^ fniers accès. C.ç) C'hroniçcr. Lib. i. Cap. 4. |)ag..îi»« 38o DE l'Evilepsiî. lesalimenséchaufTans, les bains chaucîs, les odeurs fortes, occafidliiient des accès d'tpiiepue, nous pouvons raifonnable- ment efpérer que les contraires, une dieîe rairaichiffante , la boiiïbn d'eau, le^ îavations froides, les préviendront {b). Floyer paroitroit dans cet en- d/oit condamner les bains tiédes que j'ai recommandé plus haut & que je crois utiles ; je dois lever cette contra- dicllon apparente. §. 194. Les eiïets des bains chauds,' des bains tiedes & des bains froids, font très-différens, &il e(l étonnant qu-e fouvent ils n'ayent pas été aflez bien appréciés par ceux qui les ordonnoienï. Le bain chaud peuc convenir quel- quefois, avec bien des attentions, dans quelques cas de maladies externes, rarement dans les internes , jamais dans répilepfie, on d>ins les autres maladies dans lefquelles on craint de porter le fang à la tète, & l'on a vu , §. ^lAa mauvais effet que produifirenc les baints fort chauds, que le maUde prie à Cau- tères (c). ^b') ■^.w^poXotxr/oc, pag. 144.. ^ (c) La Ruffie e(t le pays du monde o» Ton prend les bains les plus chauds j ce foat DE L'EpîLEPSTE. 331 Le bain tiède convient, quand il faut faciliter la traiifpiration , en humec- tant, détrempant, relâchant, quand il faut diminuer l'épaiirufement infiam- matoire dufang, quand il faut mo- dérer une petite fièvre produite par ce même épailfiflement ou par l'âcreté des humeurs , & ces cas étant très-fré- des bains de vapeurs auxquels tous les or- dres & tous les âges s'aftreignent avec la plus grande régularité. Nous frémilTons en penCmt que le thermomètre de Mr. DE Reaumur eft dans ces étuves à Toixante degrés au delfns delà glace; auffi les étran- gers qui n'y font pas accoutumes , fentent d'abord leur fang fe porter à la tête avec violence, & y pcriroienc promptement , s'ils n'avoient pas la force d'en fortir, comme cela manqua d'arriver à Mr. l'abbé Ghappe d' /iuteroche^ & à fon domeftique, k Soli- kams'caïa; cependant cet habile phyficiea les croit nécefiaires à un peuple chez qui le froid continuellement rigoureux , & le peu de mouvement qui en t^ft la fuite, arrêtent abfolument la tranTpiration , & qui fe preCerve du fcorbut & des maladies rhu- mathifmales par le fecours de ces étuves. Voyages en Syhe'rie ^ Tom, I. pag. ço. Mais je fuis perfuadé qu'H y auroit d'autres moyens moins dangereux d'opérer le mê- me effet, & que ces bains font vraiment nuifibles. gga DE l'Epîlepsîe, quensjily a une multitude de cir- conftances dans lerqueiies ils font très, bien ; mais ces cas font peut-être plus rares dans les pays du nord qu'ailleurs, & plus fréquens dans les pays chauds , où les bains tiedes doivent fouvenC être néceiîaires & opérer les plus grands elïets. Le baitî fioid , comme on l'a vu , a au contraire plufieurs etFets oppofés, & réulfit admirablement dans des cir- conftances ditférentesj & ces circonf- tances fe préfentent vraifemblablement plus fouvenc dans les pays où la pu* tridité des humeurs & le relâchement des folides font fréquens, & les mala- dies vraiment inflammatoires rares* que dans ceux où les conditutions font différentes,- mais quoique certains pays offrent plus de cas d'une efpece que d'autres, il n'y en a point dans les îdones temoérées où il ne s'en trouve de toute efpece i les variétés des épilep- fies font de tous les pays , & dans tous les pays, il y en a par-là même qui peu- vent exiger les bains froids, d'autreâ qui exigent les tiedes. §. 19^. Importc-t-il, dira -t- on, ^uaiid on prend les bains froids, dô DE l'Epîlspsîs. 383 plonger la tète la première '< Cette idée eft généralement répandue, elle e(b fondée fur les confeils de très-grands niédecins, & ils ont cru puifer cette idée dans les régies de la mécbanique du corps humiin. Si l'on plonge tout: le corps, ont-ils dit, fans plonger la tête, l'adrtridtoii que fait le froid fuc toute la furface àw corps, doit poulfer plus de fang dans les vailfeaux de la tète qui ne participent pjint à ce ref- ierrement, & cette furcharge peut être dangereufe,- pour la prévenir , il faut plonger la tête la première j mais malheureufemsnt il y à dans ce rai-» fonnement une erreur confîdérable j c'ell que l'on n'a point fait aitentioa que les vailfeaux qui portent le fang au cerveau , cSc qui font renfermés dans une boite olfeufe, ne participoient poinc à cette adltriélion , qu'elle ne porte que fur les vailfeaux externes de la tète, & que cette compreiîîon des vailfeaux externes, bien loin d'être utile, nuic de deux façons, i*. parce que non- feulement cette adftridion empêche qu'ils ne prêtent à recevoir une par» tie de ce fang furabondant, déter- miné daas les carotides, qui alors fe j'B4 ï>E l'Efilepsie. porte tout aux internes-, mais auffi , %\ parce qu'ils en reçoivent moins que de coutume, & que cette diminu- tion eft une augmentation à celui des vaiiîeaux internes; aulTi il ne but ja- mais commencer par la tête {,à)y d'autant plus que cela ne peut point fe faire fans la mettre dans une attitu- de plus propre à y déterminer le iang qu'a l'en détourner. Le feul avantage qu'il y ait à la baigner, n'eft que ce- lui qu'on retire de la laver à l eau froide, & l'ablution eft aulTi utile que l'immcrfion: ceux qui ont la tète raies peuvent la baigner toute entières ceux qui portent leurs cheveux, les envelop- pent fous un bonnet de tafetas cire, qu'une attache à coulant, joint exadte- m(^nt autour de la tète, afin qu'ils ne fe mouillent pointi & alors ils fe bai- gnent jufques au fommet du tront 6c au haut de la nuque. (rf^ Quoique la généralité des médecins s'accorde à prefcrire de commencer par a tête, je me fouviens cependant d avoir lu le confeii contraire, mais fans me rappeU 1er où. ">':> DE L' E P I L E P S 1 E. ô6j Je dois aux bains tiedes principale- metit, au régime & à la crème de tar- tre, la cure d'un jeune homine de trei- ze ans, dont je n'ofai point promet- tre d'abord la guérifon. Cette obferva- tion a quelques circonftances inftruc- tives. Qijoiqu'il fut né très-bien por- •tant, deparens très-fains, & n'eût eu aucune maladie, il étoit bilieux & ianguin, & avoit des accidens qui dé- notoient un vice dans fa conftitution : i^.il devenoit quelquefois tout-à-coup, & fans aucune raifon apparente, cha- grin, rétif. Se Cl colère qu'il paroiffoic en fureur; 2^. fans aucune caufe exter- ne, il étoit de tems en tems frappé d'u- ne terreur fubite, & fe croyoit dans ie plus grand danger; fon imagination étoit: même fi égarée dans ces momens, qu'il méconnoillbit les perfonnes qui lui étoient les plus familières , & les prenoic pour autant de fpedres & d'ennemis; 5^^. pendant ces accès, il avoit le vifage rouge, la prunelle plus dilatée, lepoulx ferré & fréquent; cet état ne duroit que quelques minutes, &le laiifoit dans la triftelfe; 40. on lui donna les anti-fpaf- modiques chauds les plus adits, qui rendirent fon état plus fîcheux, & le R *giS DE L'EpILEPSIE. changèrent en véritables accès épiiepti- ques, pouï lefquels on me confulta, & quiavoicnt fenfiblement aitoibli Ta mé- moire; unefaignée avoit fait voir que fon fang étoit ibrt enflammé. La den- fité des' humeurs, la roicleur des fon- des, & fur-tout Fâcreté de la bile me parut lacaufe de cet état; je le rédui— lis à ne prendre pour toute viande qu'un peu de poulet, mais à vivre unique- ment de végétaux , à éviter les apparte- incns chauds , à ne boire que de Teau, à prendre long-tems les bains tiedes, à faire un très-long ufage de petit lait & de crème détartre, & fur- tout à éviter îîbfolument tous les remèdes qu'on ap- pelle anii-épileptiqnes. Il fuivit réguliè- rement ces diredions qui amendèrent promptement fon étatj peu-à-peu tous les acciaens ont difparu, les accès ne font pas revenus, & fa fan té s'efl: ex- trêmement fortifiée. L'on fentaifément qu'en continuant l'ufage des anti-épi- ieptiques,on auroit toujours rendu l'é- tat du malade plus fâcheux. DE l'EpILEPSIE. 3S7 Article XXXIIL Les cautcres ^ les véficatoiref. $. is6. Le dernier remède dont il me refte à parler, c'eft les cauflics ou cautères & les fêtons. Je n'examinerai point ici la façon d'agir de ce genre de remèdes connus dans quelques endroits fous le nom d'ilfues, fontaines, &c. je me borne à remarquer qu'on en a obfervé fouvent les bons effets; !)§. logo. Tome 3. page 451. DE l'Epilepsie. 397 folument nulle, ainfi toutes les irri- tations n'opèrent rien du touti Celse l'avoit déjà vu, & les parFums féti- des font dangereux i CffiLius Au- RELIANUS en a déjà averti. On les avoit introduit dans l'efpérance de faire éternuer, ce qu'on regardoit com- me très-avantageux, parce que l'on croyoit que l'épilepfie étoit l'effet d'u- ne fecouife que le cerveau fe donnoit pour fe débarrafler des mauvaifes hu- meurs qui l'irritoient : mais fans par- ler de la fauifeté de cette idée, l'éter- nuement feroit très-dangereux, com- me ce même Cjelius Aurelia- îîus l'avoit déjà dit {q). Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à fe rappeller que ce mouvement commence par une fufpenfion dans la refpiration qui (<7) De morbis chronic. L. i. Cap. 4» Valsalva blâmoit auffi beaucoup cet ufa- ge , & croyoit que généralement on devoit très- rarement ou jamnis employer l'éternue- nient comme un remède; il n'approuvoit pas non plus Tufage de la plupart des fpiri- tueux volatils appliqués aux narines. MoR- GAGNI, Ep. 9. §. 6. Mr. VAN SWIETEM a aulTi indiqué le danger de cette prati- que, qu'un médecin fenfé doit abfolumenï interdire. 398 DE l' E P I L E p s I E. accumule le fang dans les vaiiTeaux de la ïèce où il y en a déjà trop, & que cette augmentation feroit très- dangereufe , que d'ailleurs l'cternue- ment même (-(t une convulfion qui n'eft point propre à en faire ceiîer d'autres. §. 200. Les friclions huilcufes font un remède abfolument oppofé à l'é- ternucment ; & Mr. MoRGAGNi parle d'un épileptique qui étoit foigné par Mr. Albertini, &à qui ce grand praticien avoit confeillé de faire frotter l'épine du dos pendant l'accès, avec de l'huile d'amande chaude; ce qui lui faifoit toujours beaucoup de bien. Il eft rare que ce remède puiffc avoir lieu dans l'épilepfiej mais com- me on l'a vu , il eft très-utile dans plufieurs cas de convulfions. §. 201. Les anciens qui voy oient Tengorgcment du cerveau & dont la conduite étoit dirigée par l'obferva- tion, confeilloient la faignée dans l'ac- cès. Quand le fyftème dont je viens de parler, fut introduit, & qu'on regarda l'épilepfie comme un combat du cer- veau pour chaiTer l'humeur acre, on DE l'Epilepsie. 399 la(3efendit (r), crainte que la nature affoiblie ne put pas le dcbarralTer de fou ennemi, & que le malade ne fuc- conibât. Cette Faulfe crainte ne mé- rite aucune attention,- l'on peut fans rifque ouvrir la veine dans l'accès & faire une très-forte faignée, quand les fymptômes de l'accès, la force & la dureté du poulx prouvent qu'il y a pléthore; mais outre que cela eft très- difficile, fouvent impolfible & peut devenir dangereux par la difficulté d'atfujettir un membre, cela feroit très-fouvent infructueux; il furvienc fouvent des hémorragies par les nari- nes qui ne foulagent point l'accès (^)> on ne doit pas mieux efpérer, pas mê- me autant, des faignées; cependant dans le cas où elle paroîtroit très-pref- fante, on devroit, je crois, fe déter- miner fur le champ à faire ouvrir une des jugulaires oui font ordinairement très -apparentes.' La faignée peut en- core être indifpcnfablement nécelfairc fur la fin de Facces, quand les convul- (r) Sensf.RT, Lib. Part. 2. Cap. 31. Q.ua:ft. 6. ( s ) BoERiiAAVE de moibis nervor* p3g. 8 il. 400 DE l'Epilepsie. fions finilfent, & que les fyrriDtômes delà pléthore du cerveau fubfifknt & font craindre un cngorgenienc apo- pledique. §. 202. Quand l'accès efl fini, (i le malade eft foible, abatcu, angoilîe, aflbupi, le njcTiieur remède c'efl: une très-grande tranquillité, de petites tafTes d'eau fraiche fréquemment, un lave- ment d'eau tiède; & enfuite quand ils font revenus, quelques diftraclions agréables qui les étourdiifent fur leur mal, dont ils font quelquefois très-aife:- tes pendant les premières heures après l'accès. On peut même donner, quand il n'y a que de l'abattement fans irrita- tion, de légers cordiaux, comme de l'eau de mélifle avec un peu de liqueur minérale anodine, deM'eau de fleur d'orange, ou quelqu'autre mélange analogue. Les fpiritueux que d'habiles médecins confeillent, meparoiifent bien adifs, 8c j'ai vu l'accès récidiver pour avoir feulement flairé l'efprit volatil de fel ammoniac. DE L'EpILEPSIE. 401 Article XXXV. Traitement dts fuîtes de répiiepJJe. §. 20^. J'ai parlé plus haut de ce qu'on devoit faire d'abord après l'ac- cès j il me refte un mot à dire des moyens de remédier aux fuites fàcheu- fes que cette maladie lailTe , dont j'ai donné l'hiftoire, article 14, & que j'ai divifées en morales & en phyfjq^ues. Les fuites morales font railùibliffe- menc de la mémoire & des autres fa- cultés, il dépend de celui que les dif- férentes parties du cerveau éprouvent j ainfi l'indication que préfente cet état, c'eft de fortifier ces parties; le tems eft ici le plus grand remède; & quand l'échec que le cerveau a re<;u n'eft pas incurable, fes forces fe relèvent à me- fure que la guérifon avance. Quant aux autres fecours, on fuivra les di- redions qu'on trouve dans les endroits de cet ouvrage , où je me fuis occupé plus particulièrement de cet aiFoiblilîe- ment des facultés. Les fuites phyfiques font, 1°. l'af- foibliirement du genre nerveux dans 402 DE l'EpiLSPSIE. toutes fes branches, la mobilité ouïes autres eiïeis qui en font la fuite; 2^. les diiférens défordres occafionnés par la violence des convulGons, tels que Tamputatioa de la langue, les fraclu- res de dents, les luxations, les contu- fions, les épanchemens de fang, les hémorragies. L'on a vu plus haut les moyens de remédier à raifoibliircment du genis nerveux,' & les efîcts de la féconde claife doivent fc traiter, quand i:s font Teifet de l'épilcpfie, comme quand ils dépendent de quelqu'autre caule, en faifant cependant toujours attention dans le traitement, lorfqu'il eft nécel- faire d'en faire un , ce qui eli: rare , qu'on traite des malades épileptiques : l'amputacion de la langue exige quel- quefois ncceiïàirement les futures ; TURNER rapporte un exemple qui le prouve cémonlbativement. La lan- gue avoit été amputée de façon qu'el- le ne tenoit que par un filet à chacun de fes bords, on fit des futures, & trois jours après l'accident, ces filets qui avoient écé fort meurtris , tombèrent en fuppuration; fans les futures, la lan- gue fe feroit entieremenc détachée à DE L' E P I L E P S I E." 4^3 cette époque, au lieu que par leur rxioyen le inaïade recouvra pariaicemene cet organe. Article XXXVL Epilepfis feinte. S. 204. Voilà tout ce que je con- nois de pluselïentiel à dire fur l'épilep- fîe, je ir ajouterai qu'un mot fur cette maladie iimuîée. L'efprit humain s'efi: nvifé de tou- tes les fourberies polTibles, & plus d'une fois des fcélerats ont afteélc de certaines maladies pour fe fouftraire à la peine du travail , fe faire exemp- ter de quelques punitions, ou infpirer la pitié,- répilepfic e(l une de celles qu'on a le plus fouvent voulu aifecler, parce, fans doute, que l'effroi qu'elle infpire, fait qu'on a plus de pitié pour ceux qui en font atteints i peut-être auffi, parce qu'elle n'exige qu'une re- préfentation momentanée, & qu'après faccès, il eft permis de fe porter à mer- veille. ., „ Une jeune fille, dit Mr. de ,j H A E N , qui a ouï dire que le ma- i: 404 DE ,L' E P I L E P s I E. „ riage a quelquefois guéri répilepfie , 55 jûue cette maladie pour qu'on la 5j marie; un moine parefieux & friand ,5 en fait autant, pour fe difpenfer des ,3 auftérités du couvent; de jeunes ,j gens pour fe fou tir aire aux écoles; ,5 & il eft fouvent très-difficile de dé- j, couvrir la fourberie,,. Je ne puis rien faire de mieux que de rapporter les obftrvations de cet habile praticien, & une de Mr. de Sauvages. §. 20^. Le premier , ayant été con- fuité par la mère d'une jeune fille , qui avoic d'abord été fourde, & qui, quand la furdité fut guérie, devint épilepti- que, la ht venir dans fon hôpital pour être plus à portée de l'examiner. Les accès qui ne revenoient d'abord que deux ou trois fois par jour, revenoient alors toutes les heures; Mr. DE Haen en vit un qui relTembloit parfaitement à un accès nature) , & les pouces étoient Ci ferrés qu'il pouvoit à peine les entr'ouvrir; les yeux étoient horri- blement agités; il conçut cependant du foupçon , 1°. fur ce que quand elle ouvroit les yeux, c'étoit comme dans l'état naturel; 2°. fur ce que le pou'x ïi'étoît prefque point change j 3^. fur DE l'EpILEPSIE. 40- ce que la prunelle Te diîatoit, quand on fermoit les rideaux du lit, & fe reiîer- roit, quand on les ouvuoif, 4*^. Tur ce que Cl on approchoit une chandelie des yeux, les prunelles fe contradoient très-vivement, & la malade tournoit la tète pour éviter la douleur. îl ordon- na à un garde de la fortir du lit, & de lui donner des coups de bâton, fi elle tomboit; ce remède la guérit radica- kment, & elle avoua que la furdité & répilcplie étoient des maladies Fein- tes pour ne pas alleu en fervice. Un jeune homme, dans le même hôpital, éroit encore meilleur même; l'accès étoit accompagné .d'un hoquet très-violent & les convulfions du bas- ventre étoieiit terribles; Mr. DE Ha EN ayant cependant quelques Ibupqons, le fit enfermer dms une chambre où il pouvoir être épié; aulTi long-tems qu'il fe croyoit feul , il fe portoit à merveille , les accès ne le pre- noient que quand il y avoit du monde, & même ils diminuoient, fi l'on paroiC- foit ne pas le regarder. Convaincu de fourberie, il avoua qu'il avoit voulu par-là éviter l'apprentilfage de char- 4^5 DS l'Epîlepsïe. pentier & refler dans la maifon pater- nelle. $. 206, En les irritant fortement, en les brûlant même s'il le faut, on découvre ordinairement la fourberie, parce qu'il eft beaucoup plus aifé d'i- miter des mouvements extraordinai- res que de dilFimuler la douleur. Mr. DE Ha EN cite cependant une fem- me de vingt ans, qui avoit foutenu répreuve du feu & qui portoit encore les cicatrices de trois brûlures confidé- rabies qu'un chirurgien lui avoit fait pour découvrir l'impolhire, s'il y en avoit, fans que cela eût pu la forcer à fe démafqueri mais étant détenue en prifon pour meurtre, elle avoua naturellement fa fourberie, & imita (î bien l'accès devant Mrs. van Swie- TEN, DE Haën, & plufieurs autres médecins, qu'ils crurent que fes accès de commande étoient devenus réels (t). Une jeune fille de fept ans, contrc- faifoit (i parfaitement cette maladie, à riiôpital général de Montpellier, que perfunne ne doutoit de fa réalité, (O Uatio nicdcnd. Pars. 5. Cap. 4. §. ç. DE l'EpILEPSIE. 407 mais Mr. de Sauvages ayant pris de la défiance, lui demanda (i elle ne fentoit pas un vent qui paiToic de la main' à l'épaule, & de l'épaule à la cuiire, elle répondic que ouij cette réponfe déceloit la coquinerie; il or- donna qu'on la fouettât ; elle fut gué- rie (il): & j'ai vu un jeune garçon qui contrefaifant une paralyfie de la langue, après avoir fait une fottife , allatma prodigieufement fes parens j j'avois été dupe, quelques momens , d'un cas à-peu près femblable quelques années auparavant; je ne doutai pas que celui-ci ne fut une efpiéglerie de la même efpecei j'ordonnai pour dé- gnger la langue de fouetter le haut des épaules avec des orties jufqu'à ce qu'el- les enflairent, le petit drôle foutint bien Ton rolle, il laitfa cueillir les orties, & ne recouvra la parole que quand elles arrivèrent; Se Mr. DE H A EN rappelle un fait afîez connu, c'eft celui de ce mendiant de Paris, qui tomboit épileptique en rue; on donna ordre qu'il y eût auprès du lieu (u) 'Nofolo^gia Mrthodlca , ClalT. 4. Ar, If. Tom. 1. pag. 582. aCS r>E l'Ep I LEPSIE. qu'il habitoit, un lit de paille, où l'on put le jetter dès qu'il prendroit l'accès, pour ne fe pas faire du mal; l'accès vint , on le mit fur le lit; mais dès qu'il y fut, on approcha du feu des quatre coins, &. le fcélerat s'en- fuit comme un éclair. De tout cela on doit conclure, que pour s'aiîurer fî une épileplîe eft feinte , il faut, I*?. examiner attentivement li rien ne peut en avoir produit une véritable; 2*^. fi le fujet peut avoir quelques fu- jets de la feindre; 3*^. obferver fi tous les fymptômes font bien fcmblables à ceux qui caracbérifent l'épilepfie natu- relle; 4*^. expofer les malades à quel- ques douleurs ou à quel(|ucs grands dan- gers; (1 le mal eltvrai, ils ne fentent pas la douleur & ils n'appercoivent pas le danger^ s'il ell feint, quel ménage- ment doit-on à des miférables capables d'une fourberie aulîi indigne , & qui eft d'autant plus étonnante, que tous ceux qui ont le malheur d'être attaqués de cette maladie, en font défolés & attachent à ce mal une fauife honte, x[uï fait qu'ils ne négligent rien pour le cacher, & qu'ils donnent dijférens iiorHS à leur mal pour le déguifer aux autres , DE l'EpILEPSIE. 439 autres, quelquefois peut-être à eux-mè- ines? ce qui fournit un cinquième moyen ^our dilHjîguer les foux épileptiqu^^s , qui font beaucoup de bruit de leur ma- ladie, des véritables, qui ordinairement cherchent à la cacher , fondés fans dou- te fur ce qu'on la craint généralement & qu'on redoute d'en voir les accès. §. 207. Cette petiteiTe du public tire fon origine de cette antique fuperfti, tion , qui ignorant les véritables eau- Tes de cette maladie , l'attribuoit à un acle particulier de la colère célefte , & regardoit un accès d'épilepfie dans une allèmblée publique , comme un figne de l'improbation des dieux; ce qui la faifoit rompre fur -le -champ, & ren- doit les infortunés épileptiques en quel- que façon , Tobjet de l'exécration pu- blique. Les lumières qu'on a acquis depuis le tems des comices , auroient dû efficer jufques aux meindres traces de ce barbare préjugé qui a des fuites Facheufes. Si Ton témoignoit moins d'éloignement pour ce mal , ceux qui en font attaqués , perdroient cette hor- reur qu'ils en ont , & qui empoiibn- mnt leur bonheur & irritant toujours S 4TO DE l'Epi LE p SI E. les nerfs, ne contribue pas peu à l'en- tretenir & a l'augmenter. L'épilepfie ell: plus facheiife pour le malade que bien d'autres maladies , mais elle n'a rien de plus fâcheux pour les ailiftans; c'eft un fpectacle trifte que celui d'un accès; mais il n'eft eifrayant qu'autant que la prévention le rend tel-, on en prend peur la première fois qu'on en entend prononcer le nom , on s'en effraye toute fa vie {luis en avoir vu, & ileft cependant vrai qu'il n y a point de maladie moins dou- loureufe pour le malade & moins dan- gereufe pour un fpedateur , qui la confidérant de flmg froid, n'y verroit qu'un homme privé du fentiment , dont les mufcles font mus avec ^une force, une vîtefle & une variété éton- nante , & ne feroit pas expofé par- là même aux influences qui font le produit d'une imagination erronée. On ne féqueftreroit plus alors ces in- fortunés , comme on ne le fut que trop , on ne les relégueroit plus , comme on le faifoit autrefois , dans des maifons de gens qui ne s'en chargeant que pour bénéficier fur la penfion , les traitoient ordinairement très-durement & ne cou- DE L'EpILEPSIE. 411 tribiioient pas peu à augmenter le mal. L'ennui de la folitude , le chagrin de l'abandon , pourroient feuls occafion- îier la maladie ; combien ne doivent- ils pas l'accroître ? Il me femble qu'heu- reufement l'on revient peu-à-peu à une manière de penfer plus jufte & plus humaine , que l'on n'attache plus de honte à une maladie aufTi peu faite pour en infpirer qu'un rhume ou la fièvre tierce, & j'efpere que bientôt elle ne fera plus un objet de myftere , ni de dédain , mais feulement de pitié , comme toutes les autres. Article XXXVIT. RÉCAPITULATION, §. 20S. J'ai cru ne devoir rien omet- tre de ce qui pouvoit fervir à répan- dre quelque jour fur le traitement d'u- ne maladie aulîi grave & aulîî fréquen- te que l'épilepfîe ; cela m'a obligé à réu- nir une multitude d'obfervations qui ont rendu ce chapitre extrêmement long; & cette longueur pouvant em- pçcher plufîeurs ledeurs d'en faifir exactement i'eufemble , il ne fera peut- S 2. 413 DE l'Epilepsie. être pas inutile de rappeller ici ,eii peu de mots, fous un petit nombre d'arti- cles, les principaux objets qui doivent fcer l'attention. I. L'épilepfie dépend toujours de la ceilation de Tadion des nerfs fentans , & de l'augmentation de celle des nerfs mouvansi par-là même il y a toujours perte totale de fentiment, & convulfioii ou fpafme dans pluiieurs, ou feulement dans quelques mufcles. IL Les accès varient non-feulement beaucoup en durée, mais auffi dans leurs phénomènes , fuivant que l'irri- tation fe porte à plus ou moins de mui- des, & à ditférens mufcles, ^ ^ m. L'accès eft quelquefois préfige par différens fymptômes qui déno- tent ou un commencement d'embarras dans la tète , ou un commencement d'irritation dans les parties éloignées , & dans ce cas on peut quelquefois fup- primer l'accès par une forte ligature au-delTus de l'endroit où l'irritation commence. IV. Comme le cerveau, les nerfs & les mufcles font très-fatigués pen- dant l'accès , s'ils fe répètent fouvent , iJs altèrent les fondions du cerveau , ï)E l'Epilepsïë. 4t^ afFoiKlifîent la mémoire , jettent daii^ rimbécijîité , prociiiifent des maux de nerfs, détruifeiit les digeftions , laif- fent dans ime foiblefTe générale , & font éclorre d'autres maux qui font uns ■ fuite de ces premiers. V. Qiielquefois l'épilepfie fuccede à d'autres maladies i d'autres fois elle ceife & produit une maladie dilîerente j j'ai vu tout récemment un malade chez lequel cette marche étoit très - mar- quée : le dérangement de fa fanté avoit commencé à l'âge- de quinze ans , par de fortes migraines ; bientôt il s'y joignit un autre accident, qu'on a,- pelJa vertige , ninis qLii étoit réellement épilepfie, puifque le malade fe fentôic tout- à -coup la tète e-^barraffée , & perdoit un inftant la co^i-.oiirance avec une très-légère convulilon ; .le mal de- venant plus long & plus fort , il eut , il y a deux ans , des accès d'épileplîe les plus marqués , qui ont dégénéré en foiblelfe totale des nerfs moteurs , de façon que l'aclion de tous fes muf- cles eft confuiérablement gênée & af- foibliei il parle, mâche , avale , mar- che très-péniblement & très-mal ; l'u- %e de fes^ bras n'eft pas plus facile, fa; S5 414 ï^E l'Epilepsïe. mémoire a beaucoup fouffert, les au- très facultés ne paroiirent pas ienlible- meiit endommagées. VI. Cette maladie eft produite par tout ce qui peut irriter alTez les nerfs pour faire entrer le cerveau en con- vulfion , & ces caufes font ce qu on r.ppelle les caufes proaitartiqner, mais la difpofition d'un cerveau plus lul- ceptible de convulfion qu'il ne devroit l^ètre dans l'état de parfldte fante , eit ce qui s'appelle caufe proégumene. "^/II. Ces caufes procatartiques ont leur liège ou dans la tète , & agiifent immédiatement fur le cerveau j on les appelle iâiopaîhiques i ou dans quel- ques parties éloignées , foit internes , ioit externes i on- les appelle fympathi- ques , & il y en a un grand nombre î elles -réfident ou dans les folides ou dans les fluides. ^ VIII. Les humeurs acres portées lur le cerveau , font une des caufes qui le plus fouvent produifent cet elïet i ^ on a vu plus haut une épilepfie fuccéder à une galle repercutée , cela eft^ ordi- naire après les dartres : j'ai vu un malade chez qui l'humeur de la goutte produifit , entre une foule d'autres DE l'EpIL EP SIE. 41 ) maux, trois accès véritablement épi- lepoques. IX. Ces caufes procatartiques font elles-mêmes mifes en action par les caufes accidentelles qui fe tirent des variations perpétuelles dans les iîx: chofes non -naturelles. La trop grande fobriété même nuit; on a vu un hom- me d'ailleurs très-bien portant , avoir deux accès d'épilepfie en fi vie ,